En démissionnant de son poste de directrice de la Khalil Gibran International Academy (KGIA), Dhabah («Debbie») Almontaser mettait un point d'orgue à une remarquable campagne citoyenne critiquant l'establishment de New York City. Mais la lutte continue. La prochaine étape consiste à faire supprimer l'école elle-même.
Les cinq mois d'efforts visant l'éviction d'Almontaser débutèrent en mars avec plusieurs analyses (dont l'une de votre serviteur) signalant les problèmes politiques et religieux inhérents à une école exploitée en arabe. En juin, un groupe de résidents inquiets de New York City se sont joints à des experts (dont mon confrère, R. John Matthies) pour créer la «Stop the Madrassa Coalition» en vue d'empêcher une islamiste déclarée de diriger une école financée par des fonds publics.
La coalition, formée de 150 personnes, a mené des recherches, assisté à des manifestations, couvert de lettres les pouvoirs publics (notamment le maire Michael Bloomberg et le responsable des écoles Joel Klein), interpelé des journalistes et multiplié les interventions à la radio et sur les chaînes de télévision nationale. Les chances semblaient extrêmement faibles, d'autant plus que les médias de la ville soutenaient clairement l'ouverture de la KGIA, avec Almontaser à sa tête, et dénonçaient ses critiques.
Au début août, les efforts persévérants de la coalition ont fini par déboucher sur les circonstances qui allaient entraîner le départ d'Almontaser. Pamela Hall, une de ses leaders, photographia des t-shirts portant l'inscription «Intifada NYC» et vendus par une organisation, «Arab Women Active in Art and Media» (Femmes arabes actives dans les arts et les médias) qui partage des bureaux à Brooklyn avec la «Saba Association of American Yemenis» (Association Saba des Yéménites américains). Or il se trouve qu'Almontaser est membre du comité directeur et porte-parole de l'Association Saba.
Certes, cet appel à un soulèvement de style palestinien à New York n'avait qu'un lien extrêmement ténu avec Almontaser. Elle aurait fort bien pu s'en tenir au silence qu'elle entretenait depuis des mois, à son avantage. Mais la directrice de la KGIA a aussi une tendance bien confirmée à prendre position sur des thèmes politiques et elle n'a pas pu, semble-t-il, résister à la tentation de défendre les t-shirts, déclarant au New York Post que le terme intifada
signifie à la base «secouer, se débarrasser de». C'est la racine de ce terme si vous en consultez le sens en arabe. Je comprends bien qu'il revête une connotation négative due au soulèvement dans zones israélo-palestiniennes. Je ne crois pas qu'il trahisse la moindre intention de provoquer ce type de violence à New York City. Je pense que c'est une occasion pour les jeunes femmes d'exprimer leur participation à la société de New York City (…) et de se débarrasser de l'oppression.
Cette petite apologie gratuite du terrorisme suicidaire détruisit le résultat de plusieurs mois de silence et de plusieurs années de travail d'Almontaser, suscitant des éditoriaux cinglants et des dénonciations acerbes de politiciens. La réaction peut-être la plus dévastatrice a été la lettre sévère de Randi Weingarten, président de l'United Federation of Teachers (Union des enseignants), qui soutenait Almontaser auparavant. Almontaser déposa une lettre de démission amère quatre jours à peine après la publication de sa déclaration d'apologie pour l'intifada.
«Je demeure persuadé du succès de la Khalil Gibran International Academy», déclara le chancelier Klein à la suite de la démission d'Almontaser. Très bien, mais la perspective de l'ouverture de la KGIA le 4 septembre 2007 reste incertaine. Considérons la liste de ses problèmes: l'école n'a pas de directeur, elle n'a que cinq enseignants et son effectif d'élèves est de 25% inférieur au niveau requis. De plus, elle doit affronter l'opposition déclarée de politiciens tels que le membre de l'Assemblée Dov Hikind et elle est extrêmement impopulaire; un sondage non scientifique d'America Online portant sur 180.000 abonnés suggère que les quatre cinquièmes du public sont opposés à l'école.
Si le départ d'Almontaser est très positif, il ne change rien au reste du personnel problématique de l'école et répond encore moins aux questions fondamentales posées par une école prodiguant un enseignement en langue arabe – tendance à proposer des contenus islamistes et arabistes, prosélytisme.
Pour répéter mon appréciation de mars dernier, la KGIA est en principe une excellente idée, car les États-Unis ont besoin de davantage d'arabophones. Mais en pratique, un enseignement en arabe demande une surveillance particulière.
En d'autres termes, la ville devrait prendre des mesures afin de rendre la KGIA acceptable – en supprimant ses objectifs actuels, en remaniant totalement sa mission, en nommant un nouveau comité directeur, en désignant de nouveaux enseignants et en imposant les contrôles nécessaires aux plans éducationnels et politiques.
Hélas, les déclarations du maire et du responsable des écoles indiquent clairement que ces mesures ne sont pas à l'ordre du jour. Ainsi, aussi longtemps que les autorités de la ville maintiendront cette position à l'égard de la KGIA, je continuerai d'appeler à refuser l'ouverture de l'école avant qu'elle ne soit correctement structurée et supervisée.
Les lecteurs du même avis peuvent faire part de leurs réflexions au responsable des écoles Joel Klein à l'adresse JKlein@schools.nyc.gov.