Dans un échec retentissant, le Conseil des relations américano-islamiques (Council on American-Islamic Relations, CAIR) a été débouté, avec préjudice, dans son procès en diffamation contre Andrew Whitehead, d'Anti-CAIR.
Le site Web d'Anti-CAIR, www.anti-cair-net.org, fait mention d'un «arrangement à l'amiable» dont les termes doivent rester confidentiels. Mais Whitehead relève qu'il n'a présenté aucune excuse publique au CAIR, qu'il n'a rien rétracté de ses déclarations ni ne leur a apporté aucune correction et a laissé le site Web d'Anti-CAIR inchangé, de sorte qu'il continue de diffuser les déclarations qui motivèrent l'action en justice du CAIR. En l'espèce, le CAIR s'était plaint de ce que Whitehead l'ait qualifié de «couverture d'une organisation soutenant le terrorisme (…) fondée par des partisans du Hamas» et visant à «faire de l'Islam radical la religion dominante aux États-Unis». Le CAIR protesta aussi contre la déclaration selon laquelle il vise «à renverser la Constitution des États-Unis et à instaurer une théocratie islamique en Amérique».
Voilà qui clarifie les choses. Aucune autre action n'est en cours entre les deux parties. Bref, Whitehead savoure une victoire très agréable et le CAIR subit une défaite humiliante.
À l'origine, le CAIR porta plainte devant un tribunal itinérant de Virginie le 31 mars 2004, affirmant que six déclarations de Whitehead étaient erronées, que Whitehead les avaient émises «en sachant qu'elles étaient erronées» et que ces déclarations étaient passibles de poursuite parce qu'«elles supposent la perpétration d'un délit pénal». Le CAIR affirmait que son «standing et [sa] réputation aux États-Unis et ailleurs» subissaient de ce fait un préjudice et exigea un million de dollars de compensation, et 350000 dollars de dédommagement, plus les frais judiciaires et les intérêts. Et ceci bien que Whitehead ait déclaré à un journaliste: «Je n'en ai pas du tout [d'argent].»
Les cinq déclarations originales citées dans la plainte du CAIR étaient les suivantes:
- «Il ne fait aucun doute que le CAIR est la couverture d'une organisation soutenant le terrorisme, qu'il est en partie financé par des terroristes et que le CAIR aspire à rien de moins que l'instauration de la charia aux États-Unis.»
- Le CAIR est une «organisation fondée par des partisans du Hamas qui cherchent à renverser le gouvernement constitutionnel des États-Unis et à le remplacer par une théocratie islamiste en se servant de notre propre constitution comme d'une protection.»
- «ACAIR rappelle à nos lecteurs que le CAIR a été fondé par des membres du Hamas et qu'il est soutenu par des individus, des groupes et des pays qui approuvent le terrorisme.»
- «Pourquoi s'opposer au CAIR? Le CAIR a des liens établis avec, et a été fondé par, des terroristes islamiques. Le CAIR n'est pas aux États-Unis pour promouvoir les droits civils des Musulmans. Le CAIR est ici pour faire de l'Islam radical la religion dominante aux États-Unis et faire de notre pays une théocratie islamique sur le modèle de l'Iran. De plus, à force d'habiles manipulations des médias populaires, le CAIR est parvenu à se faire passer pour le visage «modéré» de l'Islam aux États-Unis. Le CAIR y est parvenu au point que la majorité de ses membres ne sont pas conscients du fait qu'il soutient activement des terroristes ainsi que des groupes et des pays soutenant à leur tour le terrorisme. En outre, le CAIR reçoit directement des fonds de pays soutenant les terroristes islamiques.»
- «Le CAIR est une organisation fondamentaliste dont l'objectif consiste à renverser la Constitution des États-Unis et à instaurer une théocratie islamique en Amérique.»
En janvier 2005, l'avocat de Whitehead, Reed D. Rubinstein, de Greenberg Traurig LLP's., à Washington, D.C., déposa 327 requêtes de divulgation à l'adresse du CAIR; j'ai publié ce document important et très informatif sous www.danielpipes.org/rr/3511_1.pdf. Whitehead y demande des informations approfondies sur les finances du CAIR, ses relations avec le Hamas, ses liens avec l'Arabie Saoudite et ses contacts avec d'autres islamistes.
Le CAIR commença à donner des signes de difficulté en juin 2005 quand – peut-être en réalisant à quel point ses activités étaient documentées dans le public, ou peut-être pour éviter certaines des divulgations exigées – il amenda sa plainte, abandonnant la quasi-totalité de ses prétentions initiales. La plainte amendée ne présentait plus que deux brèves déclarations comme étant erronées et diffamatoires:
- «Il ne fait aucun doute que le CAIR est la couverture d'une organisation soutenant le terrorisme.»
- Le CAIR cherche «à renverser le gouvernement constitutionnel des États-Unis».
(pour une analyse de cette plainte amendée, voir l'article cosigné par Sharon Chadha et moi intitulé «CAIR Founded by ‘Islamic Terrorists'?»)
En prévision d'une audience de tribunal concernant les divulgations, Rubinstein déposa des interventions auprès du Tribunal itinérant de Virginie en octobre 2005 et en décembre 2005 suggérant d'importants liens entre le comité d'organisation et de contrôle du CAIR et le Hamas ainsi que d'autres islamistes étrangers ou nationaux. Entre autres choses, ces documents alléguèrent les points suivants:
- L'origine du CAIR remonte à un dirigeant central du Hamas (Musa Abu Marzook) et le CAIR a entretenu des liens de longue date avec, et «exploita» les attentats du 11 septembre pour collecter des fonds en faveur de, la Holy Land Foundation, un groupe servant de façade au Hamas.
- Le CAIR est fortement soutenu, financièrement et d'autres manières, par des individus et des groupes suspects d'Arabie Saoudite et des Émirats Arabes Unis.
- Le CAIR déclare que le système judiciaire des États-Unis a été «kidnappé par les intérêts israéliens» et affirme que l'action anti-terroriste des forces de l'ordre contre la Holy Land Foundation fut «une chasse aux sorcières antimusulmane» lancée par «le lobby pro-Israël en Amérique».
Le CAIR refusa de répondre aux requêtes de divulgation d'Anti-CAIR dans sa réponse de novembre 2005 à Rubinstein. Par exemple, il refusa d'admettre que le Hamas tue des civils innocents, de révéler l'identité de ses donateurs saoudiens, de dire s'il aspirait ou non à convertir des Chrétiens américains à l'Islam et de répondre à des questions portant sur les activités antisémites et antiaméricaines de son fondateur et directeur général, Nihad Awad, y compris ses communications avec des terroristes du Hamas, des discours soutenant les attentats-suicide à la bombe et des appels à la violence contre les Juifs.
En mars 2006, peu avant une audience de tribunal destinée à statuer sur plusieurs des requêtes de Whitehead (enjoignant le CAIR de dévoiler ses données financières, de répondre à des questions sur ses relations avec le Hamas et d'autres islamistes et de fournir des informations sur les activités et les intentions de ses dirigeants), l'affaire fut tranchée puis classée avec préjudice sur abandon de la cause (c'est-à-dire que le plaignant a accepté de retirer toutes les affirmations contenues ou ayant pu être contenues dans sa plainte).
Interrogé sur cette issue, le porte-parole du CAIR, Ibrahim Hooper, confirma au New York Sun que l'affaire de diffamation avait été classée sur la demande des deux parties et ajouta que «l'arrangement a été conclu hors du tribunal et porte sur un montant non révélé». Lorsqu'on lui demanda si cela signifiait que Whitehead avait payé son organisation pour qu'elle abandonne sa plainte, Hooper répondit: «Nous avons classé l'affaire.» Lorsque la même question lui fut soumise une deuxième fois, Hooper répéta la même réponse.
Commentaires: (1) J'ai joué un rôle dans cette affaire, car ce fut mon article «Why Is CAIR Suing Anti-CAIR?», publié une semaine seulement après la plainte initiale du CAIR, qui porta le cas à l'attention de Reed Rubinstein et incita le cabinet Greenberg Traurig LLP's à fournir ainsi à Whitehead, gratuitement, un avocat des plus capables.
(2) Dans cet article initial, je me déclarais extrêmement surpris que le CAIR accepte de s'exposer ainsi volontairement à une procédure de divulgation. A-t-il lancé cette action en espérant simplement écraser Whitehead, en qui le CAIR aurait vu une cible facile, pour intimider ses critiques? Ce qui ressemblait dès le début à une erreur s'en révèle donc bel et bien une aujourd'hui; le CAIR se précipitait ainsi dans une impasse juridique, et il semble qu'il ait décidé de changé de cap au dernier moment. Le CAIR préféra l'ignominie de l'abandon de la plainte plutôt que de permettre l'examen public de ses finances, de sa liste de donateurs et des croyances et intentions de ses principaux dirigeants.
(3) Le dossier que le CAIR déposa au tribunal en novembre 2005 contient plusieurs déclarations notables:
- «Le CAIR a acquis un prestige enviable au sein des plus hauts échelons de l'establishment de Washington» (p. 3). Cela est exact et résume bien l'analyse proposée par Sharon Chadha et moi-même dans «CAIR: Islamists Fooling the Establishment».
- Le CAIR «soutient l'Amérique et dénonce le terrorisme dans des déclarations adressées au grand public, ce qui lui vaut justement l'animosité des terroristes dont Whitehead prétend qu'ils sont soutenus par le CAIR» (p. 6). Cela sonne bien en effet, mais le CAIR n'a fourni aucune preuve de cette «animosité» dans son dossier.
- «Le CAIR a communiqué avec de nombreux membres du Sénat des États-Unis en ce qui concerne tant la Holy Land Foundation que la Global Relief Foundation» (p. 27-28). Voilà qui est nouveau. On se demande bien quelles informations le CAIR a fourni sur ces deux groupes finançant le terrorisme.
- Le CAIR déclare qu'il «avertit Frontpagemag.com d'avoir à comparaître en justice à propos d'un photomontage utilisé pour illustrer un article» rédigé par Whitehead (p. 28). Il est amusant que le CAIR, justement célèbre pour avoir falsifié une photographie, accuse FPM de le faire. En fait, FPM publia simplement un ensemble, comme il le fait usuellement, montrant en l'occurrence Hooper et des éléments du Hamas en arrière-plan.
(4) Hooper déclara que l'affaire avait été réglée pour «un montant non révélé» mais n'indiqua pas dans quel sens le montant changea de mains. L'arrangement étant confidentiel, on ne peut que spéculer. Peut-être que le CAIR cherchait désespérément à se sortir de l'affaire pénible, embarrassante et nuisible qu'il avait lui-même créée? Rubenstein sembla le suggérer en observant que le CAIR devint soudain beaucoup plus disposé à négocier à la fin de 2005, lorsqu'un juge estima que le CAIR devrait révéler les détails de son financement et de ses liens avec le Hamas et d'autres groupes terroristes. Rubenstein déclara au New York Sun que l'action en justice «aurait fait la lumière sur les finances du CAIR, sur leurs relations, leurs principes et leurs motivations idéologiques d'une manière qu'ils ne voulaient pas rendre publique».
(5) Selon l'analyse des déclarations initiales de Whitehead élaborée par le CAIR lui-même, celles-ci «supposent la perpétration d'un délit pénal» par le CAIR dans la mesure où elles suggèrent que le CAIR «soutient activement» des terroristes et plaide pour le «renversement» de la Constitution des États-Unis en faveur de la loi islamique. Il faut souligner qu'aucune de ces déclarations n'a été trouvée erronée, qu'elles n'ont pas été rétractées et qu'elles restent publiées sur le site Web d'Anti-CAIR.
(6) L'échec de cette action en justice, combinée à l'issue, plus récente encore, de deux autres affaires légales du CAIR (contre Cass Ballenger et David Harris) semble indiquer que le CAIR n'est plus plaignant dans aucune action en justice. D'une manière plus générale, ce que j'ai appelé en 2004 sa «tendance croissante à la litigiosité» semble stoppée.
(7) À présent que les espoirs du CAIR d'écarter ses opposants dans l'arène judiciaire sont vaincus, au moins temporairement, la prochaine étape pour ceux d'entre nous, en Amérique du Nord, qui ne souhaitent pas vivre sous la loi islamique doit consister à contrecarrer les ambitions sociales et politiques de cette organisation. Je fournis ma contribution à cet effort en annonçant aujourd'hui même la création d'«Islamist Watch» (Observatoire de l'islamisme), un nouveau projet visant à combattre les idées et les institutions non violentes de l'Islam radical aux États-Unis et dans d'autres pays occidentaux.