«C'est une erreur de faire retomber la faute sur l'islam, une religion datant de 14 siècles, pour le mal qui doit être attribué à l'Islam militant, une idéologie totalitaire datant de moins d'un siècle. L'Islam militant est le problème, mais l'Islam modéré est la solution. »
~ Daniel Pipes
Richard Pipes, professeur d'histoire, titulaire de la chaire de recherche Baird, raconte dans son livre récent, Vixi, que lorsque Daniel, son premier enfant, était né en 1949, il s'était senti comme s'il était lui-même en train de renaître. Pour marquer l'événement il avait même arrêté de fumer.
Et, en un sens, avec la naissance de Daniel, Richard Pipes en effet renaissait, était peut-être même cloné. De Daniel, licence 1971, doctorat (Ph.D) 1978 (Sur les débuts de l'histoire islamique), les anciens auraient dit « c'est son père tout craché ». Les deux sont essentiellement solitaires, sans appartenance [identitaire] (le sous-titre de Vixi [J'ai vécu] est Mémoires d'un « Non-Belonger »), et combattants. Pipes, le père, farouchement partisan de la guerre froide anti-communiste, chef de l'équipe B du Président Ford (formée pour évaluer les estimations de la CIA sur les intentions nucléaires des Soviétiques) et conseiller pour la politique soviétique du président Reagan, a été maudit comme un «misérable anti-Soviétique» par la Pravda et assez marginalisé à Harvard pour ses prises de position politique.
D'une certaine façon, Daniel, un spécialiste sur l'islam comme influence dans l'histoire, est encore plus marginal que son père. Fondateur et directeur de son propre think tank, le Middle East Forum (MEF), son rôle actuel dans le monde universitaire est celui de la mouche du coche. Bien qu'il ait enseigné l'histoire du monde de 1978 à 1982 à l'Université de Chicago, l'histoire à Harvard de 1983 à 1984, et la stratégie politique à l'Ecole navale de guerre de 1984 à 1986, il s'est séparé de l'université à la satisfaction des deux, semble-t-il. «J'ai la politique simple d'un chauffeur de camion», a t-il déclaré à un journaliste, "pas la politique complexe d'un universitaire. Mon point de vue n'est pas du goût des institutions de l'enseignement supérieur. » Plus agréable fut son passage parmi le personnel de la planification des politiques au Département d'Etat en 1983 et ses sept années en tant que directeur d'un think tank de Philadelphie appelé le Foreign Policy Research Institute (Institut de recherche de politique étrangère), avant de démarrer le Forum du Moyen-Orient en 1994.
Au Forum du Moyen-Orient, il est l'éditeur du Middle East Quarterly, qui, dit-il, «cherche des voix exclues du débat scientifique, des voix plus en harmonie avec les vues pro américaines de l'Américain moyen. » Et il a lancé Campus Watch,[l'observatoire du campus] un site web et bureau de ceux qui parlent (speaker's bureau)qui surveille les études sur le Moyen-Orient dans les universités d'Amérique du Nord-«une sorte de Consumer Reports* », [magazine mensuel américain publié par une association de consommateurs (NDLT)] dit-il, « pour les élèves, les parents, les anciens, et les législateurs » pour faire connaître ce que certains considèrent comme des préjugés et des inexactitudes. C'est encore une autre source d'irritation pour les critiques comme Rashid Khalidi, professeur d'études arabes titulaire de la chaire d'Edward Saïd et directeur du Middle East Institute à l'Université Columbia, qui qualifie les Veilleurs du Campus de « voyous intellectuels»; Juan Cole, professeur d'histoire à l'Université du Michigan, estime que le projet est du "cyber-harcèlement". «Maccarthysme brut» et «totalitarisme» sont les termes les moins virulents utilisés par les autres savants pour décrire Campus Watch. En outre, Pipes est maintenant dans sa dernière année en tant que directeur de l'Institut américain de la Paix financé au niveau fédéral
Auteur de 12 livres, Pipes produit une quantité de rubriques de journaux et de blogs à une vitesse vertigineuse. Son site reçoit environ 50.000 visites chaque semaine. Il appelle son œuvre «recherche appliquée. » «Tout comme la technologie est la science appliquée, dans mon cas le savoir appliqué est appliqué à histoire; ayant étudié l'histoire, la religion, la culture et les langues, j'interprète ce qui se passe en ce moment immédiat à travers ces prismes. » Dans son cas, l'érudition appliquée est l'arme de ce qu'il appelle «le corps-à-corps» avec l'islam militant (ou islam radical, wahhabisme, ou islamisme, termes qu'il utilise de manière interchangeable)-un « vrai successeur», selon ses propres termes, du fascisme et de l'objet de vengeance de son père, le communisme.
Ce pourrait être l'endroit pour l'une des définitions de Pipes de l'adversaire, un catalogue virtuel de frayeurs:
L'Islam militant dérive de l'Islam, mais c'en est une version misanthrope, misogyne, triomphaliste, millénariste, anti-moderne, anti-chrétienne, antisémite, terroriste, jihadiste, et suicidaire. Heureusement, il séduit seulement environ 10 à 15 pour cent des musulmans, ce qui signifie qu'une importante majorité préfèrerait une version plus modérée.
Néanmoins, cette «idéologie totalitaire», même avec "seulement" 10 à 15 pour cent de répertoriés (environ 100 à 150 millions de personnes dans le monde entier), «se considère comme le seul rival, et le successeur inévitable, à la civilisation occidentale." Pour beaucoup de gens ce sont des choses effrayantes. Mais de tels avertissements sont sa spécialité. Parmi ses nombreuses prédictions inquiétantes, il écrit, dès mars 1994:
D'un point de vue [américain], le Moyen-Orient est de plus en plus comme une région qui développe et exporte des problèmes, y compris les radicaux politiques, le terrorisme, les stupéfiants, les armes non conventionnelles, et les théories du complot. Nous devrions reconnaître que cette région ressemble moins à la côte du Pacifique qu'à l'Afrique, et nous devrions nous préparer à bien des soucis à venir.
Alors Pipes est tellement consacré à sa tâche autoproclamée –tel une bête de somme - que ses parents se plaignent qu'ils ne le voient jamais, sauf à la télévision. Lorsqu'on leur a demandé comment ils sentaient la farouche détermination de leur fils, ils ont laissé entendre que c'était prévisible, décrivant son enfance comme celle d'un rêveur, un rat de bibliothèque, véritable bourreau de travail. Pourtant Pipes senior se souvient: «Lorsque Daniel était au lycée et durant ses premières années à l'université, il n'avait pas du tout d'intérêt pour la politique. Il allait être un mathématicien; Sa véritable passion était de jouer aux échecs. Je me souviens, pendant la guerre du Vietnam. , quand il était à Harvard, il vint me voir et dit: «Papa, c'est quoi tout ce problème? Pourquoi ces gens manifestent-ils? » Eh bien, le président Pusey, qui a pris sa retraite juste au moment où Daniel était diplômé, m'a dit de lui dire qu'il était normal d'être préoccupé, parce qu'il était dans la pire promotion scolaire de l'histoire de Harvard ».
La première impression que l'on a de Daniel Pipes aujourd'hui dément complètement le stéréotype péjoratif du ringard boutonneux. Grand, ayant fière allure, et la barbe soignée, il semble tout droit sortir d'un service de casting pour le Don Giovanni de Mozart ou le Mefistofele(Mephisto ou Méphistophélès) de Boito [l'opéra d'Arrigo Boito (1868)]. Cependant au lieu d'une basse sonore pour correspondre à l'apparence de Don Juan, il parle d'une voix qui s'enregistre avec peine sur un magnétophone. Il accueille le visiteur dans son attrayant coin bureau du dixième étage du centre de Philadelphie, où les petits bureaux bourdonnent de stagiaires et d'associés occupés. Le Middle East Forum, avec son personnel de 15 personnes, a un budget annuel d'environ 1 million de dollars; parmi ses bailleurs de fonds on trouve Robert Guzzardi, Lawrence Kadish, Nina Rosenwald (American Securities, LP)[co-présidente du conseil d'administration des investissements américains] et des institutions comme la Fondation Bradley. Sa mission, selon son site internet (www.meforum.org), est de «définir et promouvoir les intérêts américains au Moyen-Orient», y compris le renforcement des liens de cette nation avec Israël et la Turquie ", et d'autres démocraties quand elles émergent", travaillant « pour les droits de l'homme dans toute la région », cherchant un" approvisionnement stable et un faible prix du pétrole », et agissant pour la promotion du « règlement pacifique des différends régionaux et internationaux «
Marié (deux fois), avec trois filles, Pipes a grandi imprégné de Harvard et lié à ses traditions- il a même assisté à la Harvard préscolaire, maintenant défunte, dans les baraques préfabriquées, Linnaean Street. Après une formation en écoles privées, y compris les études à l'étranger, il a été à la faculté à Harvard.
Harvard, il le sent, le laisser tomber. « Je n'ai pas changé», dit-il. «Je suis entré dans une université, traditionnelle, et je suis diplômé de quelque chose de monstrueusement différent." Pas «néocon», «J'ai toujours été un conservateur ; c'est juste que, comme disait mon père, la politique ne signifiait rien pour moi Mais en 1968, la politique est devenue dominante. En avril 1969, ma deuxième année, est arrivée l'occupation de l'université, qui a été un événement torride, un événement qui a dominé toute notre vie. J'ai des souvenirs qui font froid dans le dos de toute cette période, et d'être toujours parmi les très rares, à nager à contre courant. Ces décisions de savoir si on allait ou non aux repas et aux cours pour lesquels nous avions payé, et étant dans une très petite minorité, cela m'a amené à me poser tout le temps la question, «Qu'est-ce qui cloche chez moi? Pourquoi ne suis-je pas d'accord avec tout le monde?" Et ces discussions sans fin: Avant le fiasco de l'université , j'avais une vie sociale avec des gens avec qui j'étais en désaccord. Après cela ce n'était tout simplement pas possible, les failles étaient trop profondes. Je me suis retrouvé assez isolé ».
Peut-être que tout ceci l'a préparé pour le changement de vie qui est venu ensuite. «J'ai étudié les mathématiques durant mes deux premières années de fac-Math 11 et 55, si ma mémoire est bonne, les classes de mathématiques des cracks. Mais je n'étais pas assez fort. Alors, j'ai choisi de devenir historien. J'étais allé dans le Sahara en 1968, et j'ai caressé l'idée romantique d'étudier les métiers et les peuples du désert. Puis, j'ai été dans le Sinaï en 1969, et pris ma décision, je devais apprendre l'arabe. Quand je suis retourné à la fac, j'ai suivi tous les cours sur le Moyen-Orient que je pouvais, y compris une étude sur l'anthropologie des peuples du Sahara avec le légendaire Carleton Coon. Ma thèse principale était "Un débat islamique médiéval: le monde incréé, » une étude d'al-Ghazali »[Abou Hamid al-Ghazali (1050-1111), philosophe, théologien et mystique de première importance].
Et le changement de vie? «Après mon diplôme, j'ai passé quelques années en Egypte. L'université de Californie UC-Berkeley avait organisé un programme au Caire et j'ai d'abord été pris là-bas. J'avais l'intention d'aller au Liban, mais Le Caire m'a complètement absorbé, alors je n'ai pas bougé. Dans un sens, tout ce que je fais est une conséquence de mon expérience en Egypte, trois ans en tout. J'ai étudié l'arabe dans diverses institutions et également passé du temps à faire mon propre apprentissage de la langue, l'apprentissage de la société, la lecture. J'ai vécu pendant quelques mois avec une famille et ai passé beaucoup de temps à errer dans la ville, me plongeant dans la culture. Mais ensuite, comme j'avais obtenu mon doctorat en 1978 sur le rôle de l'islam dans la vie publique [sa thèse est devenue son premier livre, soldats esclaves et l'islam (1981)], c'est alors que Khomeiny surgissait en Iran. L'intérêt énorme porté à Khomeiny et au khomeynisme m'a offert une occasion d'appliquer ce que je savais à l'actualité. "
Ainsi ont commencé ses efforts pour faire connaître la montée et ce que certains considèrent comme les dangers de l'Islam militant. Dans une profusion de livres et articles, Pipes a cherché à prouver, comme il l'écrit dans son livre Miniatures (un recueil d'essais, nombre d'entre eux écrits bien avant septembre 2001), que l'islamisme est la guerre faite à l'Amérique, loin d'avoir commencé ce jour-là, "a commencé en novembre 1979, pas longtemps après que l'ayatollah Khomeiny a fait de "Mort à l'Amérique» un slogan . Et bien sûr, les attaques contre les Américains ne tardèrent pas. « In the Path of God (Dans le chemin de Dieu), d'abord publié en 1983, retrace le lien entre islam et politique à travers 14 siècles d'épanouissement et de déclin, et le plus pertinent pour la crise actuelle, les réponses islamiques aux idéologies occidentales. Les sujets des autres livres vont de la politique syrienne à l'affaire Rushdie et, dans l'islam militant atteint l'Amérique, il nous amène jusqu'à l'époque récente, de façon provocante. Par exemple, dans un chapitre consacré à la question «Est-ce que la pauvreté provoque l'islam militant?" il soulève la possibilité que l'islamisme, « au contraire, ... résulte de la richesse. »
Comment se fait-il que ce savant à la voix douce soit devenu si controversé? En partie, bien sûr, cela tient au domaine d'étude: dans un champ universitaire connu pour la controverse passionnée et à couteaux tirés, Pipes, comme conservateur juif travaillant de l'extérieur, a choisi de devenir l'un des contributeurs les plus véhéments, se trouvant dans le droit, c'est à dire le mauvais côté de chaque question, au moins aux yeux de beaucoup dans les milieux de la presse et les milieux universitaires. Et, surtout, il est souvent -accusé de dire ce qu'il n'a pas dit . Malgré son mantra indéfiniment répété, «l'islam militant est le problème et l'Islam modéré la solution", il est accusé d'être un islamophobe. Mais selon ses propres mots:
N'étant pas musulman, par définition, je ne crois pas en la mission du prophète Mahomet, mais j'ai un énorme respect pour la foi de ceux qui y croient . Je note à quel point les musulmans trouvent l'islam gratifiant ainsi que la force extraordinaire intérieure qui les anime. Ayant étudié l'histoire et la civilisation de la période classique, je suis vivement conscient des grandes réalisations culturelles ....
Je m'approche de la religion de l'Islam d'une manière neutre, ni en en faisant l'éloge ni en l'attaquant, mais dans un esprit d'enquête. Ni apologie, ni supporter, ni porte-parole, ni critique, je me considère comme un étudiant de ce sujet.
Toutefois, "quoique neutre sur l'islam", poursuit-il, «je prends une position ferme sur l'islamisme, que je considère comme très différent .... Alors que les plus proches équivalents de l'islam sont le judaïsme et le christianisme, les plus proches de l'islamisme sont les autres «ismes», utopiques et radicaux à savoir le fascisme et le marxisme-léninisme. L'islamisme est un fléau, un fléau mondial dont les victimes sont les peuples de toutes religions, [mais] les musulmans sont les principales victimes .... Les musulmans modérés qui veulent vivre une vie moderne, sans burqas, fatwas, et visions violentes de djihad, sont sur la défensive. Ils doivent être aidés : célébrés par les gouvernements, rendus publics dans les médias, bénéficiaires de subventions par des fondations " Beaucoup d'articles de Pipes traitent de la détresse des voix modérées de l'islam, et il dit que le MEF est en train d'aider à former une organisation musulmane anti-islamiste.
Néanmoins, Pipes a un talent pour taper sur le système et irriter. Une mêlée générale au niveau international a éclaté au printemps de 2003 quand le président Bush l'a nommé au conseil d'administration de l'Institut américain pour la paix (USIP), un organe délibératif plutôt obscur, une nomination nécessitant l'approbation du Sénat. Qu'est-il arrivé?
Le Washington Post a publié un éditorial disant que la nomination était une «plaisanterie cruelle», soulignant que l'institut était censé créer un pont entre les cultures, mais "Mr. Pipes a longtemps été considéré par les musulmans comme un destructeur de tels ponts. " L'Arab American Institute, une organisation politique militante dirigée par James Zogby, a publié une déclaration disant, en gros , "Pendant des décennies, Daniel Pipes a affiché une obsession bizarre pour toutes les choses arabes et musulmanes. Maintenant, il semble que ses années de haine et de sectarisme ont porté leurs fruits avec une nomination présidentielle. On frémit à l'idée de penser comment il va abuser de cette position pour déchirer le tissu de notre nation. » Juan Cole a écrit sur son blog: «J'exhorte les universitaires et les autres à boycotter l'Institut pour la Paix des Etats-Unis de cette année, aussi longtemps que l'idéologue extrémiste Daniel Pipes y servira." Mais l'attaque de loin la plus acrimonieuse soutenue provenait du Council on American-Islamic Relations (CAIR). The New Republic (La Nouvelle République) a rapporté:
Allez au site web du [CAIR] ... et vous verrez un appel urgent à «Agissez maintenant! Demandez au Sénat de rejeter la candidature de Daniel Pipes." Ailleurs sur le site, une autre "Action Alert" vous invite à demander au président «d'annuler la nomination de« l'islamophobe »
Robert Spencer, auteur de plusieurs livres sur l'islam, et directeur des sites Jihad Watch et Dhimmi Watch, est allé sur le site du CAIR et l'a appelé un «lynchage». Selon un éditorial du Wall Street Journal,
« Pour la lutte contre le terrorisme, il serait agréable de penser qu'il y a un rôle pour l'un des quelques rares savants américains qui ont averti du danger de l'Islam militant avant le 11 septembre. Au lieu de cela, la nomination du chercheur du Moyen-Orient, Daniel Pipes, au conseil d'administration de l'Institut américain pour la paix s'est transformée en une des batailles les plus méchantes concernant la confirmation de la présidence Bush .... Pendant des années, M. Pipes a été la sonnette d'alarme au sujet des organisations terroristes islamiques opérant aux Etats-Unis ... Après le 11 septembre il a fait le point évident que la meilleure cachette pour les musulmans radicaux dans les Etats-Unis serait d'être dans les communautés musulmanes modérées et dans les mosquées. Il privilégie le «profilage», c'est à dire plus d'attention dans les aéroports pour les jeunes gens arabes que pour les grands-mères américaines .... Pour ces idées, M. Pipes est désormais qualifié de "raciste" et de "sectaire" ... Le Council on American-Islamic Relations mène la charge, qualifiant la nomination de Mr. Pipes "une gifle au visage de tous ceux qui cherchent à construire des ponts de compréhension entre les gens de foi."
Professeur de relations internationales, Akbar Ahmed, titulaire de la chaire Ibn Khaldoun d'études islamiques à l'Université américaine, a demandé, dans Religion News Service (le service des Nouvelles de la Religion) en juillet, "Qui est mieux placé pour agir comme un pont que l'érudit de l'Islam?" et il a continué, «Répondre à la critique ou une critique impliquant des menaces n'est pas une façon convaincante pour présenter un contre argument."
L'Américano-pakistanais Tashbih Sayyed, rédacteur en chef du Monde musulman aujourd'hui et du Pakistan Times, a appelé Pipes « une Cassandre. Il doit être écouté. S'il n'y a pas de Daniel Pipes, il n'y aura aucune source pour que l'Amérique apprenne à reconnaître le mal qui menace . Les historiens écriront plus tard que Pipes nous a sauvés. Il y a des musulmans en Amérique qui sont comme Samson; ils sont venus dans le temple pour abattre les piliers, même si cela signifie se détruire ». Selon le Cheikh, Dr Ahmed Subhy Mansour, un ancien boursier associé dans le programme de droits de l'homme à la faculté de droit d'Harvard, «Nous, musulmans, avons besoin d'un penseur comme le Dr Pipes, qui peut critiquer la culture terroriste au sein de l'islam, tout comme je le fais habituellement. " (Cheikh Mansour, un exilé, a enseigné pendant de nombreuses années à l'université Al Azhar en Egypte, jusqu'à ce qu'il soit congédié et mis en prison pour son activisme pro américain et pour les droits de l'homme.)
Le résultat de l'esprit de combat - rejoint par d'autres intellectuels, des journalistes et le public-, c'est que lorsque le Congrès a pris des vacances , le président Bush a nommé Pipes à l'Institut à ce moment de vacances parlementaires.
Pipes, dans son bureau, dit que malgré l' immense élan de soutien, l'expérience d'être mal jugé par des gens comme le sénateur Kennedy, comme« quelqu'un qui n'est pas engagé à combler les différences »reste douloureux. Ma carrière», dit-il, «a été précisément consacrée à surmonter les différences. Mais vous ne pouvez pas établir les ponts avant de les définir. Mon point de vue a toujours été que c'était une énorme erreur de mettre tous les musulmans du côté de l'Islam militant. En effet, les Musulmans anti-islamistes sont les premières victimes de ce mouvement radical, et les ignorer eux et ce qu'ils peuvent apporter est une erreur terrible. »
Le véritable obstacle pour surmonter les différences aux États-Unis, répète-t-il, est l'islamisme, principalement ses «pires, les plus agressives, et les plus éminents »qui le pratiquent, le CAIR. "Le CAIR et moi sommes engagés dans un effort de délégitimation mutuelle, et cela devient vicieux. En 2000 ils ont acheté un site web avec mon nom [DanielPipes. Com] et ont affiché calomnie aprèscalomnie. [Le CAIR a permis au site de disparaître après que Pipes a menacé d'une action juridique.] Ces mensonges ont été réimprimés dans diverses publications musulmanes, et j'ai eu un déluge de courrier haineux, y compris des menaces. " Le CAIR, affirme-t-il, "essaie de se présenter comme un groupe de droits de l'homme, l'équivalent musulman de la NAACP[Association nationale pour l'avancement des gens de couleur (NDLT)]. Mais le CAIR, avec un financement saoudien, est le chien d'attaque des institutions islamistes aux Etats-Unis . Le CAIR a deux objectifs principaux: aider à construire le Hamas contre Israël et promouvoir le programme de l'Islam militant ici. Ses habitants sont partout, extrêmement actifs, mais ce sont les totalitaires parmi nous, le trompe-l'œil dans ce pays, et ils devraient être évités, comme David Duke ou Louis Farrakhan est évité. " En fait, trois membres du personnel du CAIR- Ismail Royer, Ghasan Elashi, et Bassem Khafagi-ont été condamnés pour fraude électronique et accusations liées au terrorisme.
Pourtant, il faut admettre que Pipes semble savourer sa fonction d'empêcheur de tourner en rond . Depuis sa nomination controversée à l'USIP [ Institut de la Paix des USA], il a publié des attaques cinglantes contre, entre autres organismes gouvernementaux, le FBI-pour caresser dans le sens du poil des individus et des groupes liés au terrorisme, comme le maintenant défunt Conseil musulman américain et son fondateur mielleux, Abdurahman Alamoudi, actuellement en prison pour de nombreuses activités liées au terrorisme, le Département d'Etat pour promouvoir sur son site web le nationalisme palestinien et le ministère de la Défense - pour son laxisme, occasionnellement, par exemple, en ne contrôlant pas les actions des aumôniers musulmans dans l'armée.
Il a même pris la plume pour écrire contre l'USIP lui-même, qui en mars dernier, malgré ses «objections vigoureuses», a coparrainé un atelier avec le Centre pour l'étude de l'Islam et la démocratie-"un groupe islamique radical", selon Pipes, dont l'un des boursiers est Kamran Bokhari, qui, dit-il, «a servi pendant des années comme le porte-parole nord-américain pour Al-Muhajiroun, peut-être le groupe islamiste le plus extrémiste opérant en Occident. » Un autre invité était Muzammil Siddiqi, «qui jusqu'en novembre 2001 a été président de la Société islamique d'Amérique du Nord, un groupe wahhabite de premier plan». Pipes n'a pas assisté et a rendu cela public dans une rubrique dans le New York Sun.
Pour des gens comme Pipes, la brusquerie surpasse la diplomatie. Khalil Mohammed, professeur assistant d'études religieuses à l'université d'Etat de San Diego, affirme qu'il a le même problème. Dans un e-mail au sujet de Pipes, il écrit, «je sens ... que sa langue peu diplomatique va provoquer une réaction de colère. J'ai écrit à Daniel Pipes à propos de cela, et il a eu la gentillesse de me demander comment pouvait-il dire les choses différemment, étant donné le matériel il traite. Je n'avais pas de réponse, car je crains d'appartenir à la même catégorie. " Pour ces personnes, les mots signifient ce qu'ils sont censés signifier. Pipes objecte à l'expression "guerre contre le terrorisme», par exemple, que "Le terrorisme est une tactique", dit-il. "Vous n'avez pas aller en guerre contre une tactique. Nous devons être précis: Nous sommes en guerre avec l'islam militant, pas avec le 'terrorisme'." Pipes martelé ce point pendant près de trois ans. Récemment, la Commission du 11 septembre a publié son rapport et pratiquement fait écho à ses paroles. L'ennemi, dit-il, est «le terrorisme islamiste ... pas seulement le" terrorisme ", un mal générique."
Puis il y eut une affaire qui fit grand bruit à propos du mot «jihad» dans le discours de cérémonie pour l'obtention du diplôme d'un étudiant de Harvard en 2002. Pour beaucoup d'admirateurs de Pipes, c'est se battre contre des moulins à vent. Mais lui reste inflexible.
La nouvelle que le senior Zayed Yasin avait été choisi pour prononcer un discours d'ouverture intitulé « Mon jihad américain »(My American Jihad) à peine neuf mois après le 11 septembre a poussé Pipes à écrire: «Imaginez que c'est juin 1942, peu de temps après qu'Hitler nous a déclaré la guerre. A l'Université de Harvard, un comité de faculté a choisi un américain d'origine allemande pour donner l'un des trois discours d'étudiant à la cérémonie d'ouverture de la cérémonie. Il titre «American Kampf, » qui fait délibérément écho au titre du livre d'Hitler « Mein Kampf(«Ma lutte») afin de montrer les aspects positifs du combat«Kampf».
En effet, le but du discours, selon Yasin, un ancien président de la Société islamique de Harvard, était de "redonner le sens véritable du mot, qui est« lutte intérieure ». Dans son allocution, il a dit,
Le jihad, dans sa forme la plus pure et plus vraie, la forme à laquelle tous les musulmans aspirent, c'est la volonté de bien faire, de faire honneur même contre ses propres intérêts. Il s'agit d'une lutte individuelle pour un comportement moral personnel. Surtout aujourd'hui, c'est une lutte qui existe à plusieurs niveaux: l'auto purification et la prise de conscience, le service public et la justice sociale.
C'en était vraiment trop pour Pipes, mais il a fait retomber la faute sur la faculté plus que sur l'étudiant. Dans un article cinglant pour Commentary, «le Jihad et les professeurs», il a signalé qu'une enquête qu'il a faite des commentaires des médias par une vingtaine d'universitaires avait donné des définitions allant de «une lutte contre notre propre myopie et négligence" à "résister à l'apartheid ou travailler pour les droits des femmes. " Par exemple, il cite David Mitten, Loeb professeur d'art classique et d'archéologie, un converti à l'islam et conseiller pédagogique à la Société islamique de Harvard, en train de dire que le vrai djihad est «la lutte constante des musulmans contre leurs bas instincts, pour suivre le chemin vers Dieu, et faire le bien dans la société. " Trois ans plus tard, Mitaine dit: «Bien sûr. Je me tiendrai à cette citation. C'est ce qu'on appelle le grand jihad, datant du XIe siècle, et il est supérieur au jihad plus ou moins militaristes, extraite par Oussama et Zarqaoui pour leurs propres buts ignobles . Nous savions que le discours de Zayid serait controversé, le mot est incendiaire, mais il voulait que les gens comprennent le sens réel du grand jihad ».
« Mais bien sûr », a explosé Pipes dans son article, «c'est précisément ben Laden, le Jihad islamique, et le monde des djihadistes qui définissent le terme, et non pas une bande d'apologistes universitaires. Plus important encore, la façon dont les djihadistes comprennent le terme est conforme à son utilisation à travers quatorze siècles d'histoire islamique. »
Et cette définition, a-t-il continué, pour la majorité des musulmans a signifié, et signifie encore, «l'effort légal, obligatoire, commun pour étendre les territoires gouvernés par des musulmans (connus en arabe comme dar al-islam) au détriment des territoires régis par les non -musulmans (dar al-harb). " Khalil Mohammed est d'accord. «La signification normative est devenue la guerre – qu'elle soit expansionniste ou défensive», écrit-il. "Les professeurs d'université à Harvard, et cetera, confondent souvent la pensée islamique et leur pensée politique." Tashbih Sayyed va encore plus loin: «Quand les apologistes parlent du grand jihad et du petit jihad, ils sont en train essentiellement de jouer sur les mots S'il en est ainsi et que le jihad est les bonnes actions ou les bonnes pensées, alors pourquoi ne qualifient-ils jamais leurs penseurs des moudjahidin, des guerriers saints ? Pourquoi ce n'est que ceux qui font la guerre avec des épées et décapitent des non musulmans qui sont glorifiés comme moudjahidin ? "
Pipes connaït le concept de grand djihad, qui dit-il est généralement associé au soufisme et à l'approche réformiste de l'islam qui «réinterprète l'islam pour le rendre compatible avec les manières occidentales. » Mais il appelle cette approche «entièrement apologétique, » due "beaucoup plus à l'Occident qu'à la pensée islamique."
Dans son livre In the Path of God (Dans la voie de Dieu), nous en savons plus sur la réinterprétation du réformisme de préceptes coraniques impliquant des femmes, le sexe, la famille, les impôts, et l'esclavage, et il est dit que les réformistes "cessent de souligner la compréhension traditionnelle du jihad comme un appel aux armes, préférant à la place l'interpréter comme un appel à la rédemption personnelle. " Mais:
L'hypothèse réformiste que l'islam comprend ou anticipe tout ce qui est attrayant dans la civilisation occidentale facilite l'emprunt de nouvelles idées ; en un sens, toute l'entreprise réformatrice est conçue pour dissimuler l'adoption de principes occidentaux. Ne pas reconnaître cette source fait que [les idées nouvelles] sont beaucoup plus acceptables. Mais la dissimulation a un prix; en décrivant le Coran, la charia [loi musulmane sacrée], et l'héritage islamique en tant que libéraux, la violence devient leur fait. La fausseté de cette argumentation, la condamne à la stérilité.
Pipes cite ensuite Sir Hamilton Gibb, fondateur, dans le milieu des années 1950, du Centre de Harvard pour des études du Moyen-Orient (CMES), qui «sévèrement mais justement a caractérisé la pensée réformiste comme embourbée dans« des confusions intellectuelles et un romantisme paralysant. »
Pipes finalement se radoucit un peu, en disant "que dans la mesure où la pensée réformiste permet aux musulmans de se réconcilier avec les réalités occidentales en facilitant leur acceptation, cela les aide, même si sa logique est défectueuse et ses faits déformés». Mais, comme il le dit dans son bureau « le Jihad »est un mot qui est utilisé par les vrais jihadistes au moment même où nous parlons, pour nous menacer tous. Si les musulmans réformistes sont prêts à entreprendre le long et dur travail pour changer l'ancien sens millénaire du mot, eh bien, ce serait un grand progrès. Mon vrai problème c'est l'universitaire qui dissimule, prétend que le mot ne signifie pas ce qu'il a toujours voulu dire. "
Comme on l'a déjà remarqué, Pipes ne s'est pas précisément fait aimer du monde universitaire, mais, soutient-il, c'est sans recours. Le problème, comme cet échantillon de son discours tiré du New York Post l'affirme, c'est que «les études sur le Moyen-Orient sont devenues un Enron [un des plus grands scandales financiers(NDLT)] intellectuel. Les spécialistes concernant le Moyen-Orient » sont
Incompétents: Ils ont systématiquement des bases erronées. L'islam militant qu'ils présentent comme une force de démocratisation. Oussama ben Laden et al-Qaïda qu'ils rejettent comme non pertinents. L'Autorité palestinienne qu'ils prédisent devoir être démocratique. Alors les universitaires sont si constamment dans l'erreur que les responsables gouvernementaux ont presque complètement cessé de leur demander des conseils.
Contradictoires: de nombreux universitaires américains sont hostiles aux intérêts nationaux américains. Ainsi, le conseil d'administration de l'Association des Etudes sur le Moyen-Orient, la Middle East Studies Association (MESA), a recommandé que ses membres «ne recherchent pas ou n'acceptent pas » des bourses que le gouvernement américain a financées. [En revanche] que trois spécialistes [tous de l'Université de Floride du Sud] aient été récemment inculpés pour terrorisme, n'a pas causé d'inquiétude parmi leurs collègues.
Intolérants: Le champ est entravé par l'uniformité politique et une réticence à autoriser des points de vue différents. Dans un cas tristement célèbre à Berkeley, le chef de section d'un cours sur la poétique palestinienne a s un parti pris explicite dans le catalogue de cours («les penseurs conservateurs sont encouragés à chercher d'autres sections»).
Apologétistes: les spécialistes en général évitent les sujets qui donnent une mauvaise image de leur région, comme la répression dans l'Irak de Saddam Hussein, l'antisémitisme musulman et l'esclavage au Soudan. Le président de la MESA a récemment découragé d'étudier ce qu'il appelle la « la terrorologie »[qui analyse et commente la menace terroriste (NDLT)]
Abusifs: les spécialistes trop souvent contraignent les étudiants en régurgitant une ligne du parti et pénalisant les libres penseurs avec des diplômes inférieurs.
Une maladie particulière, soutient-il, est la position endémique anti-Israël des études du Moyen-Orient. Lorsque le Salient, bimensuel conservateur pour le premier cycle de Harvard, a interrogé Pipes à l'automne de 2002 sur l'antisémitisme à l'Université de Harvard, il a répondu: «Je vois l'antisémitisme comme une conséquence malheureuse de l'incapacité des études du Moyen-Orient. Au Campus Watch, notre prémisse est que les professeurs d'études moyen-orientales font un mauvais travail. Ils contribuent à la tension du discours israélo-palestinien sur le campus et sont donc un facteur de croissance de l'antisémitisme. »
Certains ennemis de Pipes, à gauche, comme Juan Coles de l'Université du Michigan, par exemple, l'accusent d'être une couverture en quelque sorte pour Israël, "censurant" les universitaires "pour avoir osé parler contre les pillages d'Ariel Sharon en Palestine. " En fait, Pipes et le Middle East Forum n'ont pas de programme formel au sujet d'Israël en dehors de croire en des "liens forts" avec la démocratie (selon le site Internet du MEF). Bien qu'il ait visité Israël à de nombreuses reprises, Pipes ne connaît pas l'hébreu. Par ailleurs, il est une sorte de critique pratiquant une égalité de traitement. Dans un récent article, «les Premiers ministres incontrôlables d'Israël», il a réussi à fustiger les quatre derniers Premiers ministres israéliens, y compris Sharon, les accusant tous, chacun de façon différente, de duplicité, mégalomanie, égoïsme, impudeur, et le pire de tout ..la faiblesse-.
Maintenant il se trouve que Pipes lui-même, dont le doctorat a été fait en liaison avec le CMES, a ce qu'il appelle «une très bonne expérience. » Son conseiller, rapporte-t-il, «était le regretté Joseph Fletcher, qui est mort alors qu'il était au milieu de la quarantaine, quelques années après que j'ai obtenu mon diplôme, un linguiste et historien extraordinaire avec une vision de l'immense portée de l'histoire. » Mais aujourd'hui, dit-il, le domaine [des études]en général reste un bastion de l'hostilité anti-israélienne et anti-américaine et d'un multiculturalisme orienté à gauche.
Susan Kahn, Ph.D. 1997, directeur associé du CMES et directeur de son programme de maîtrise, proteste. «Le Centre», dit-elle, «n'est pas cela ou cela . Il n'y a pas de programme politique, aucune ligne du parti. On pourrait certainement discuter et dire que rien n'est apolitique, mais notre objectif est de nous assurer que nos étudiants aient accès à l'instruction de la meilleure qualité. Nos professeurs du primaire ont des formations très variées .Ma bourse d'études est à propos d'Israël et de l'anthropologie des communautés juives; d'autres sont liées à l'histoire, l'art et l'architecture, les langues. Dans nos réunions au moins, nous gardons le problème israélo-arabe en dehors de la discussion"
William Granara, professeur de la pratique de la langue arabe, qui compare Pipes avec le regretté sénateur Joseph McCarthy, et même à l'Inquisition, est d'accord avec Kahn: «Nous sommes politisés dans le sens où notre aire d'études est politisée Cela me rappelle les années 1960.. Les gens qui étaient en études est-asiatiques ont toujours été accusés d'être pro-gouvernement ou anti-ce gouvernement. Pour être en études est-asiatiques dans les années 1960 ne pas avoir une opinion politique s'avérait rare. " Granara diffère de Pipes, aussi, dans son évaluation de l'état affaibli des études du Moyen-Orient. Les Études régionales, en général, comme un principe organisateur, dit-il, «cela a fait son temps. Si c'est mort, c'est mort de mort naturelle." Puis il arrive à un paradoxe: ". Cela a échoué parce que ce fut un succès. Les savants dans notre domaine retournent à leur discipline. Les historiens du Moyen-Orient ne sont plus dans les départements d'études du Moyen-Orient, ils sont retournés dans les départements d'histoire. Les politologues sont retournés à la science politique. Et ainsi de suite. Les études régionales sont finies parce qu'elles ont fait leur travail. "
Granara admet qu '«il ne fait aucun doute il y a un nombre important de personnes dans les études du Moyen-Orient qui sympathisent avec la cause arabe. C'est une réalité. Mais c'est une sympathie qui n'est pas fondée sur l'ignorance ou à la haine ou des préjugés. C'est fondé sur les connaissances acquises. "
Les attitudes envers Pipes au CMES varient, allant du silence -plusieurs ne voudront pas parler parce que c'est consigné,– à l'explosion [de haine]. William A. Graham, professeur [titulaire de la chaire] O'Brian de théologie et Albertson professeur d'études du Moyen-Orient ainsi que doyen de la faculté de théologie, dira seulement, "je ne veux pas faire des commentaires sur lui ou sur la croisade impie dans laquelle il est embarqué ".
Une caractéristique majeure de cette «croisade» serait sans doute l'insistance de Pipes sur le fait que les études moyen-orientales sont essentiellement financées par les deniers publics. Il faudrait réduire à zéro toutes les allocations du gouvernement pour les études des aires géographiques. Cette étape affecterait à peine l'étude des cultures étrangères à l'université, car les 100 millions de $ en montant d'argent fédéral représentent seulement 10 pour cent du budget de la plupart des grands centres- les fonds de ces centres pourraient sans aucun doute augmenter à partir de sources privées. Mais ce faisant, ce serait envoyer le message salutaire que le contribuable américain ne souhaite plus payer pour un travail de qualité inférieure. "
Granara est violemment en désaccord. «Je suis un de ceux- qui ont dépendu de FLAS [Etudes de langues étrangères]-ayant obtenu l'argent fédéral pour apprendre l'arabe», dit-il. (Pipes, aussi, est un «enfant de FLAS »ayant reçu une bourse, en 1974-1976.) "Grâce à l'argent que le gouvernement y a mis » explique Granara: «Je pense qu'on peut affirmer avec force que nous enseignons l'arabe, le persan le turc et l'hébreu bien mieux que nous le faisions il y a 20 ans ; nous formons de meilleurs historiens, anthropologues, spécialistes de la littérature ». Et si le financement cesse? «Alors nous allons revenir à laisser le terrain à ces rares personnes qui sont vraiment intéressées par un programme politique."
Un autre effort que Pipes soutient, un substitut possible pour le financement, est un projet de loi qui prévoit la création d'un conseil consultatif chargé d'examiner la manière dont les 95 millions à 100 millions de dollars sont dépensés en vertu du titre VI de la Loi sur l'enseignement supérieur, et de veiller que les programmes des domaine d'études "reflètent diverses perspectives et la gamme complète des points de vue des régions du monde, langues étrangères, et affaires internationales."
Un tel bureau est nécessaire, a-t-il écrit plus tôt cette année, parce que "les études sur le Moyen-Orient sont un domaine qui a échoué et les universitaires qui consomment ces fonds se trouvent être également ceux qui les attribuent- un cas classique d'irresponsabilité comptable. Le but de cette subvention, que le congrès a augmentée de 26 pour cent après le 11 septembre, est d'aider le gouvernement américain avec les langues et compétences culturelles orientales. Pourtant, de nombreuses universités rejettent ce rôle, l'écartant comme une formation d'«espions».
Ainsi, il est compréhensible que dans son allocution présidentielle d'introspection à la MESA, dans laquelle elle explique les raisons le domaine des études du Moyen-Orient n'est pas "se reproduire", Lisa Anderson, doyen de l'École d'Affaires publiques et internationales de l'université de Columbia (maître-assistant d'études gouvernementales et sociales à Harvard dans les années 1980), ait mentionné sur les développements de l'année que le
le
désir de faire appel au racisme et à l'intolérance tout en le déniant a été généralisé. Pendant la pause estivale du Congrès, l'administration Bush a nommé un polémiste conservateur, Daniel Pipes, au conseil d'administration de l'Institut de la Paix des Etats-Unis financé par le gouvernement, évitant ainsi d'entendre les nombreuses plaintes au sujet de son parti pris anti-musulman.
Elle ne pouvait non plus trouver une justification pour un «plan pour surveiller et évaluer les universités et leurs programmes d'études»,
Car n'est pas sur la diversité, ou même sur la vérité, mais sur la conviction des activistes politiques conservateurs que la communauté universitaire américaine n'est pas suffisamment patriotique, ou peut-être tout simplement pas assez conservatrice .... les défenseurs politiques et polémistes qui veulent dicter la gamme de conclusions politiques respectables constituent aujourd'hui une menace sérieuse pour l'intégrité de notre érudition. Les gardiens auto-proclamés de l'université désormais utilisent des sites comme Campus Watch '«pour accueillir des plaintes d' étudiants victimes d'abus, enquêter sur leurs allégations, et (lorsque cela est justifié) les faire connaître», sans doute aux présidents d'université.
Anderson exprime son inquiétude concernant les menaces à la sécurité, souvent musulmans contre musulmans, en Iran, Egypte et l'Arabie saoudite. Ailleurs, elle dit:
Les routines ordinaires dans d'autres universités de la région ont été perturbées ...: la politique vicieuse du conflit israélo-palestinien a conduit à un attentat à l'Université hébraïque, la fermeture temporaire de l'accès à l'université de Bir Zeit, et le harcèlement quotidien des élèves et des professeurs des universités de Bir Zeit et d'Al-Qods.
"Le harcèlement systématique" est aussi une partie intégrante de la vie quotidienne de Pipes. Comme il l'écrit:
Le personnel de Campus Watch a enseigné à 48 établissements d'enseignement au cours de la dernière année universitaire, offrant une un vrai changement des présentations à sens unique du Moyen-Orient. Malheureusement, notre présence a tellement enflammé l'opposition que les gardes du corps, des détecteurs de métaux et, dans un mémorable exemple [à l'Université York à Toronto], la police montée ont été nécessaires pour assurer notre droit à la parole.
Cinnamon Stillwell, un écrivain pour un media qui se décrit lui-même comme chien de garde et organisation conservatrice Chronwatch.com, à San Francisco, a assisté à une conférence que Pipes a donnée en février 2004 à Berkeley, et a déclaré:
Si la réaction à la conférence de Daniel Pipes mardi était une indication, le fascisme est bien vivant au UCBerkeley. Pipes avait été invité par le Comité d'action d'Israël et Berkeley Hillel pour parler au campus universitaire connu pour sa politique de gauche. Mais ironiquement, la maison du "parler libre" et de la "tolérance" s'est avérée nettement intolérante pour ceux qui expriment des opinions politiques autres que les leurs.
Elle poursuit en décrivant le théâtre de rue menaçant l'extérieur du bâtiment, orchestré en grande partie par l'Association des étudiants musulmans et les étudiants pour la Justice en Palestine, la police, l'équipe de sécurité privée, la palpation, et la foule à l'intérieur. Le chaos a éclaté
dès que Pipes est monté sur le podium. En fait, avant qu'il ait prononcé un mot, quelqu'un a dû être escorté en dehors parce qu'il ne voulait pas se calmer. Puis goguenards, riant, des sifflements, des huées, et enfin le chant orchestré de «raciste» et «sioniste» (entre autres), a commencé à noyer le discours .... La tension dans l'air était épaisse, le ton montait , et pourtant au milieu de tout cela, Pipes a gardé son calme.
Est-ce que ces confrontations valent la peine ? Oui, dit Pipes, c'est une partie de sa mission de Campus Watch, et Campus Watch obtient des résultats, parmi ces résultats: «Faire pression sur l'université de Columbia, au point que le président a organisé un comité [pour enquêter sur] l'intimidation politique dans le cours; faire que le Centre du Moyen-Orient et d'études nord-africaines à l'Université du Michigan supprime les liens vers un site militant islamique; exposer les liens d'un instructeur de l'université Florida Atlantic University, Mustafa Abu Sway, avec le Hamas ; empêcher un néo-nazi, William Baker, de parler au campus pour le compte de groupes islamiques militants. "
Bien sûr, on ne peut nier qu'il se nourrit de cela. Et pourtant, ses amis s'inquiétent pour lui, comme le font ses parents. Richard Pipes admet: «Bien sûr, nous sommes inquiets. Les Russes ont été plus rationnels que les musulmans auxquels il est confronté. Ils prenaient soin de vivre! Mais nous sommes fiers de lui. A la fois de son courage et de son bon sens. Il comprend la vraie nature du danger auquel l'Occident fait face. "
Dans Vixi, Pipes senior a écrit: «Ceux qui m'ont appelé un guerrier de la guerre froide s'attendaient apparemment à me voir grincer des dents. En fait, j'ai accepté avec fierté le titre."
Cela pourrait être Daniel qui parle.
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Encadré n ° 1: Le partenaire de Pipes
Aucune étude de Daniel Pipes ne serait complète sans quelques mots sur l'incisif Martin Kramer, chercheur à l'Institut de Washington pour la politique du Proche-Orient et ancien rédacteur en chef du trimestriel Middle East Quarterly, qui a obtenu ses diplômes de premier cycle et de doctorat de Princeton, où il a étudié avec le Dodge professeur (aujourd'hui émérite) Bernard Lewis. Pour les deux Kramer et Pipes, Lewis est le plus grand représentant du XX ème s du groupe de savants juifs qui «a joué un rôle clé dans le développement d'une évaluation objective, non polémique, et positive de la civilisation islamique», pour reprendre les termes de Lewis, quelqu'un loin au-dessus ce que Pipes appelle "la pratique postmoderne de la farce de la complexité de la science politique et de l'histoire dans des bouteilles étiquetées race, sexe et classe" caractérisant le champ actuel.
Dans son livre de 2001, tours d'ivoire sur le sable, Kramer lance une attaque cinglante contre l'Association des Etudes du Moyen-Orient (MESA), affirmant qu'il y avait des problèmes parfaitement connus depuis sa création, en 1966- en effet, si on remonte à 1955 , lorsque Sir Hamilton Gibb fut amené à la tête du nouveau Centre pour les études moyen-orientales à l'Université Harvard. Gibb, qui «avait voulu mettre les études orientales et les sciences sociales ensemble », a déploré plus tard:
... Il ne fallut pas longtemps avant que je réalise combien rudimentaires, en effet combien naïves, toutes mes idées précédentes avaient été, face à des problèmes réels liés à l'élaboration d'un programme d'études de domaine qui pourrait affronter les normes élevées exigées par l'université de Harvard- et tout autant les meilleures normes universitaires dans ce pays.
"Pour parler franchement", a déclaré Gibb, «il n'y a tout simplement pas encore assez de spécialistes pleinement qualifiés dans tous les champs requis pour que cela soit suffisant." «Quand Gibb quitté en 1964", écrit Kramer, «le centre de Harvard était près de la faillite, et pendant des années il s'est appuyé sur les professeurs invités. Harvard a toléré son centre du Moyen-Orient (il rapportait de l'argent), mais il ne l'a jamais respecté."
Ce fut le conflit israélo-arabe en Juin 1967 qui a déclenché ce que Kramer décrit comme la politisation de plus en plus profonde, la substitution [au savoir]de l'endoctrinement pour obtenir des bourses d'études, et l'obsession israélo-arabe qui a affaibli la MESA. William Brinner, un historien de Berkeley, l'a vu, et a averti dans son discours présidentiel de 1970: "Nous ne cherchons pas à mettre fin à la controverse, mais nous devons réaliser que le prix que nous paierons pour l'implication politique est la destruction de cette jeune association et la disparition d'un lieu de rencontre précieuse d'idées. " Et en 1974, Leonard Binder de l'université de Chicago, dans son discours présidentiel adressé à la MESA, a mis en garde: «un jour la paix peut éclater, et alors les gens vont cesser d'être à prêts payer pour qu'on leur dise ce qu'ils veulent entendre. Que ferons-nous si nous n'avons pas de niveau en tant que spécialiste
Mais le coup de grâce pour les études sur le Moyen-Orient, affirme Kramer, a été porté par Edward Said, le critique américano-palestinien décédé et professeur d'université de littérature anglaise et comparée à Columbia, dans son livre Orientalisme de 1978. Saïd, écrit Kramer,
a situé les Palestiniens dans un contexte beaucoup plus large. Ils n'étaient que les dernières victimes d'un préjugé profondément enraciné contre les Arabes, l'islam et l'Orient plus généralement - un préjugé si systématique et cohérent qu'il méritait d'être décrit comme «l'orientalisme», l'équivalent intellectuel et moral de l'antisémitisme . Jusqu'à Saïd, L'Orientalisme avait été généralement interprété comme désignant les études orientales universitaires dans la plus ancienne tradition européenne .... Saïd a ressuscité et a redonné un sens au terme, le définissant comme une idéologie suprématiste de la différence, exprimé clairement en Occident pour justifier sa domination sur l'Orient.
«La décadence qui imprègne les études sur le Moyen Orient d'aujourd'hui", écrit Kramer, «la soumission totale à la politique à la mode, l'improbabilité que le domaine puisse jamais produire un héros de grande culture, tout cela est dû à Edward Saïd.
"Il n'a pas fallu longtemps pour qu'« orientaliste »devienne un vilain mot dans les cercles d'études du Moyen-Orient, comme, par exemple, lorsque Saïd lui-même, écrivant dans Counterpunch en juin 2003, s'est référé aux « publicistes et orientalistes néandertaliens tels que Bernard Lewis et Daniel Pipes ». A quoi Pipes a répondu un ou deux jours plus tard « Comme c'est impressionnant d'être appelé orientaliste par la personne qui a transformé ce terme ancien honorable en insulte. "
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Encadré n ° 2: Questions à un ami
Adapté d'un article de Pipes qui a paru dans le Jerusalem Post du 26 novembre 2003:
Si l'islam militant est le problème et l'Islam modéré est la solution, comme je l'affirme souvent, comment peut-on différencier ces deux formes de l'islam?
Il est souvent utile de poser des questions. Les questions pourraient inclure:
Violence: cautionnez-vous ou condamnez-vous les Palestiniens, les Tchétchènes et les Cachemiris qui donnent leur vie pour tuer des civils ennemis? Allez-vous condamner, comme groupes terroristes, des organisations comme Abu Sayyaf, Al-Gama'a al-Islamiyya, le groupe Islamique Armé, le Hamas, Harakat ul-Mujahidin, le Hezbollah, le Jihad islamique, Jaish e-Mohammed, Lashkar-e-Tayyiba , et al-Qaida?
Modernité: Les femmes musulmanes ont-elles des droits égaux avec les hommes (par exemple, en part d'héritage ou témoignage devant un tribunal)? Le djihad, c'est à dire une forme de guerre, est-il acceptable dans le monde d'aujourd'hui? Acceptez-vous la validité des autres religions? Les musulmans ont-ils quelque chose à apprendre de l'Occident?
Laïcité: Faut-il que les non musulmans jouissent complètement de droits civiques égaux avec les musulmans? Les Musulmans peuvent-ils se convertir à d'autres religions? Les femmes musulmanes peuvent-elles épouser des non musulmans? Acceptez-vous les lois d'une majorité non musulmane d'un gouvernement et vous engagez-vous sans réserve à prêter allégeance à ce gouvernement? Si l'état impose l'observance religieuse, comme l'interdiction de la restauration pendant le Ramadan? Lorsque des coutumes islamiques sont en contradiction avec les lois laïques ... qui devrait céder la place?
Pluralisme islamique: Les soufis et les chiites sont-ils entièrement des musulmans légitimes? Voyez-vous les musulmans qui sont en désaccord avec vous comme étant tombés dans l'incrédulité? Est-ce que déclarer takfir (condamner des frères musulmans avec lesquels on a des désaccords comme des incroyants) est une pratique acceptable?
Autocritique: Acceptez-vous la légitimité de la recherche universitaire sur les origines de l'islam? Qui était responsable des détournements d'avions suicide du 11 septembre?
Défense contre l'Islam militant: Acceptez-vous les mesures de sécurité renforcées pour combattre l'Islam militant, même si cela signifie un examen supplémentaire pour vous-même? Pensez-vous que les institutions accusées de financer le terrorisme devraient être fermées?
Objectifs de l'Occident: Acceptez-vous que les pays occidentaux soient en majorité chrétiens et laïques ou cherchez-vous à les transformer en pays à majorité musulmane gouvernés par la loi islamique?
Ces questions offrent un bon départ à la question épineuse posée pour distinguer un ami d'un ennemi.