Simon a repéré quelque 500 polars écrits en anglais et mettant en jeu le Moyen-Orient. Certains d'entre eux, le manteau vert de John Buchan,[ Paris, Editions Gallimard, 1964 (NDLT)], La petite fille au tambour de Le Carré sont célèbres ; d'autres sont à juste titre peu connus, rempli de stéréotypes grossiers(«leurs visages fuyants, basanés les faisaient immédiatement identifier comme Arabes ») et d'intrigues absurdes (Cobalt 60 de Richard Graves raconte l'histoire d'un émir de la mer Rouge qui se déguise en photographe allemand et tente de tuer des dirigeants américains en lançant des trombones radioactives sur eux; les tueurs de la Casbah de Nick Carter traite d'un plan berbère, soutenu par les communistes chinois, pour envahir l'Europe par un tunnel sous Gibraltar).
Avec talent et sens de l'humour, Simon met en évidence les principales caractéristiques des thrillers (leur intrigue, leurs héros, leurs méchants) et en tire un certain nombre de conclusions sur les attitudes britanniques et américaines envers le Moyen-Orient. Comme il sied à une historienne, elle montre aussi comment ces attitudes ont évolué depuis la Première Guerre mondiale
Certaines constantes se dégagent: les anglophones s'intéressent au Moyen-Orient dans la mesure où cela les touche; malgré des décennies d'efforts, le racisme reste profondément ancré dans la mentalité populaire, et la peur de la résurgence de l'islam a une force spéciale car elle renvoie à plusieurs siècles de souvenirs – quoique la nature de la menace ait changé de nature, passant d'une menace militaire à une menace économique. Ce n'est pas une belle image, pour sûr, mais dans la mesure où les attitudes populaires influencent la politique, cela doit être pris en compte par les politiciens.