Bien que n'étant pas à proprement parler un phénomène islamique, car nulle part la loi islamique n'appelle à couper les organes génitaux féminins, la pratique est presque entièrement limitée aux sociétés musulmanes, et logiquement donc, elle découle de certaines hypothèses de base islamique sur la sexualité et les moyens de commander une société juste. La pratique semble avoir son origine dans le sud de l'Egypte ou au nord du Soudan; en dehors de l'Afrique, elle est limitée à quelques groupes ethniques musulmans en Asie du Sud et dans la péninsule arabique. Environ 130 millions de femmes souffrent de la mutilation aujourd'hui, avec quelques 2 millions qui sont excisées chaque année.
Dans une enquête sur 41 pays, 28 d'entre eux de tradition musulmane en Afrique et 13 d'entre eux des lieux où une forte immigration des Africains musulmans a eu lieu (9 en Europe occidentale, 2 en Amérique du Nord, 2 en Océanie), Rahman et Toubia fournissent une comparaison des lois et des attitudes du public envers les mutilations génitales féminines. Les auteurs consacrent beaucoup trop de leur étude au droit international des droits de l'homme, une concoction de l'ONU et d'autres chartes, pactes, déclarations, plateformes, et programmes - qui ont tous un effet très limité. Beaucoup plus intéressant est leur examen attentif des lois et politiques nationales portant sur les mutilations génitales féminines. Bien qu'aucun pays n'ait une interdiction constitutionnelle contre les mutilations génitales féminines, trois pays africains (Ethiopie, Ghana, Ouganda) ont adopté des dispositions rendant effectivement cette pratique illégale. Seize pays (9 en Afrique, 7 d'entre eux industrialisés) ont criminalisé la pratique. En Australie, il s'avère, que couper les lèvres est illégal à quelques légères exceptions près - dont l'une est l'opération de changement de sexe. En Egypte, l'activité intense des tribunaux s'est terminée par la plus haute juridiction administrative déclarant en 1997 que l'islam ne sanctionne pas les mutilations génitales féminines. La France est le pays qui a le plus énergiquement pris des mesures de répression, avec au moins vingt-cinq poursuites, en général, les parents ont reçu des peines avec sursis, mais les praticiens ont été mis en prison, avec une peine allant jusqu'à huit ans. En revanche, si les lois fédérales et d'état sont entrées en vigueur aux États-Unis, il n'y a pas eu de poursuites judiciaires à ce jour.