Traduit par Frédéric Ciafferi
La pizzeria est située à l'intersection d'une des voies piétonnières les plus fréquentées d'Israël et elle était littéralement grouillante de familles lorsque le terroriste palestinien y pénétra discrètement, jeudi dernier. Se plaçant de façon délibérée au milieu d'enfants et de bébés, il fit exploser le paquet plein de clous et de billes qu'il portait, se déchiquetant lui-même ainsi que 16 Israéliens, et mutilant plus de 100 autres personnes.
Moins de deux heures plus tard, le Djihad islamique et le Hamas revendiquaient ensemble ce massacre. Plus tard dans la journée, des milliers de Palestiniens manifestaient joyeusement à Ramallah pour célébrer le carnage. Afin de prouver qu'il avait effectivement commandité cette action, le Hamas fit circuler une photo du porteur de bombe avec une Kalachnikov dans une main et le Coran dans l'autre.
Politique de retenue
Le massacre de jeudi et l'attentat à la bombe d'hier au restaurant de Haïfa font suite à quelque 80 attentats-suicides ou tentatives d'attentats à la bombe perpétrés par des Palestiniens contre des civils israéliens (et américains) depuis la signature des accords d'Oslo en 1993. Le massacre de la semaine dernière amène le total des Israéliens tués par des Palestiniens à plus de 450 depuis septembre 1993.
Cette violence contrevient de manière flagrante aux accords d'Oslo, par lesquels les Palestiniens ont renoncé à l'utilisation de la force et ont promis de n'utiliser que des moyens politiques pour atteindre leur but. Pire, l'Autorité palestinienne (AP) a parrainé une infrastructure terroriste de proportions effrayantes, avec des appels télévisés réguliers aux candidats à l'attentat-suicide et un véritable arsenal d'armes automatiques, de grenades, de mortiers, de roquettes Katioucha et de missiles anti-tanks. Les derniers mois ont montré que les civils israéliens sont pris pour cibles tant par les propres forces de l'AP (Tanzim, Force 17 et les combattants du Fatah) que par des organisations illégales telles que le Hamas, le Djihad islamique, le Hezbollah, Oussama Ben Laden, le Front Populaire de Libération de la Palestine et le Front Démocratique pour la Libération de la Palestine.
En dépit de cette flambée de violence, la plupart des Israéliens continuent d'espérer qu'un accord sera trouvé. En effet, même en mai dernier – quand fut commis le pire attentat de la série, tuant 21 adolescents israéliens –, les autorités de Jérusalem n'ont pas réagi, dans l'espoir de parvenir à un règlement. Et les interventions menées par Israël vendredi dernier – fermeture de quelques immeubles palestiniens à Jérusalem et destruction totale d'un poste de police vide – constituaient plus une action symbolique qu'un véritable effort sécuritaire.
La retenue israélienne est admirable, aujourd'hui et tout au long des huit dernières années. Mais on peut se demander quand le gouvernement se décidera à défendre ses citoyens plus efficacement?
De son côté, le gouvernement américain doit cesser de répéter la rengaine du retour à la table de négociation (ainsi que vient de le faire Colin Powell en réponse à l'attentat à la bombe de Jérusalem). Au lieu de cela, il devrait donner carte blanche à Israël pour protéger ses citoyens et l'encourager à prendre des mesures contre la sauvagerie terroriste.
Le temps est également venu pour les États-Unis d'apporter leur soutien à Israël en repoussant les forces de la terreur. Les USA sont touchés très intimement par l'attentat de la pizzeria. Non pas seulement parce que ce restaurant fait partie d'une chaîne basée à New York. Ni parce qu'au moins deux des victimes sont américaines, y compris une enseignante enceinte d'une école de Passaic (New Jersey). Le lien avec l'Amérique est beaucoup plus profond: l'existence même du Hamas et du Djihad islamique dépend largement de l'organisation et du financement organisés par des individus vivant aux États-Unis.
Cela peut paraître choquant, voire incroyable. Mais plusieurs éléments relient bel et bien le Djihad islamique et le Hamas à l'Amérique:
www.qudscall.com. Comme d'autres groupes de terroristes islamiques, le Djihad islamique a créé des sites Web dans l'oasis de sécurité offerte par l'Occident. Ses deux premiers sites sont enregistrés et hébergés à Houston, au Texas (par une organisation appelée Web Site Source, Inc) et à Toronto au Canada. Le site basé aux États-Unis est à l'origine des communiqués militaires du groupe, dont ceux revendiquant la responsabilité d'actions terroristes. De plus, qudscall.com appelle aux armes: «Notre lutte, en Palestine, contre les fils d'Israël est un combat civilisationnel, idéologique, historique et existentiel. Notre guerre contre eux est longue et difficile. Notre fondement est le Coran. Notre voie est le Djihad.» D'autres passages sont plus explicites, appelant au meurtre des Juifs et à porter des attaques contre des Américains. De manière encore plus cynique, le Djihad islamique sollicite des dons pour lui permettre de mener son djihad (guerre sacrée) contre Israël. Il indique trois adresses où effectuer ces dons, toutes situées dans des villes sous contrôle de l'Autonomie palestinienne - les Associations caritatives de Gaza, Jénine et Bethlehem. Dans chacun des cas, un numéro de compte bancaire et d'autres détails sont gracieusement fournis. Un haut responsable de l'AP a officiellement témoigné devant un tribunal américain que cette association caritative n'est qu'une façade pour le Djihad Islamique. Le site Web indique clairement le but des dons: «Soutenez financièrement le djihad militaire».
www.palestine-info.net est le site Web officiel du Hamas. Bien qu'officiellement installé au Liban, il est entretenu et actualisé depuis la Floride. Il contient des revendications d'attentats terroristes, des listes détaillées des attentats terroristes «glorieux», des fatwas approuvant les attentats-suicides à l'explosif, des interviews des dirigeants du Hamas, des biographies des kamikazes et des appels virulents à attaquer les Juifs.
L'Association Islamique pour la Palestine et la Holy Land Foundation for Relief and Development sont deux organisations basées aux États-Unis (avec des bureaux au Texas, en Illinois et dans le New Jersey) qui soutiennent politiquement le Hamas.
Le Comité Islamique pour la Palestine (ICP), et World and Islam Studies Enterprise (WISE) sont également basés aux États-Unis. L'ICP est l'une des nombreuses organisations «caritatives» directement liée au Djihad Islamique (il a été fermé par le FBI en 1995 pour cette raison). Une vidéo rendue publique par le Service de l'Immigration et de la Naturalisation (INS) montre Fawwaz Damra, un imam de Cleveland, annonçant fièrement que l'ICP «est le bras actif du Mouvement du Djihad islamique en Palestine». Il ajoute qu'aux États-Unis, «pour des raisons de sécurité», il est appelé le «Comité Islamique pour la Palestine». William West, de l'INS, qualifie l'ICP et WISE «d'organisations de façade dont le but consiste à collecter de fonds pour les organisations terroristes du Djihad islamique et du Hamas». Monsieur West note également que ces deux organisations font pénétrer aux États-Unis des ressortissants étrangers «qui occupent une fonction active et/ou dirigeante au sein du Djihad islamique, du Hamas et d'autres organisations terroristes». Il fait ainsi allusion au fait que WISE et l'ICP ont fait obtenir des visas d'entrée aux États-Unis aux trois membres de la direction du Djihad Islamique.
Il faut signaler ici surtout le cas de Ramadan Abdallah Challah, qui enseigné plusieurs années durant à l'université de Tampa, en Floride du Sud, mais qui vit à Damas depuis 1995 où il n'est autre que le principal dirigeant du Djihad islamique.
Et le responsable de l'ICP et de WISE, Sami Al Arian, a également été titulaire d'une chaire de l'université de Floride du Sud. En dépit de ce que l'on sait depuis des années au sujet de l'ICP et de WISE, il demeure en poste dans son université et a même été invité à quatre reprises à la Maison Blanche au cours des quatre dernières années.
Camouflage dérisoire
Il n'est pas bien difficile de comprendre ce que le gouvernement américain devrait faire, à commencer par exclure des réceptions de la Maison Blanche les dirigeants des organisations de façade des groupes terroristes. Ensuite, les autorités fédérales doivent faire usage des instruments dont elles disposent pour fermer ces sites Web et ces organisations. En 1995, un ordre exécutoire présidentiel les autorise à interdire, aux États-Unis, toute transaction financière impliquant douze groupes, parmi lesquels le Djihad islamique et le Hamas. Une loi de 1996 donne à Washington le pouvoir de geler les avoirs de tels groupes.
Malgré ces lois, pratiquement rien n'a été fait pour mettre un terme aux activités des organisations de façade du Hamas et du Djihad islamique. La raison en est d'une simplicité embarrassante. Les deux groupes sont suffisamment habiles pour ne pas se faire enregistrer sous leur propre nom. Ce camouflage dérisoire fonctionne parfaitement; le gouvernement américain se trouve dans l'impasse et laisse les groupes agir librement.
Le temps est venu pour les États-Unis de stopper les activités des organisations terroristes sur son territoire, même si elles n'ont pas l'obligeance de porter leur vrai nom.