Arrivant au Caire pour la première fois en juin 1971, j'avais [déjà] deux ans d'études de l'arabe "à mon crédit" mais j'étais encore incapable de dire quoi que ce soit ou de comprendre plus d'un mot ici et là. Comme tant d'autres étudiants de l'arabe moderne écrit, je ne m'attendais pas à m'occuper [un jour] de la langue que les Arabes parlent dans la pratique.
Pour maîtriser le dialecte cairote, j'avais acquis une série (une batterie) de grammaires et suivi des cours au Centre pour l'Etude de l'Arabe à l'Etranger [à l'université américaine du Caire]. Malgré d'excellents professeurs, j'ai trouvé le travail frustrant, car tous les manuels [consultés] supposaient une absence de connaissance de la langue arabe et commençaient tout au début. Mais moi je connaissais déjà l'arabe écrit et j'avais seulement besoin d'apprendre comment faire les ajustements pour parler la langue égyptienne quotidienne.
Comme ce serait judicieux, ai-je souvent pensé, si quelqu'un préparait un manuel [une sorte de guide] pour ceux d'entre nous déjà formés en arabe écrit. J'ai si souvent déploré l'absence d'un tel livre que mes amis ont finalement insisté pour que j'entreprenne le projet moi-même. J'ai rédigé le livre pendant les derniers mois de mon séjour au Caire, au printemps de 1973. La grammaire a alors traîné pendant huit ans dans un tiroir et j'ai tourné mon attention vers d'autres choses.
Puis le Dr James A.Snow de l'Institut du Service Etranger du Département d'Etat a manifesté son intérêt pour que cette étude soit éditée et il a accepté de fournir des conseils et une aide dans le domaine de l'édition. Alors, comme personne d'autre n'était disponible pour préparer le manuscrit pour la publication, il a fait cela aussi. Pour ses nombreux efforts, je lui suis très reconnaissant et lui dois beaucoup. Toutes les erreurs qui peuvent rester [dans le texte] sont, bien sûr, de ma seule responsabilité.
Dans le but de faire court, je suppose acquise une connaissance approfondie de la langue arabe écrite et moi j'insiste seulement sur la façon dont le dialecte diffère de la la langue arabe écrite. Faire autrement aurait été contraire à l'objectif de ce manuel. « Egyptien » est un raccourci pour désigner l'arabe parlé au Caire par des personnes ayant une certaine culture.
Le Foreign Service Institute (FSI) , [chargé des relations vers l'étranger] a publié la grammaire en 1983 et il porte, dans la bibliothèque du Congrès, la référence PJ 6779P561983. Le livre a eu un lectorat restreint mais constant au cours des décennies [passées] ; profitant de la technologie moderne, j'ai rendu ce livre disponible sur ce site, avec possibilité de le télécharger, à http://www.danielpipes.org/books/an-arabists-guide-to-egyptian-colloquial.pdf. J'ai posté le manuscrit, avec des corrections et j'espère que cette copie permettra à mes successeurs de naviguer à travers les joies et les difficultés de l'arabe tel qu'il est parlé au Caire.
Mise à jour du 1er janvier 2010 : Anne-Marie Delcambre écrit au sujet de mon petit livre de grammaire « Voici pourquoi Daniel Pipes ne peut pas réagir comme Bat Ye'or ou comme le Père Samuel, quand il s'agit du monde arabe. C'est un arabisant et un bon arabisant qui prononce bien l'arabe. »
J'apprécie l'éloge venant d'une arabisante accomplie. Au-delà des paroles gentilles, cependant, son commentaire soulève l'intéressante question de savoir si et comment l'étude d'une langue approfondit la compréhension de la culture étudiée. Voici quelques reflexions contradictoires sur un sujet complexe.
Il est absurde d'imaginer que quelqu'un étudie, par exemple, les Etats-Unis ou la France sans connaître l'anglais ou le français.
Même si j'ai passé cinq ans à étudier l'arabe et ai même écrit cette grammaire, je n'utilise pas beaucoup l'arabe ces jours-ci. J'apprends plus à partir d'informations en d'autres langues et mes interlocuteurs arabes généralement parlent anglais plus couramment que je ne parle l'arabe.
De nombreux spécialistes universitaires que Campus Watch et moi critiquons, connaissent souvent bien l'arabe. Est-ce que cela sert à améliorer leur compréhension ?
Quand il est sorti en 1989, j'ai fait l'éloge du « Closed Circle » : une interprétation des Arabes par David Pryce-Jones comme « Un point de repère pour comprendre la politique du Moyen-Orient. » Pourtant Pryce-Jones ne connaît pas l'arabe. Il y a aussi beaucoup d'autres études utiles et importantes effectuées par des non-arabisants sur les Arabes.