Dresch, un conférencier d'Oxford, raconte encore une fois l'histoire du XXe siècle du Yémen avec un panache rare, rendant l'histoire habituellement ennuyeuse des imams, des hommes forts, et du côté arriéré[du pays]presque agréable à parcourir. Typique de son style est un aveu narquois dans la préface de sa tentation de remplacer le titre de l'éditeur ennuyeux comme la pluie par un titre de style yéménite plus exotique ("Le chameau trotte lourdement chargé avec des informations de l'Hadramawt, de Sanaa et d'Aden"). Dresch un anthropologue culturel, montre une bonne connaissance de l'histoire, alors même qu'il la truffe d'anecdotes, de poésie et de citations de journaux.
Son histoire effleure les thèmes, mais si elle en a un, ce serait la façon dont les frontières inventées par les suzerains impériaux un siècle plus tôt ont acquis de plus en plus de réalité et de résonance émotionnelle avec le temps. Le "Yémen", comme la "Scandinavie" ou "la Syrie", a été à travers les âges une expression géographique se référant à une unité culturelle distincte; comme ces autres noms, il n'avait pas de réalité politique spécifique. "Une grande partie de l'histoire du Yémen pendant le XXe siècle est associée aux efforts pour former cet état, qui a finalement été établi en 1990." Lorsque cette politique unifiée a vu le jour, Dresch la juge ainsi: «L'Etat s'avère être beaucoup comme d'autres Etats. Le pays reste singulier."
La singularité c'est que l'auteur se délecte, depuis la prise de drogue, le jouet de jeu du dernier imam (roi) du Yémen jusqu'aux points forts de la culture du pays (à propos de laquelle il a ceci à dire: «Ce qu'a le Yémen ce serait plutôt un excès de culture et l'on pourrait étudier toute une vie et toujours ne pas voir l'importance de ce qu'on a lu ou entendu »). Avec Dresch pour guide, le lecteur qu'il le veuille ou non baigne dans une ambiance approbatrice du Yémen, tout en apprenant son histoire officielle.