Traduction pour INFO'SION, par Nicole Benattar
Que signifie le mot arabe djihad ? Une réponse nous a été donnée la semaine dernière, lorsque Saddam Hussein a demandé aux chefs islamiques d'appeler les musulmans du monde entier à se joindre à son djihad afin de vaincre «les méchants américains», menaçant ensuite lui-même les Etats-Unis de djihad.
Comme ceci l'indique, le djihad est «la guerre sainte». Plus précisément, le terme connote la tentative juridique, et générale d'accroître les territoires régis par les Musulmans, au détriment des territoires régis par les non-Musulmans.
Le but du djihad n'est donc pas la propagation de la foi islamique mais l'extension du règne souverain de l'islam (bien sûr, la foi suit souvent de près le drapeau.) Le djihad est donc, par nature, intrinsèquement offensif, son but ultime étant la domination des Musulmans sur la terre entière.
Au cours des siècles, le concept de djihad a oscillé entre deux pôles plus ou moins radicaux. Le premier considère que les Musulmans qui ont une interprétation différente de leur foi sont des infidèles et deviennent donc des cibles légitimes du djihad.
Ce qui explique pourquoi les Algériens, les Egyptiens et les Afghans ont souvent été victimes du djihad, tout comme les Américains et les Israéliens. La deuxième conception, teintée de mystique, rejette la définition militaire du djihad et préconise aux Musulmans de se retirer du monde pour atteindre une profonde spiritualité.
Le djihad, en tant qu'expansion territoriale, a toujours été au centre de la vie musulmane. C'est ainsi que les Musulmans en sont venus à régner sur la majeure partie de la péninsule Arabique, dès la mort du prophète Mahomet, en 632. C'est ainsi qu'un siècle plus tard, les Musulmans avaient conquis une région s'étendant de l'Afghanistan à l'Espagne. Par la suite, le Djihad a inspiré et justifié la conquête, par les Musulmans, de l'Inde, du Soudan, de l'Anatolie et des Balkans.
A l'heure actuelle, le Djihad est la principale cause du terrorisme, et provoque une campagne de violence dans le monde entier par le truchement d'organisations qui se réclament du djihad :
- Le front international du djihad contre les Juifs et les Croisés, le groupe d'Ossama ben Laden.
- Le Djihad Laskar : responsable du meurtre de plus de 10000 Chrétiens en Indonésie.
- Harakat el Djihad el Islami : un des principaux fauteurs de violence au Cachemire.
- Le Djihad islamique palestinien : le groupe terroriste anti-israélien le plus haineux.
- Le Djihad islamique égyptien : qui a tué le président Anouar el Sadate, en 1981 et fait de nombreuses autres victimes depuis lors.
- Le Djihad islamique yéménite : qui a tué trois médecins américains, lundi dernier.
Mais, à l'heure actuelle, le visage le plus terrifiant du djihad se dévoile au Soudan. Jusqu'à ces dernières années, la devise du parti au pouvoir était «Djihad, Victoire et Martyre».
Depuis vingt ans, et sous les auspices du gouvernement, les tenants du djihad attaquent les non- musulmans, pillent leurs biens et tuent les hommes. Ces mêmes Islamistes réduisent enesclavage des dizaines de milliers de femmes et d'enfants, les forcent à se convertir à l'islam, leur font faire des marches forcées, les battent et les condamnent aux travaux forcés. Les femmes et les jeunes filles subissent des viols collectifs rituels, des mutilations de leurs organes génitaux et une vie de servitude sexuelle. Le djihad d'Etat, au Soudan, a déjà causé la mort de deux millions de personnes et le déplacement de quatre millions d'individus. Ce qui fait de lui la plus grande catastrophe humanitaire de notre époque.
En dépit du fait que le djihad est une source de conflit depuis 14 siècles, provoquant des souffrances incroyables, ses apologistes et les universitaires musulmans prétendent qu'il n'autorise que la lutte défensive ou qu'il est absolument non-violent.
Trois professeurs américains d'études islamiques n'hésitent pas à soutenir cette thèse. Ils décrivent le Djihad comme «une tentative d'éradiquer le mal qui est en chaque individu et ses manifestations dans la société (Ibrahim Abou Rabi, Séminaire de Hartford), ou comme «la résistance à l'apartheid et la lutte pour les droits des femmes» (Farid Eseck, Séminaire d'Auburn), voire comme le fait d'être «un meilleur étudiant, un meilleur collègue, un meilleur collaborateur. Par-dessus tout, mieux contrôler sa colère» (Bruce Lawrence, Duke University).
Il serait merveilleux que le djihad évolue vers une forme aussi peu agressive que le contrôle de la colère, mais il y a peu de chances que cela se produise sur un simple coup de baguette magique. Bien au contraire, prétendre que le djihad est inoffensif empêche les efforts sérieux d'autocritique et de révision de son interprétation.
La route qui éloigne du terrorisme, de la conquête et de l'esclavage passe par une franche reconnaissance, par les Musulmans, du rôle historique du djihad, suivie d'excuses aux victimes, et de la création d'une base islamique pour un djihad non-violent, et surtout (et c'est la condition la plus difficile) l'arrêt effectif des violences du djihad.
Malheureusement, ce processus de rédemption n'est pas en cours actuellement et le djihad violent se poursuivra probablement jusqu'à ce qu'il soit écrasé par une force militaire supérieure - que Donald Rumsfeld, secrétaire d'Etat à la défense, veuille bien en prendre note.
Ce n'est qu'après avoir été vaincus, que les Musulmans modérés pourront faire entendre leur voix et entreprendre vraiment la rude tâche de moderniser l'islam.