Pendant plus d'un millénaire, de 850 à 1900 environ, les Turcs ont dominé la vie militaire et politique des terres centrales du monde musulman. Bien que peu nombreux, ils ont toujours réussi à conquérir et à gouverner les autres peuples de cette région. Ils détenaient le pouvoir non seulement dans les régions voisines de leur terre ancestrale, la steppe d'Asie centrale, mais aussi dans des pays plus éloignés. Autrement dit, ils ont gouverné non seulement le nord de l'Inde, l'Iran et l'Anatolie pendant de longues périodes mais aussi des régions lointaines comme le sud de l'Inde, le Yémen et l'Égypte. Les Turcs ont fondé plusieurs grandes dynasties de l'Islam telles que les Seldjoukides, les Mamelouks, les Moghols, les Safavides et, la plus prestigieuse de toutes, les Ottomans. Sous ces derniers, les Turcs dominaient des régions aussi éloignées que l'Algérie et le Soudan.
Même si les raisons de la prédominance militaire et politique exercée par les Turcs sur les autres musulmans sont trop complexes pour être discutées ici, nous pouvons retracer la première ascension des Turcs vers le pouvoir dans un contexte islamique. La domination turque n'a pas commencé dans les premières années de l'Islam mais elle n'a pas non plus surgi sous le règne d'al-Mu'tasim (218-27/833-42) comme on le pense généralement. Les Turcs ont en réalité joué un rôle minime mais croissant dès les années 50/670. Les pages qui suivent retracent cette évolution depuis ses débuts jusqu'à son épanouissement sous al-Mu'tasim.
L'histoire des Turcs aux premiers siècles de l'islam connaît un tournant lors de l'accession d'al-Ma'mun au pouvoir en 198/813. Jusqu'alors, les Turcs n'avaient joué qu'un rôle limité au niveau des autorités gouvernementales et militaires musulmanes. Mais dès cette date, ils acquièrent une importance considérable.
Concernant les deux premiers siècles de l'islam, le terme « Turc » utilisé dans les sources arabes et persanes pose certaines difficultés. Les auteurs musulmans qui emploient ce terme ne désignent pas toujours la même chose qui varie selon leur époque, leur degré de proximité avec l'Asie intérieure et de connaissance de cette région. Le mot « Turc » peut se confondre en partie avec d'autres dénominations ethniques (par exemple Soghdien, Khazar, Ferghanien). Les spécialistes modernes en ont conclu qu'au cours des premiers siècles, le terme avait un sens très large et pouvait désigner « l'ensemble des peuples non persans de l'Orient » [1], « tout peuple situé au nord-est de l'Oxus » [2], « une personne parlant turc » [3], ou encore les « nomades des steppes d'Asie centrale » [4].
Malgré le sens vague et assez large du mot « Turc », les pages qui suivent ne traitent que des personnes spécifiquement identifiées comme Turcs, les soldats ainsi nommés sont ceux qui finirent par prendre le contrôle du gouvernement central abbasside peu de temps après la mort d'al-Mu'tasim.
Par « pouvoir musulman », j'entends les armées, les tribunaux et les gouvernements musulmans.
Un certain nombre d'ouvrages secondaires traitent des Turcs à partir de l'époque d'al-Mu'tasim [5]. En revanche, peu d'études ont été réalisées sur leur rôle dans les pays musulmans au cours de la période antérieure [6].
Les premiers Turcs, 54-198/674-813
Bien que la première date certaine à laquelle un Turc apparaît à un poste de pouvoir musulman soit 60/680, les Turcs se battaient déjà probablement en nombre pour les musulmans quelques années auparavant. En 54/674 'Ubaydallah b. Ziyad, le gouverneur omeyyade du Khorassan, défit la ville de Boukhara et ses alliés turcs [7]. Un an plus tard, nommé gouverneur de Bassorah, il emmena avec lui comme esclaves 2.000 ou 4.000 captifs de Boukhara [8] qui formèrent une unité militaire connue sous le nom de Bukhariya, réputée pour l'habileté de ses archers [9].
On ne sait pas si la Bukhariya était constituée d'esclaves ou d'hommes libres [10]. On ne sait pas non plus combien d'entre eux étaient des Turcs. Le fait que les Turcs se soient battus aux côtés de Boukhara contre les musulmans implique qu'ils formaient une partie des captifs. L'excellence de la Bukhariya au tir à l'arc confirme cette vraisemblance puisque les Turcs furent toujours réputés pour leur habileté à tirer des flèches. Un autre élément pouvant étayer cette thèse vient de la première mention spécifique d'un Turc au service d'un pouvoir musulman. Ce Turc était en effet un esclave affranchi de 'Ubaydallah b. Ziyad et appartenait très probablement à la Bukhariya de 'Ubaydallah.
Ce premier Turc était un mawla (esclave affranchi) nommé Rachid. En 60/680, il exécuta un allié d'al-Hussein b. 'Ali b. Abi Talib, un ennemi des Omeyyades [11]. Six ans plus tard, apparaît la première mention spécifique d'un Turc combattant pour le compte des musulmans. C'était un esclave (ghulam) qui participa à la guerre tribale du Khorassan dans le camp de Tamim [12].
Lorsqu'en 96/715, Qutayba b. Muslim fit face à une révolte de ses soldats arabes, il les menaça avec ses troupes non arabes. Le passage suivant est tiré de son discours aux soldats rebelles :
« Qui sont ces archers qui, avec des flèches tirées par leurs mains expertes, peuvent frapper l'œil de l'ennemi et lui coudre les paupières dans son orbite ? »
Puis les princes et les nobles de Perse, les nobles turcs ainsi que ceux de Soghdiane, Badeghi, Tokharistan et Khorassan se levèrent. Ils comptaient plus de 10 000 hommes, tous des archers compétents qui jamais ne manquèrent leur cible.
En les désignant, Qutayba déclara : « ... ils sont plus courageux que les Arabes. » [13]
Bien que très respectés en tant que soldats, les Turcs, comme l'indique ce passage, ne constituaient pas en 96/715, un groupe distinct des autres groupes d'Asie centrale.
À peine deux ans plus tard, les musulmans eurent l'opportunité d'acquérir des troupes turques, une occasion qu'ils ne saisirent pas. Lorsqu'ils parvinrent à conclure une trêve avec le dirigeant païen du Tabaristan, l'une des conditions stipulait qu'« il devait leur livrer 500 Turcs qui avaient tué de nombreux musulmans et s'étaient ensuite retirés avec lui ». Plutôt que d'incorporer ces Turcs dans les armées omeyyades, les musulmans les exécutèrent [14].
Il faut attendre 35 ans avant de voir une autre mention des Turcs au service d'un pouvoir musulman. C'est en 123/741 qu'un dirigeant soghdien du Khorassan, Muqatil b. Ali se rendit à Damas pour informer le calife Hicham de la situation au Khorassan. Lors de ce voyage, Muqatil b. 'Ali commandait une force de 150 Turcs. [15] Deux ans plus tard, lorsque Muqatil b. Ali fut nommé vice-gouverneur d'Amol, il reçut avec plusieurs autres nouveaux nommés des instructions de Nasr b. Sayyar, le gouverneur du Khorassan. C'est lorsque Nasr fut expulsé de Merv qu'ils durent importer des Turcs et traverser la Transoxiane. Bien que ce passage ne soit pas tout à fait clair, on peut en déduire que les Turcs jouèrent alors un certain rôle sur le plan militaire.
En 126/744, les rebelles omeyyades tuèrent le calife al-Walid II et sa famille. Un mawla « que l'on disait être turc » exécuta un petit-fils d'al-Walid [17].
Quel fut le rôle joué par les Turcs dans la prise de pouvoir par les Abbassides ? Un historien spécialisé dans l'histoire militaire turque écrit : « on peut affirmer avec certitude que les unités turques combattaient dans l'armée d'Abu Muslim » [18]. Pourtant, les sources (y compris l'Akhbar ad-Dawla al-'Abbasiya, disponible depuis peu) ne corroborent pas cette affirmation [19]. Par ailleurs, je n'ai trouvé aucune mention des Turcs au service du premier calife abbasside, Abu'l-'Abbas.
La première mention d'un Turc au service des Abbassides n'apparaît que sous le règne du deuxième calife, al-Mansur. En 137/754, Zuhayr b. at-Turki était gouverneur de Hamadhan et de Mossoul [20], ce qui fait de lui la première personne d'origine turque à occuper un poste élevé au service d'un pouvoir musulman. Le pseudo-Denis de Tell-Mahre, chroniqueur syriaque, nous renseigne sur la présence de Turcs dans l'armée d'al-Mansur [21]. Une autre source affirme qu'à sa mort, al-Mansur laissait 40.000 mawlas [22] dont on peut affirmer sans risque qu'ils étaient, pour bon nombre d'entre eux, turcs.
Peut-être plus important que leur nombre, les Turcs sous al-Mansur devinrent des serviteurs de confiance. Hammad at-Turki illustre parfaitement cette nouvelle situation. Il joua un rôle important dans la construction de Bagdad [23] et en 169/785, combattit le rebelle alide al-Hussein b. Ali (qu'il tua lui-même, d'après une source) [24]. Il servit personnellement al-Mansur en tant que chef de ses gardes du corps, chambellan et aide de camp (et s'acquitta même de tâches subalternes comme celle de seller le cheval d'al-Mansur) [25]. Enfin, Hammad se chargea de la perception des impôts dans la région de Sawad (ta'dil as-sawad) [26]. Hammad s'avère être le premier Turc à avoir exercé des responsabilités sur l'ensemble de l'entourage d'un calife. Les écrivains musulmans ont noté à la fois le recours intensif d'al-Mansour à des Turcs et l'importance particulière de Hammad :
Al-Mansour fut le premier calife à faire l'acquisition de Turcs, notamment Hammad. Quant à Al-Mahdi [son successeur, voir plus bas], il acquit Moubarak. Cette pratique se généralisa sous les autres califes. [27]
Les Turcs ne cessèrent de croître en nombre et finirent par dominer les Abbassides [28].
Toutes les preuves indiquent qu'al-Mansur fut le premier dirigeant musulman à engager un nombre substantiel de Turcs à son service. On peut trouver un indice sur la relation qu'entretenait al-Mansur avec ses Turcs dans une déclaration qu'il fit au sujet d'un esclave turc devenu par la suite gouverneur d'Égypte : « C'est un homme qui me craint moi et pas Dieu ! » [29]
Les Turcs continuent d'apparaître sous le règne d'al-Mahdi (158-69/775-85). L'homme qui craignait al-Mansur plus que Dieu servit comme gouverneur d'Égypte dans les années 162-64/779-80. Il convient de noter qu'il n'était pas le seul à être esclave mais que son frère et son père l'étaient également. Quant à sa mère, elle était la tante du roi du Tabaristan [30]. Un Turc mena une rébellion dans le Fars. Cet homme était apparenté à un khadim (eunuque ?) au service du calife, Faraj al-Khadim at-Turki (les deux hommes s'entraidèrent) [31]. C'est probablement en 160/777 que les Turcs se battirent en grand nombre pour les musulmans pour la première fois lorsqu'ils combattirent le rebelle kharijite 'Abd as-Salam al-Yashkari [32].
Lorsque le fils d'al-Mahdi, al-Hadi, arriva au pouvoir en 169/785, il dut passer les dix premiers mois de son règne à combattre le rebelle al-Hussein b. 'Ali en Arabie. Le mawla Moubarak at-Turki était l'un des nombreux commandants abbassides [33]. Al-Hadi pensait qu'il n'avait pas montré suffisamment de vigueur contre les rebelles et confisqua une partie des biens de Moubarak [34]. Comme indiqué ci-dessus, Hammad at-Turki se battit également pour le calife lors de cette campagne et une source rapporte qu'il tua al-Hussein b. 'Ali [35].
Les mentions occasionnelles de Turcs au service du pouvoir musulman se poursuivent sous le règne de Haroun al-Rachid (170-93/786-809). Au cours de la première année de son règne, Faraj al-Khadim at-Turki gouvernait Tarse [36]. Puisque les Turcs furent toujours associés à la guerre, il est surprenant d'entendre parler du mawla turc comme d'un savant religieux. Il vivait en Égypte où il mourut en 181/797 [37]. La première mention des Turcs au cours de cérémonies officielles date à peu près de cette époque, quand des ambassadeurs porteurs de présents arrivèrent de l'Inde :
Haroun al-Rachid disposa les Turcs en deux rangées et les arma si lourdement que seules les pupilles de leurs yeux étaient visibles. Puis il laissa entrer les ambassadeurs [38].
En 187/803, un Turc raconte une anecdote sur le calife et son vizir [39]. Comme le fait remarquer Töllner, cet homme doit avoir été proche soit du calife soit du vizir pour pouvoir faire un tel récit [40]. Le premier soutien turc à un mouvement sectaire eut lieu en 193/809 quand ils aidèrent le rebelle Rafi' b. Layth. Ce soutien fut toutefois de courte durée car le commandant abbasside sépara les Turcs de Rafi', si bien qu'ils prirent la fuite et l'affaiblirent [41]. Enfin, Haroun al-Rachid reçut 1.000 ou 4.000 esclaves (vraisemblablement turcs) du Khorassan à titre de kharaj (impôt général ou impôt foncier) [42].
Al-Ma'mun et al-Mu'tasim, 198-227 / 813-842
Un dinar d'or frappé sous le règne d'al-Ma'mun. |
al-'Uyun wa'l-Hada'iq : « Quand [al-Ma'mun] arriva à Bagdad [en 204/819], il acheta certains de ses soldats sur le marché. » [44]
al-Qazwini : « Il est dit que [Yahya b. Aktham, un haut fonctionnaire sous al-Ma'mun] s'efforça de rassembler de beaux jeunes gens en vue d'en faire les esclaves (mamelouks) du calife [al-Ma'mun]. Il leur dit : 'Sans vous, nous ne serions pas croyants' [c'est-à-dire que le fait que vous preniez notre défense préserve notre religion]. » [45]
an-Nuwayri : al-Ma'mun « fut le premier à prendre des Turcs à son service. [En conséquence] le prix de ces derniers augmenta au point qu'il en coûtait 100.000 ou 200.000 dirhams pour un seul d'entre eux. » [46]
al-Maqrizi : al-Ma'mun « acheta de plus en plus de Turcs dont le prix se mit dès lors à augmenter tant et si bien qu'il fit l'acquisition d'un seul esclave (mamelouk) pour 200.000 dirhams. » [47]
Il convient de noter que certaines sources (comme les deux premières citées ci-dessus) font référence à l'achat d'esclaves en général et d'autres (comme les deux dernières) spécifiquement aux esclaves turcs. Les Turcs devaient apparemment constituer le groupe d'esclaves le plus important mais pas pour autant prédominant.
Dès le début, le frère cadet d'al-Ma'mun, le futur calife al-Mu'tasim, prit une part active, en tant qu'adjoint d'al-Ma'mun, dans l'acquisition d'esclaves militaires.
Ibn Qutayba : « Al-Ma'mun ordonna à son frère Abu Ishaq [al-Mu'tasim] d'acquérir des Turcs. C'est ainsi qu'il les fit importer [comme esclaves]. » [48]
Le rôle d'al-Mu'tasim était si grand que certains récits ignorent l'ensemble des dirigeants qui avaient employé des Turcs avant lui :
Bal'ami : « Il fut le premier calife abbasside à prendre des Turcs à son service. » [49]
al-Maqrizi, as-Suyuti, an-Nahrawali : « Il fut le premier à inscrire les Turcs sur le registre militaire. » [50]
Al-Mu'tasim acquit cette réputation par ses efforts répétés pour recruter des Turcs. Samarcande, ville réputée pour son commerce d'esclaves [51], en fut sa principale source. [52] Les esclaves avaient probablement été capturés par des commerçants et des dirigeants locaux puis vendus à des agents des Abbassides. [53] L'un de ces agents, un homme du nom de Ja'far al-Khushshaki, fit le récit de ses activités :
Sous le règne d'al-Ma'mun, Al-Mu'tasim m'envoya à Samarcande, auprès de Nuh b. Asad (le souverain samanide du lieu, 204-27/819-42] pour acheter des Turcs. Je lui en présentais chaque année un certain nombre [54].
Avec les encouragements d'al-Ma'mun, Al-Mu'tasim entreprit l'acquisition de Turcs dès la fin de la guerre civile opposant al-Amin et al-Ma'mun. En 199/815, il acquit Itakh qui fut peut-être son premier esclave turc [55]. Al-Ma'mun se procura des esclaves originaires de Samarcande dès 200/816 [56]. En 204/819 [57], al-Ma'mun « acheta quelques-uns de ses soldats sur le marché » de Bagdad [58]. Al-Mu'tasim acquit Itakh, Ashnas, Wasif et Sima ad-Dimashqi, qui, sous son règne, furent tous d'éminentes personnalités à Bagdad [59]. Il acquit Ashnas et Bugha al-Kabir déjà sous le califat d'al-Ma'mun [60]. Pourtant, malgré ces acquisitions précoces, une source indique qu'al-Mu'tasim acheta ses premiers Turcs en 220/835 [61].
Outre l'achat organisé de Turcs de Samarcande, les califes capturèrent les gens des steppes d'Asie intérieure. En 211-12/826-27, al-Ma'mun reçut 2.000 Turcs ghuzz comme captifs de Kaboul. [62] Les premiers gouverneurs tahirides du Khorassan possédaient de nombreux esclaves qu'ils avaient vraisemblablement capturés (puisque les califes ne toléraient sûrement pas l'achat de leurs esclaves). Talha b. Tahir (gouverneur, 207-13/822-28) pouvait donner 80 mamelouks en une seule fois [63]. 'Abdallah b. Tahir (gouverneur, 213-30/828-45) envoyait comme tribut annuel plus de 44 millions de dirhams et soit 1.012 esclaves (raqiq) soit 2.000 Turcs ghuzz capturés au Khorassan. [64] Le gouverneur de Samarcande, Nuh b. Asad, envoya également des esclaves dans le cadre du tribut annuel au calife. [65]
Ces démarches multiples permirent aux califes al-Ma'mun et al-Mu'tasim de rassembler un grand nombre d'esclaves. Al-Ma'mun disposait d'un nombre suffisant d'hommes pour envoyer 400 beaux mamelouks chevaucher au service d'un favori qui était cadi et haut fonctionnaire [66]. Une source rapporte qu'il avait en tout 70.000 esclaves [67]. Du vivant d'al-Ma'mun, al-Mu'tasim possédait trois ou quatre mille esclaves [68]. Après la mort du calife, al-Mu'tasim avait, selon les estimations, 4.000, 8.000, 18.000, 38.000, 50.000 ou 70.000 esclaves [69]. Quelle que soit le degré d'exagération de ces chiffres, ils indiquent les efforts importants déployés par les deux califes pour amasser des esclaves turcs.
Sous le règne d'al-Ma'mun, les Turcs n'avaient pas encore acquis un rôle militaire prédominant. Ils se battirent pour lui dans la guerre civile contre son frère al-Amin, généralement sous le commandement de Tahir b. al-Hussein [70]. Al-Amin déplorait ses défaites et affirmait que si seulement Tahir se joignait à lui, les Turcs et les Daylamis auraient beau comploter contre lui, ils échoueraient [71]. Ce témoignage est à la fois la confirmation de la présence des Turcs et un hommage à leurs aptitudes militaires. En 216/831, Rashid at-Turki conduisit des troupes en Haute-Égypte [72]. Al-Jahiz raconte avoir vu une centaine de cavaliers turcs alignés de chaque côté d'une route pour al-Ma'mun alors qu'il était en campagne. Le calife fut particulièrement impressionné de les voir pratiquement tous résister à la chaleur intense du jour pour se maintenir à dos de cheval [73].
Outre les soldats, nous trouvons également trace de deux Turcs au service des Abbassides comme cuisiniers sous le califat d'al-Ma'mun. L'un travaillait pour le père, qui était vizir, et l'autre pour al-Mu'tasim [74]. À sa mort, al-Ma'mun fut enterré dans une maison qui avait autrefois appartenu à l'un de ses eunuques turcs [75].
L'association étroite d'Al-Mu'tasim avec les Turcs débuta déjà sous le règne d'al-Ma'mun. Dès 202/818, alors qu'il combattait un rebelle kharidjite, il avait une garde personnelle composée d'esclaves turcs dont l'un d'eux lui sauva la vie [76]. Lorsqu'en 213/828 il se rendit en Égypte, 4.000 Turcs l'accompagnèrent et quittèrent ensuite le pays avec lui deux ans plus tard [77].
Un nom de rue à Amman, en Jordanie, évoque la mémoire du calife al-Mu'tasim, principale figure associée à l'importation de Turcs en Irak. |
C'est Ashnas [79] qui prit la défense d'al-Mu'tasim dans l'incident mentionné ci-dessus. Il sauva le futur calife du couteau d'un assaillant [80]. Ashnas entreprit deux expéditions pour al-Ma'mun. En 215/830, il mena les troupes abbassides contre les Byzantins et deux ans plus tard il les conduisit en Égypte [81]. Quand al-Mu'tasim arriva au pouvoir, il nomma Ashnas gouverneur d'Égypte [82]. Ashnas conserva ce titre pendant quelques années sans réellement vivre en Égypte et la gouverner. En effet, les chroniqueurs l'ignorent presque totalement lorsqu'ils relatent l'histoire de l'Égypte à l'époque de son mandat. Il semble qu'al-Mu'tasim souhaitait honorer Ashnas en lui conférant le titre de gouverneur mais sans perdre sa présence à la cour. En 223/838, Ashnas mena diverses unités en route vers la bataille d'Amorium en Anatolie et sur le chemin du retour [83]. En 225/840, al-Mu'tasim honora de nouveau Ashnas en lui permettant de s'asseoir sur un trône (kursi) [84]. Un an plus tard, Ashnas se rendit en pèlerinage à La Mecque et al-Mu'tasim lui rendit un hommage plus grand encore en lui donnant le contrôle sur chaque région qu'il fallait traverser entre Samarra et La Mecque [85]. En conséquence, il est parfois connu comme gouverneur de Syrie, d'al-Jazira et d'Égypte [86], bien qu'encore une fois il n'ait jamais gouverné ces provinces. Ashnas mourut en 230/845 [87].
Itakh [88], cuisinier de son état, vint chez al-Mu'tasim en 199/815 [89]. En 222/837, il participa à la longue campagne (220-23/835-38) contre le rebelle iranien Babak [90]. Un an plus tard, il mena l'aile droite à Amorium, puis, une fois sur place, prit la tête des Turcs et des Farghaniens au cours de la bataille [91]. En 225/840, il devint gouverneur du Yémen mais une autre source rapporte que cette même année, il montait la garde à la porte d'al-Mu'tasim [92]. Il s'agissait donc probablement aussi d'une nomination honorifique. Deux ans plus tard, il combattit un rebelle près de Mossoul [93]. Peu de temps après la mort d'al-Mu'tasim, il acquit le poste important de gouverneur du Khorassan [94]. Al-Mutawakkil le fit exécuter en 234/849 [95].
La première mention de Bugha al-Kabir [96] date de 210/825 quand il prit possession des terres d'un tiers [97]. En 220/835, il porta secours aux troupes abbassides en combattant Babak et, un an plus tard, prit lui-même des troupes sous son commandement [98]. À Amorium, tant à l'aller qu'au retour, il dirigea l'arrière-garde [99] et servit al-Mu'tasim en tant que chambellan (hajib) [100]. Après le règne d'al-Mu'tasim, Bugha al-Kabir occupa plusieurs postes importants et mourut en 248/862 [101]. Une source raconte qu'il aimait la guerre et mourut à plus de 90 ans (selon le calendrier lunaire) [102]. Si ce chiffre est véridique, alors Bugha al-Kabir était déjà un adulte lorsqu'il fut acquis par al-Mu'tasim.
Wasif [103] joua un rôle à Amorium. Il servit al-Mu'tasim en tant que chambellan [104]. Cependant, à l'instar de Bugha al-Kabir, il reçut ses fonctions les plus importantes après la mort d'al-Mu'tasim. Wasif mourut en 253/867 [105].
Al-Afshin [106], qui était le général le plus en vue d'al-Mu'tasim, avait déjà mené des campagnes militaires pour al-Ma'mun [107]. Sous al-Mu'tasim, il dirigea la bataille contre Babak et combattit dans la conquête d'Amorium [108]. Cependant, nous ne nous attarderons pas sur sa carrière importante et sa chute fascinante car bien que deux sources le considèrent comme un Turc [109], il venait de la région du Ferghana, de culture iranienne, et n'était généralement pas considéré comme turc [110].
Plusieurs autres Turcs moins connus occupaient également des positions dirigeantes. Sima ad-Dimashqi, Sima ash-Sharabi et Muhammad b. Hammad b. Danfash servirent al-Mu'tasim comme chambellans [111]. En 222/837, Bashir at-Turki mena les troupes du Ferghana dans une embuscade contre Babak [112].
Des Turcs anonymes jouèrent divers rôles militaires : certains devinrent gardes du corps, soit pour le calife, soit pour d'autres dignitaires [113]. En 210/825, Ibrahim b. al-Mahdi disposait d'une garde de Turcs qui combattirent à Amorium [114]. Des Turcs jouèrent un rôle majeur dans la conspiration du fils d'al-Ma'mun, al-'Abbas, contre al-Mu'tasim [115]. Ainsi, Ashnas devait être assassiné par un autre Turc, son compagnon de beuverie [116]. Lorsque le complot échoua en 223/838, ce sont à nouveau les Turcs qui exécutèrent l'un des chefs conspirateurs [117]. En 222/837, Al-Afshin envoya un mawla turc pour tuer l'un des hommes de Babak [118].
Les Turcs fournirent des services personnels à al-Mu'tasim. À une occasion, ce dernier demanda à Itakh de lui apporter des dattes [119]. Un esclave turc, eunuque, éloignait les mouches de la tête d'al-Mu'tasim [120]. Les Turcs servirent également d'autres personnes autrement que sur le plan militaire [121].
Élément peut-être le plus révélateur de la faveur accordée aux Turcs, al-Mu'tasim éleva l'un d'entre eux, al-Fath b. Khaqan, avec son propre fils Ja'far, le futur calife al-Mutawakkil [122]. La relation étroite entre ces deux derniers dura des décennies et al-Fath joua un rôle vital dans le règne d'al-Mutawakkil [123].
Cette étude a permis d'établir deux faits : (1) les Turcs ont servi le pouvoir musulman - dirigeants, gouvernements, armées – dès avant le règne d'al-Mu'tasim et (2) ont gagné en importance sous son règne. À la lumière de l'usurpation du pouvoir abbasside par les Turcs peu après la mort d'al-Mu'tasim, il faut noter que les Turcs n'ont montré aucun signe de désobéissance ou d'ambition du vivant d'al-Mu'tasim qui, pourtant, leur avait octroyé tant de pouvoir que quelques années après sa mort, ils ont pris le contrôle effectif du califat abbasside [124].
Mise à jour, 1er janvier 1980. En complément à cette étude, voir mon autre étude « Les soldats noirs dans les premières années de l'Islam » (« Black Soldiers in Early Muslim Armies », International Journal of African Historical Studies, 13, 1980 : 87-04).
[1] H.A.R. Gibb, The Arab Conquests in Central Asia (London, 1923), p. 10.
[2] P.K. Hitti, History of the Arabs (9ème éd. rev.: New York, 1967), p. 210.
[3] R.N. Frye and A.M. Sayılı, "Turks in the Middle East before the Saljuqs," Journal of the American Oriental Society, 63(1943), p. 196.
[4] O S.A. Ismail, "Mu'tasim and the Turks," Bulletin of the School of Oriental and African Studies, 29 (1966), p. 13. V. Minorsky, Sharaf al-Zaman Tahir Marvazil on China, the Turks and India (London, 1942), p. 92 observe que les «Turcs» incluent «les peuples finno-ougriens et slaves d'Europe orientale».
[5] Notamment :
(1) P. G. Forand, "The development of military slavery under the Abbasid caliphs of the ninth century A. D. (third century A. H.), with special reference to the reigns of Mu'tasim and Mu'tadid." (Ph. D., Université de Princeton, 1962).
(2) S. Hamdi, "Die Entstehung und Entwicklung des turkishen Einflusses im 'Abba· sidenreich bis Mutawakkil." (Ph.D., Université de Tübingen, 1954).
(3) Ismail.
(4) H. Töllner, Die türkischen Garden am Kalifenhof von Samarra (Bonn, 1971).
Malgré le titre de son étude, "Military reforms of the Caliph al-Mu'tasim – their background and consequences" («Les réformes militaires du calife al-Mu'tasim – leurs origines et leurs conséquences», Jérusalem, 1963. Miméographié), c'est à peine si D. Ayalon mentionne les Turcs.
Je n'ai pas vu la première partie de H. D. Yıldız, "Abbasiler devrinde Türk kumandanları", Istanbul Tarih Enstitüsü Dergisi, 1 (1973). La deuxième partie se trouve dans idem, 2 (1974), pp. 51-58 et traite d'Itakh, un dirigeant turc qui débuta sa carrière à l'époque d'al-Mu'tasim. Sur sa thèse de doctorat inédite, je ne sais rien de plus que son titre, «Mu'tasim devrinde Abbasī Ìmparatorluğu».
[6] Certains travaux qui traitent des Turcs au début de leurs relations avec le pouvoir musulman comprennent :
(1) Ş. Günaltay, «Abbas oğuları imparatorluğunun kuruluş ve yükselişinde Türklerin rolü», Belleten, 6 (1942), pp. 177-205.
(2) J. Karabacek, «Erstes urkundliches Aufreten von Türken», Mitteilungen aus der Sammlung der Papyrus Erzherzog Rainer, 1 (1887), pp. 93-108.
(3) Z. al-Kitabchi, "at-Turk fi mu'allifat al-Jahiz wa makanathum fi't-tarikh al-Islami ila awasit al-qarn ath-thalith al-hijri." (Ph. D., Université de Karachi [date non disponible]).
(4) E. Mayence, «Die Türken in der klassichen arabischen Literatur», Der Islam, 21 (1973), 279-285.
[7] al-Baladhuri, Futuh al-Buldan, éd. M. J. de Goeje (Leyde, 1866), p. 411; at-Tabari, Tarikh ar-Rusul wa'l-Muluk, éd. M. J. de Goeje et coll. (Leyde, 1879-1901), 2. 169.
[8] al-Baladhuri, p. 410; Ibn al-Faqih al-Hamadhani, Kitab al-Buldan, éd. M. J. Goeje (Leiden, 1885), p. 191; Narshakhi, Tarikh-I Buldan, tr. R. N. Frye, The History of Bukhara (Cambridge, Mass., 1954), p. 37; Yaqut, Mu'jam al-Buldan, éd. F. Wustenfeld (Leipzig, 1866-72), 1. 522.
[9] at-Tabari, 2. 170.
[10] al-Baladhuri, p. 376.
[11] at-Tabari, 2. 268.
[12] at-Tabari, 2. 698.
[13] Bal'ami, Tarjama-yi Tarikh-i Tabari, tr. H. Zotenberg, Chronique de Tabari (Nogent-le-Rotrou, 1867-74), 4. 209. Pour autant que je sache, ce passage ne se trouve pas chez Tabari. Voir al-Baladhuri 424.
[14] Ibn A'tham, Kitab al-Futuh, éd. M. 'Abd al-Mu'id Khan et al. (Hyderabad, 1388 / 1968-), 7. 293.
[15] at-Tabari, 2. 1719.
[16] at-Tabari 2. 1767.
[17] at-Tabari, 1805.
[18] Tollner 14.
[19] L'article de Günaltay révèle peu de choses sur ce sujet.
[20] at-Tabari, 3. 118.
[21] Makhtebanut, tr. J. B. Chabot, Chronique de Denys de Tell-Mahre (Paris, 1895), 4. 72.
[22] al-Rashid b. az-Zubayr, adh-Dhakha'ir wa't-Tuhaf, éd. M. Hamidullah (Koweït, 1959), p. 213.
[23] at-Tabari, 3. 118.
[24] Abou'l-Faraj al-Isfahani, Maqatil at-Talibiyin, éditions S.A. Saqr (Le Caire, 1368/1949), p. 451.
[25] at-Tabari, 3. 280, 309, 392 ; al-Maudi, Muruj adh-Dhahab, éditions M. M. 'Abd al-Hamid (5ème édition, Le Caire, 1393/1973).
[26] al-Jahshiyari, Kitab al-Wuzara' wa'l-Kuttab, éditions M. Saqa (Le Caire, 1357/1938), p. 134.
[27] Al-Tha'alibi, Lata'if al-Ma'arif, éditions I. al-Abyari et H. K. al-Sayrafi (Le Caire, 1960) p. 20.
[28] Ibn Badrun, Sharh Qasidat Ibn 'Abdun, éditions M.S. al-Kurdi (La Caire, 1340), p.285.
[29] al-Kindi, Kitab al-Wulah wa Kitab al-Qudah, éd. R. Guest (Leyde, 1912), p. 122-23.
[30] Ibidem.
[31] al-Jahshiyari, p. 151 ; at-Tabari, 3. 604 l'appelle at-Turki.
[32] Khalifa b. Khayyat, Kitab at-Tarikh, éd. S. Zakkar (Damas 1967-68), p. 701.
[33] at-Tabari, 3. 562.
[34] Ibid., 3. 563. Il se peut que cette propriété ait été une concession de terre (qati'a) que possédait Mubarak à Bagdad et mentionnée dans al-Ya'qubi, Kitab al-Buldan, éd. M. J. de Goeje (Leyde, 1892), p. 253. Moubarak devait être très riche, car il pouvait octroyer un prêt d'un million de dirhams (at-Tabari, 3. 981, al-Jahshiyari, p. 100).
Sur la colère d'al-Haid, voir Abu'l Faraj al-Isfahani, p. 452. Le rapport de Yaqut du 3. 852 selon lequel Moubarak a tué al-Husayn b. 'Ali semble avoir confondu Moubarak avec Hammad.
[35] Abou'l Faraj al-Isfahani, p. 451.
[36] at-Tabari, 3. 604.
[37] Ibn Taghri Birdi, an-Nujum az-Zahira, éd. A.Z. al-'Adawi et al. (Le Caire 1348-92/1929-72), 2. 103. Un esclave affranchi de Farghana est devenu un expert en hadith et un poète (Ibn Qutayba, Kitab al-Ma'arif, éd. F. Wustenfeld [Gottingen, 1850], p. 270).
[38] Ibn 'Abd Rabbih, al-'Iqd al-Farid, éd. A. Amin et al. (Le Caire 1940-53), 2. 203.
[39] at-Tabari, 3. 683.
[40] Töllner, p. 18.
[41] at-Tabari, 3. 775.
[42] Ibn Hamdun, at-Tadhkira, 2. 234, cite par Hamdi, p. 9, 3.
[43] "From Mawla to Mamluk: the Origins of Islamic Military Slavery" (Ph. D., Harvard University, 1978), pp. 184-88.
[44] al-'Uyun w'al-Hada'iq, M. J. de Goeje (Leyde, 1869-1871) dans Fragmenta Historicorum Arabicorum, p. 379.
[45] al-Qazwini, Athar al-Bilad wa khbar al-'Ibad (Beyrouth, 1389/1969), p. 318.
[46] Cité p. 255 dans une note de bas de page de l'éditeur à al-Ya'qubi, Kitab al-Buldan.
[47] al-Maqrizi, an-Niza' wa't-Takhasum, éd. G. Vos (Leyde, 1888), p. 63.
[48] Ibn Qutayba, Kitab al-Ma'arif, éd. T. 'Ukasha (Le Caire, 1969), p. 391. Cette citation est absente de l'édition de Wüstenfeld.
[49] Bal'ami, 4. 524.
[50] al-Maqrizi, Kitab as-Suluk, éd. M. Ziyada (Le Caire, 1935-1973), 1. 16 ; as-Suyuti, Tarikh al-Khulafa', éd. M. M. 'Abd al-Hamid (3ème éd. : Le Caire, 1383/1964), 24 ; an-Nahrawali, al-A'lam bi-A'lam Bayt Allah al-Haram, éd. F. Wustenfeld (Göttingen, 1272/1857), p. 123.
Une autre indication de ceci vient de Yaqut 4. 454 ; Moubarak, qui était le favori d'al-Mahdi, est appelé à tort mawla d'al-Mu'tasim ou d'al-Ma'mun.
[51] al-Muqaddasi, Ahsan at-Taqasim fi Ma'rifat al-Aqalim, éd. M. J. Goeje (Leyde, 1877), p. 278.
[52] al-Ya'qubi, p. 255 ; Ibn Hawqal, Kitab Surat al-Ard, éd. J. H. Kramers (Leyde 1939), p. 468 ; Ibn Khaldoun, Kitab al'Ibar (Bulaq, 1284), 3. 257 ; Ibn Taghri Birdi, an-Nujum az-Zahira (Le Caire 1929-72), 2. 233 ; an-Nahrawali, p. 123.
[53] al-Balawi, Sirat Ahmad b. Tulun, éd. M. K. 'Ali (Damas 1358/1939), p. 34 appelle Tulun un captif (sabi).
[54] al-Ya'qubi, p. 255-56.
[55] at-Tarabi, 3. 1383.
[56] al-Balawi, p. 34 ; Ibn Jawzi, al-Muntazam (Hyperbad, 1357-1359), 5. 71 ; Ibn Khallikan, Wafiyat al-A'yan, éd. I. 'Abbas (Beyrouth, 1968-72), I. 173.
[57] « Lorsqu'il atteignit Bagdad », c'est-à-dire en 204/819.
[58] al-'Uyun wa'l-Hada'iq, p. 379.
[59] al-Ya'qubi, p. 256.
[60] Balami, 4. 534.
[61] Ibn Taghri Birdi, 2. 233.
[62] Ibn Khurdadhbih, al-Masalik wa'l-Mamalik, éd. M. J. de Goeje (Leyde, 1889), p. 37.
[63] Tayfur, Kitab Baghdad, éd. H. Keller (Leipzig, 1908), p. 172.
[64] al-Muqaddasi, p.340 et Ibn Khurdadhbih, p.39.
[65] al-Balawi, p. 33 ; Ibn al-Jawzi, 5.71 ; Ibn Khallikan, 1. 173; Ibn Taghri Birdi 3. 1.
[66] al-Qazwini, p. 318.
[67] Ibn Dihya al-Kalbi, an-Nibras fi Tarikh Khulafa al-'Abbas, éd. 'A. al-'Azzawi (Bagdad, 1365/1946), p. 65.
[68] al-Ya'qubi, p. 255-56 ; al-Kindi, p. 188-89 ; Ibn Taghri Birdi, 2. 208-09.
[69] al-Mas'udi, 4. 53 ; Ibn Taghri Birdi, 2. 233 ; Ibn Kathir, al-Bidaya wa'n-Nihaya (Le Caire, 1348-1358), 10. 296 ; Bar Hebraeus, Makhtebanut Zabhne, éd. et tr. E. W. Budge, The Chronography of Gregorus Abu'l-Faraj (Londres 1932), 1. 140 ; al-Khatib al-Baghdadi, Tarikh Bagdad (Le Caire, 1931), 3. 346 ; ar-Rashid b. az-Zubayr, p. 214 ; al-Qazwini, p. 385 ; Yaqut, 3. 16.
[70] at-Tabari, 3. 799, 891.
[71] al-Mas'udi, 3. 419.
[72] al-Kindi, p. 192.
[73] al-Jahiz, Manaqib al-Atrak dans Majmu'at ar-Rasa'il, éd. M. as-Sasi al-Maghribi (Le Caire, 1324), p. 37.
[74] Tayfur, p. 217, 268; at-Tabari, 3. 1234, 1383.
[75] at-Tabari, 3. 1140 ; al-Mas'udi, at-Tanbih wa'l-Ashraf, éd. M. J. Goeje (Leyde 1894), p. 190 le qualifie de Turc.
[76] at-Tabari, 3. 1107 ; Miskawayh, Tajarub al-Umam, éd. M. J. Goeje (Leyde, 1869-1871) dans Fragmenta Historicorum Arabicorum, I. 438 ; Abu Zakariya Yazid al-Azdi, Tarikh al-Mawsil, éd. A. Habiba (Le Caire, 1967), p. 352.
[77] al-Kindi, p. 188-89 ; Ibn Taghri Birdi, 2. 208-209.
[78] al-Mu'tasim lui-même considérait ces hommes (les nommant tous sauf Bugha al-Khabir) comme ses agents les plus importants (at-Tabari, 3. 1327).
[79] Ashnas est qualifié de Turc : at-Tabari, 3. 1017, 1306, 1338 ; al-Mas'udi, Muruj adh-Dhahab, 4. 55, 60 ; al-Ya'qubi, Kitab al-Buldan, p. 259 ; al-Ya'qubi, at-Tarikh (Beyrouth, 1960), 2. 475, 479, 481 ; Balami, 4. 524 ; Ibn Taghri Birdi, 2. 243, 245, 255-56, 274 ; Miskawayh, 438 ; Ibn Khallikan, 3. 89 ; Abou Zakariya Yazid al-Azdi, p. 352 ; Ibn al-'Adim, Zubat al-Halab min Tarikh al-Halab, éd. S. ad-Dahhan (Damas, 1951-1968), 1. 69. Il est également considéré comme :
Ghulam : toutes les références dans la note 76.
Mamelouk : al-Ya'qubi, Kitab al-Buldan, p. 256.
Mawla : Yaqut, 3. 16.
Mawla amir al-mu'minin (sur ce terme, voir "From Mawla to Mamluk," pp. 128-33): P. Balog, Umayyad, 'Abbasid and Tulunid Glass Weights and Vessel Stamps (New York, 1976), pp 240-243 (cinq exemples).
[80] Voir les références à la note 76.
[81] at-Tabari, 3. 1103 et al-Kindi, p. 192.
[82] Al-Kindi, p. 194 ; Ibn Taghri Birdi, 2. 229 ; Abou Zakariya Yazid al-Azdi, p. 416.
[83] Vers Amorium : (Avant-garde) à-Tabari, 3. 1236 ; al-Ya'qubi, at-Takrikh, 2. 475 ; (cavalerie) at-Tabari, 3. 1241 : (infanterie) al-'Uyun wa'l-Hada'iq, p. 393 ; (aile gauche) à-Tabari, 3. 1244. Depuis Amorium : (aile droite) à-Tabari, 3. 1260 ; (arrière-garde) at-Tabari, 3. 1261-62.
[84] at-Tabari, 3. 1302 ; al-'Uyun wa'l-Hada-iq, p. 404.
[85] at-Tabari, 3. 1318.
[86] Ibn al-'Adim, 1. 69.
[87] at-Tabari, 3. 1338.
[88] Itakh est qualifié de Turc : at-Tabari, 3. 1306, 1327 ; al-Mas'udi, Muruj adh-Dhahab, 4. 60; al-Ya'qubi, at-Tarikh, 2. 479, 481, 485 ; Balami, 4. 524 ; Ibn Taghri Birdi, 2. 243, 255, 245, 274. I lest également qualifié de:
Khazar : at-Tabari, 3. 1383 ; Ibn Taghri Birdi, 2. 276.
Ghulam : at-Tabari, 3. 1383.
Mamelouk : al-Ya'qubi, Kitab al-Buldan, p. 256 ; Ibn Taghri Birdi, 2. 276.
Mawla amir al-mu'minin : Balog, pp. 246, 248. Sur sa carrière, voir Yudez.
[89] at-Tabari, 3. 1234, 1383 ; Abou Zakariya Yazid al-Azdi, p. 424.
[90] at-Tabari, 3. 1195.
[91] at-Tabari, 3. 1236, 1250.
[92] at-Tabari, 3. 1303, 1307, 1327.
[93] at-Tabari 3. 1322.
[94] al-Ya'qubi, at-Tarikh, 2. 479.
[95] at-Tabari, 3. 1383-87 ; Ibn Taghri Birdi. 2. 276.
[96] Bugha al-Kabir est qualifié de Turc : at-Tabari, 3. 1313 ; al-Ya'qubi, at-Tarikh, 2. 478 ; Ibn Taghri Birdi, 2. 218, 327.
[97] at-Tabari, 3. 1085.
[98] at-Tabari, 3. 1174, 1186-93.
[99] Abou Zakariya Yazid al-Azidi, p. 427 ; at-Tarabi, 3. 1261.
[100] al-Mas'usi, at-Tanbih, p. 356 ; Eutychius, Tarikh al-Majmu'a, éd. L. Cheicho, et al. (Beyrouth, 1906-09), 2. 61 (mais pas à la page 284).
[101] at-Tabari, 3. 1506 ; Ibn Taghri Birdi, 2. 327.
[102] Ibn Taghri Birdi, 2. 327.
[103] Wasif est qualifié de Turc : at-Tabari, 3. 1351, 1479, 1531, 1559, 1687 ; Ibn Habib, Kitab al-Muhabbar, éd. E. Lichtenstadter (Hyderabad, 1361/1942), p. 260 ; al-Ya'qubi, at-Tarikh, 2. 478 Ibn Taghri Birdi, 2. 327, 338, 340 ; Eutychius, 2. 61-62. Il est également considéré comme :
Mamelouk : al-Ya'qubi, Kitab al-Buldan, p. 256 ; Ibn Taghri Birdi, 2. 340.
Mawla : al-'Uyun wa'l-Hada'iq, pp. 409-10 ; Ibn 'Abd Rabbih, 5.121; at-Tabari, 3. 1481.
Mawla amir al-mu'minin : at-Tabari, 3. 1484-85 ; al-Baladhuri, p. 235.
[104] Sur son rôle à Amorium : at-Tabari, 3. 1237.
Comme hajib : al-Ya'qubi, at-Tarikh, 2. 478 ; al-'Uyun wa'l-Hadah'iq, pp. 409-10 ; Ibn Habib, p. 260 ; Ibn 'Abd Rabbih, 5.121; Eutychius, 2. 61.
[105] al-Ya'qubi, at-Tarikh, 2. 502 ; Ibn Taghri Birdi, 2. 338, 240.
[106] Al-Afshin est qualifié de Turc : Masalik al-Mamalik, éd. M. J. de Goeje (Leyde, 1870), p. 292 ; J. Saint Martin, Mémoires historiques et géographiques sur l'Arménie (Paris, 1818-19), 1. 344 en s'appuyant sur les historiens arméniens.
Mawla : ad-Dinawari, al-Akhbar at-Tiwal, éd. A. M. 'Amir et G. ash-Shayyal (Le Caire, 1960), p. 403.
Mawla amir al-mu'muinin : al-Qalqashandi, Subh al-A'sha (Le Caire, 1913-22), 6. 404.
[107] at-Tabari, 3. 1105, 1106.
[108] at-Tabari, 3. 1170-1234, 1236-56.
[109] Voir note 106 ci-dessus.
[110] Le procès d'Al-Afshin, at-Tabari, 3. 1303-18, est imprégné du fait de sa culture iranienne ; pas spécialement 3. 1312 et 1315.
[111] al-Ya'qubi, at-Tarikh, 2. 478 ; Ibn 'Abd Rabbih, 5. 121. Le nom de Muhammad b. Hammad b. Danfash semble indiquer que son père était déjà musulman.
[112] at-Tabari, 3. 1215-16.
[113] at-Tabari, 3. 1076, 1289.
[114] at-Tabari, 3. 1076, 1250 ; al-'Uyun wa'l-Hada'iq, p. 394.
[115] at-Tabari, 3. 1267 ; Miskawayh, p. 501-12.
[116] at-Tabari, 3. 1257, 1266.
[117] at-Tabari, 3. 1265.
[118] at-Tabari, 3. 1194.
[119] at-Tabari, 3. 1325.
[120] al-Mas'udi, Muruj adh-Dhahab, 4. 50.
[121] Abu'l-Faraj al-Istahani, al-Aghani, (Bulaq, 1284-1285), 7. 155.
[122] Ibn Taghri Birdi, 2. 325.
[123] O. Pinto, "Al-Fath b. Haqan, favorite di al-Mutawakkil," Revista degli studi orientali, 13 (1931-32), pp. 133-49.
[124] Erratum : Après avoir envoyé cet article sous presse, l'auteur a eu connaissance d'une erreur de traduction. Veuillez ignorer la citation d'al-'Uyun wa'l-Hada'iq au niveau des notes 44 et 58.