Se plaignant d'avoir été censuré dans le cadre des élections de 2020, le président Trump a signé un décret incitant la Federal Trade Commission (Commission fédérale du commerce) à vérifier si Facebook, YouTube, Twitter et d'autres réseaux sociaux sont dirigés contre les conservateurs.
Un tel décret soulève des questions à propos du déplateforming – le fait d'exclure des plateformes ceux qui mènent une politique jugée mauvaise au motif qu'ils sont haineux – en vue de retrouver un niveau acceptable. Toutefois, c'est une erreur de se concentrer, comme c'est le cas actuellement, sur les seules entreprises d'information et de communication. Il est vrai que le système éducatif, les médias traditionnels, les réseaux sociaux, les organisations sans but lucratif et la publicité posent problème. Bien entendu, l'information occupe une place d'importance. Toutefois le déplateforming s'est tranquillement et insidieusement infiltré bien au-delà au point d'affecter désormais une grande partie de la vie quotidienne.
Les organisations de gauche (le Southern Poverty Law Center aux États-Unis et Hope Not Hate au Royaume-Uni) favorisent cette tendance en faisant pression sur les entreprises pour que celles-ci refusent toute relation commerciale avec les « haineux » (qu'importe si le SPLC connaisse de graves problèmes internes). Et si les universités et les géants des réseaux sociaux font mine d'être ouverts aux conservateurs, ce n'est que de la poudre aux yeux. En réalité, le déplateforming vise la plupart du temps le camp de la droite, y compris les conservateurs sociaux, les défenseurs d'une immigration limitée, les sceptiques de l'origine anthropique du changement climatique, les détracteurs de l'islamisme et les partisans d'Israël.
Voici quelques exemples de déplateforming au quotidien :
Le restaurant Red Hen a expulsé Sarah Huckabee Sanders. |
Sur le plan institutionnel, Evenbrite a annulé l'impression de billets pour une conférence donnée par Pamela Geller au Young Republican Club. La Norwegian Cruise Line a lâché Rebel Media après la réservation et l'annonce d'une croisière par ce dernier. Les hôtels Hyatt et Mar-a-Lago ont annulé des événements organisés par Act! For America. Airbnb a désinscrit de sa plateforme des hébergeurs juifs résidant en Cisjordanie (tout en continuant à accepter les hébergeurs palestiniens). Uber et Lyft ont exclu Laura Loomer de leurs services de voitures partagées en raison de ses tweets.
Le service Amazon Smile, qui attribue 0,5% du produit des ventes d'Amazon à des organisations à but non lucratif, a exclu des organisations considérées par le SPLC comme des « groupes de haine ». Le fournisseur Internet britannique O2 a bloqué l'accès à mon site Internet, DanielPipes.org. Le déplateforming sur Internet peut avoir des conséquences financières directes : YouTube a démonétisé (autre néologisme pour désigner le fait de supprimer la possibilité de gagner de l'argent) des vidéos présentées par Dennis Prager et Tommy Robinson.
Les institutions financières ont rejoint le mouvement. Citibank a donné à l'Israel Independence Fund un mois pour déguerpir. Capital One a lâché Appalachian Gun, un magasin de la Géorgie rurale. MasterCard et Visa ont refusé de traiter les dons faits au profit du David Horowitz Freedom Center. PayPal a suspendu les comptes des membres et donateurs du UKIP, le parti pour l'indépendance du Royaume-Uni. En examinant le rôle des sociétés de cartes de crédit dans ce qu'il appelle le « blacklisting financier », Allum Bokhari de Breitbart conclut que « l'installation graduelle de l'idéologie progressiste dans le monde de la finance » pose une « nouvelle et terrifiante menace pour la liberté » des sociétés occidentales.
La tendance au déplateforming touche également les instances gouvernementales. L'administration fiscale fédérale américaine a indûment refusé une exonération fiscale à Z Street, organisation sioniste. Comme première mesure en vue de refuser l'exonération fiscale à 60 organisations épinglées par le SPLC comme des «groupes de haine», les démocrates de la Chambre des représentants des États-Unis ont tenu une audience en septembre 2019 sur le thème : « Comment le code des impôts subventionne la haine ». Le gouvernement allemand a déjà pris cette mesure en retirant le statut d'exonération fiscale au JournalistenWatch.com, un site Internet conservateur. D'éminentes personnalités politiques allemandes espèrent exclure de la fonction publique les membres du parti Alternative für Deutschland. Quant au gouvernement britannique il a refusé l'entrée du pays à Geert Wilders, tout comme le gouvernement australien avec Milo Yiannopoulos.
Une unité du British National Health Service, suivie par l'ensemble de l'Angleterre, a annoncé que les patients qui se livrent à « des mots, des gestes ou des attitudes racistes ou sexistes ... seront récusés et mis en demeure ». Par la suite, si le problème venait à persister, le traitement sera « interrompu aussi longtemps que la situation sera sûre. » Combien de temps faudra-t-il avant que les employés du NHS se servent de cette réglementation pour refuser leurs services à des détracteurs polis du changement climatique ou de l'islamisme ?
Un restaurant, un service de billetterie, des sociétés de covoiturage, une compagnie de croisière, une chaîne d'hôtels, le club privé du président Trump, un courtier en hébergement, un magasin de détail, un fournisseur d'accès à Internet, une société d'hébergement vidéo, des banques, des sociétés de cartes de crédit, un système de paiement, des gouvernements et des hôpitaux : la liste déjà imposante et effrayante ne cesse de s'allonger.
Pour les conservateurs, ces privations représentent une atteinte aux moyens de subsistance, à la dignité et à l'émancipation. Elles constituent une « nouvelle et terrifiante menace pour la liberté » et méritent qu'on y consacre bien plus d'attention, de mesures et de moyens qu'actuellement. Il faut organiser la résistance et mettre sur pied de nouvelles institutions neutres. C'est maintenant qu'il faut agir, sans attendre l'action du gouvernement, et avant que les murs ne se resserrent davantage.