Le temps est venu d'adopter de nouvelles idées afin de mettre au rebut ce conflit israélo-palestinien aussi ancien que dépassé.
Alors que les Arabes sont absorbés par d'autres questions telles que le dossier nucléaire iranien, les guerres civiles en Libye, au Yémen, en Syrie et en Irak, la dérive du régime turc, le réveil islamiste et les pénuries d'eau, les tabous éculés de l'antisionisme ont perdu beaucoup de leur force. Un État d'Israël fort et prospère a perdu espoir en un « processus de paix » qui dure depuis des décennies. Le cowboy de la Maison Blanche semble rompre avec la tradition. Par ailleurs la dérive antisémite de la gauche en général, comme le montre l'exemple de Jeremy Corbyn du parti travailliste en Grande-Bretagne, est un indicateur supplémentaire de l'urgence de la situation car quand ce dernier finira par accéder au pouvoir, les conséquences pour Israël seront catastrophiques.
La sagesse populaire soutient que le conflit israélo-arabe ne prendra fin qu'une fois que les revendications palestiniennes seront satisfaites dans une proportion suffisante pour que les Palestiniens acceptent l'État juif d'Israël. Ce paradigme est demeuré pratiquement inchangé depuis les accords d'Oslo signés en septembre 1993. Pourtant, les 25 années qui ont passé depuis montrent à l'évidence qu'un nombre écrasant de Palestiniens (que j'estime à 80 % en m'appuyant sur des études universitaires et des données statistiques étalées sur un siècle) n'aspire pas à une coexistence pacifique avec Israël mais bien à l'élimination brutale de cette « entité sioniste ». Avec un tel état d'esprit, il n'est pas du tout surprenant que chacune des phases de négociations menées à grands renforts médiatiques ait fini par échouer.
Vladimir Jabotinsky |
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Pour comprendre la situation actuelle, il faut remonter au lendemain de la Première Guerre mondiale et à l'apparition sur la scène politique de Hajj Amin Al-Husseini, le premier dirigeant palestinien de l'ère contemporaine. C'est lui qui est à l'origine de la politique du rejet et du refus absolu de la moindre présence juive dans ce qui était alors le mandat britannique de Palestine. Un siècle plus tard, la politique du rejet demeure le courant dominant au sein de la société palestinienne. Les différences politiques sont plutôt d'ordre tactique : est-il préférable d'éliminer Israël en négociant avec les Israéliens et en tirant profit d'eux ou de s'en tenir à la ligne du rejet pur et simple ? L'Autorité palestinienne recourt à la première tactique, le Hamas à la seconde.
Pendant 75 ans, soit de 1918 à 1993, la communauté juive vivant dans ce qui est aujourd'hui Israël a répondu à la politique du rejet par celle de la dissuasion consistant à empêcher une quelconque agression ennemie en brandissant la menace de représailles implacables. Bien qu'imparfaitement appliquée, la dissuasion a permis à Israël de passer du statut de proie potentielle en 1948 à celui de puissance militaire en 1993. Il est vrai que, même si Israël est devenu un pays démocratique, innovant, riche et puissant, les fondamentaux sont restés en place. Les idéologies, les tactiques, les stratégies et les acteurs ont changé au gré des guerres et des traités mais la politique palestinienne du rejet est invariablement demeurée une constante.
Frustrée face au caractère lent et passif de la dissuasion la population israélienne impatiente a opté en 1993 pour une solution immédiate avec les Palestiniens. Dans le cadre des accords d'Oslo, les deux parties se sont engagées mutuellement sur ce qu'elles souhaitaient le plus : la reconnaissance et la sécurité pour les Israéliens, la dignité et l'autonomie pour les Palestiniens.
Pressés de mettre fin au conflit, les Israéliens ont toutefois commis en ce matin d'été dans les jardins de la Maison Blanche, trois erreurs lourdes de conséquences : 1) Accorder à Yasser Arafat, dirigeant d'une organisation non-reconnue, dictatoriale et criminelle, la parité diplomatique avec Yitzhak Rabin, Premier ministre d'un État démocratique et souverain. 2) Croire Arafat quand celui-ci prétendait reconnaître Israël alors qu'en réalité, il a toujours cherché (lui et ses successeurs) à éliminer Israël, un projet désormais conforté par le contrôle de deux morceaux de territoires, à savoir la Cisjordanie et Gaza. 3) Faire des concessions en entretenant l'illusion que les guerres prennent fin grâce à la bienveillance alors que les concessions ont eu en réalité l'effet contraire à savoir la manifestation d'une faiblesse qui n'a fait qu'accroître l'hostilité palestinienne. Ces erreurs ont eu le malheur de transformer un hypothétique « processus de paix » en « processus de guerre » contreproductif.
La rencontre du 15 septembre 2010 à Jérusalem entre Netanyahou (à gauche) et Abbas n'était pas une bonne idée. |
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Comment sortir de cette impasse vieille de 25 ans ?
L'étude de l'histoire montre que les guerres se terminent généralement non pas au terme de négociations mais bien par la défaite et la victoire. Selon Victor Hanson, spécialiste de l'histoire militaire, « Dans l'histoire, les conflits ont tendance à se répéter quand l'ennemi n'est ni complètement défait ni contraint à se soumettre aux conditions politiques du vainqueur. » La défaite se traduit par l'abandon de toute ambition guerrière. La victoire se traduit par la capacité à imposer sa volonté à l'ennemi.
Il s'agit là d'une vérité élémentaire et universelle que les Palestiniens ont bien comprise. En juillet 2017, le Fatah a déclaré que la « campagne pour Jérusalem a effectivement commencé et ne s'arrêtera pas avant la victoire palestinienne et la libération des lieux saints de l'occupation israélienne. » Ils ne sont pas les seuls : les penseurs et les chefs de guerre de toutes les époques s'accordent sur le fait que la victoire est l'objectif de la guerre. Ainsi le stratège chinois de l'Antiquité Sun Tzu écrivait : « Que votre plus grand objectif soit la victoire ». Le général américain Douglas MacArthur déclarait : « Il est mortel d'entrer dans une guerre sans avoir la volonté de la gagner. » La victoire est un objectif humain qui va de soi et que seuls certains contemporains ultrasophistiqués semblent avoir perdu de vue.
Le général Douglas MacArthur à Manille, aux Philippines, en 1945. |
C'est pourquoi afin d'obtenir la reconnaissance de la part des Palestiniens, Israël doit revenir à son ancienne politique de la dissuasion consistant à sanctionner sévèrement les Palestiniens quand ceux-ci commettent une agression. À titre d'exemple, quand en juillet 2017 trois membres d'une même famille ont été assassinés alors qu'ils s'apprêtaient à dîner un soir de Sabbat dans la petite ville israélienne de Halamish en Cisjordanie, Israël aurait dû riposter par la construction de nouveaux bâtiments à Halamish et par l'extension de ses frontières.
Voilà en quoi consiste la dissuasion. Bien plus que les méthodes fortes déjà employées par les gouvernements israéliens successifs, la dissuasion passe par la mise en œuvre de politiques cohérentes visant à briser l'idéologie du rejet et à inciter les Palestiniens à reconnaître Israël. Cela implique une stratégie d'écrasement des ambitions irrédentistes palestiniennes de sorte à ce qu'enfin ils arrêtent de diaboliser des Israéliens, reconnaissent les liens historiques qu'entretiennent les Juifs avec Jérusalem, « normalisent » leurs relations avec Israël, ferment les usines à suicide et arrêtent complètement la machine de guerre. Ce processus ne sera ni facile, ni rapide : il exige pour les Palestiniens de subir l'épreuve amère de la défaite et de ses corollaires que sont la dépossession, la destruction et le désespoir. Il faudra malheureusement passer par-là.
Un changement d'attitude ne consiste pas seulement à s'abstenir de toute violence à l'encontre d'Israël mais aussi à cesser complètement et partout, depuis les Nations unies jusqu'aux campus universitaires, la campagne palestinienne de délégitimation d'Israël.
Si la défaite palestinienne est une bonne chose pour Israël, elle est – ironie du sort – encore plus bénéfique pour les Palestiniens qui seront finalement libérés des basses ambitions, des discours révolutionnaires et des rêveries génocidaires. Un peuple composé de gens éduqués et compétents pourra alors améliorer sa qualité de vie en travaillant à son développement politique, économique, social et culturel. On pourrait imaginer cela comme une version miniature de l'Allemagne d'après 1945. S'il est à présent prématuré de parler de diplomatie, des sujets tels que Jérusalem, les frontières et les ressources pourront être discutés avantageusement après une défaite palestinienne. La solution à deux États, qui est pour le moment une absurdité (cela revient à demander à Israël de renforcer son ennemi mortel), apparaîtra comme logique après une défaite palestinienne.
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À l'instar de tous ceux qui ne font pas partie du conflit, les Australiens se retrouvent face à un choix difficile : soit ils soutiennent l'objectif palestinien (explicite dans le cas du Hamas, implicite dans celui de l'Autorité palestinienne) d'élimination d'Israël soit ils soutiennent l'objectif israélien de reconnaissance par ses voisins. Poser cette alternative indique clairement qu'il n'y a pas vraiment d'alternative puisque la première option est agressive et barbare alors que la seconde est défensive et civilisée. Personne ne peut décemment soutenir l'objectif palestinien consistant à détruire un pays prospère.
Le Premier ministre australien, Malcolm Turnbull (à gauche) en compagnie de Netanyahou à Jérusalem, le 30 octobre 2017. |
En Australie tous les Premiers ministres depuis Ben Chifley ainsi que toutes les résolutions et tous les votes du parlement depuis cette époque ont confirmé que les gouvernements australiens soutiennent la volonté israélienne d'obtenir la reconnaissance (même s'ils ne s'accordent pas sur les moyens pour y arriver).
Les gouvernements occidentaux devraient soutenir Israël dans ses actions conformes à la légalité, à la morale et aux frontières pratiques pour prendre les mesures nécessaires à l'obtention de la victoire. Ils devraient transférer leurs ambassades à Jérusalem et rejeter la prétention des Palestiniens à faire de Jérusalem leur capitale. Ils devraient également soutenir l'armée israélienne quand celle-ci réprime la sauvagerie et se joindre à l'ambassadrice américaine auprès des Nations unies, Nikki Haley, dans la dénonciation de la farce des « réfugiés palestiniens », une farce selon laquelle on considère des enfants nés aujourd'hui comme des réfugiés.
Il y a environ un an, l'organisation que je préside, le Middle East Forum, a commencé non seulement à promouvoir l'idée de la victoire d'Israël mais a également organisé des assemblées politiques pour la victoire d'Israël à la fois au parlement israélien (26 membres issus de 7 partis politiques) et à la Chambre des représentants du Congrès américain (un groupe de 33 membres issus des deux grands partis). Dans les deux groupes, les participants s'accordent à dire que les négociations israélo-palestiniennes resteront prématurées tant que les Palestiniens n'auront pas accepté l'existence permanente de l'État juif et que la victoire d'Israël est la meilleure solution pour avancer. Notre objectif est que les dirigeants occidentaux encouragent les Israéliens à œuvrer en faveur de la victoire.
Même les opposants à cette idée reconnaissent son impact. À propos de l'ambassadrice Haley, le commentateur palestinien Daoud Kuttab écrivait qu'elle « semble littéralement se conformer à la ligne israélienne et pro-israélienne défendue par des gens comme Daniel Pipes. » Le quotidien The Guardian, entre autres, suggère que Donald Trump a transféré l'ambassade américaine à Jérusalem sous l'influence du projet de victoire d'Israël.
En visite en Australie au début de ce mois, j'ai pu parler de cette idée dans des conversations privées mais aussi lors de conférences et dans les médias. J'espère désormais voir prochainement en Australie se constituer autour de cette idée un mouvement et une assemblée de parlementaires.
Qui veut commencer ? Intéressé, contactez-moi.