Philadelphie - Les deux combattants de la guerre du golfe Persique ont maintenant eu l'occasion de [claquer] fouetter les Etats-Unis. Après que les fonctionnaires iraniens ont inventé le piège des armes contre des otages et ensuite divulgué l'histoire à la presse, les Irakiens ont continué en bombardant la frégate de la Marine militaire américaine Stark. Mais malgré tout le côté dramatique de ces épisodes, aucun des deux n'a modifié fondamentalement les intérêts américains dans le Golfe. Pas plus qu'ils ne touchent l'orientation fondamentale de notre politique, qui devrait être d'aider l'Irak.
Beaucoup d'Américains souhaitent la peste à la fois à l'Irak et à l'Iran, et avec raison. Bagdad a commencé la guerre, Téhéran la continue. La première utilise des armes chimiques, l'autre envoie des adolescents à une mort qui est un véritable suicide. A l'intérieur du pays, Bagdad est rude, Téhéran, fanatique. Les deux privilégient l'Union soviétique.
Ces désagréables similitudes sont importantes. Pourtant, une froide évaluation des intérêts américains révèle que les deux états ne sont pas à égalité. Pour comprendre pourquoi ils ne le sont pas, rappelons quatre des prémisses de base en matière de politique étrangère américaine:
Premièrement: aider un état révolutionnaire à résister. Les régimes révolutionnaires en général tourmentent leurs citoyens et attaquent leurs voisins. Ils décrivent également les Etats-Unis comme l'ennemi numéro un. Le régime de Bagdad était autrefois révolutionnaire ; pendant 25 ans après sa radicalisation en 1958, il a cherché à dominer les Arabes, à mener la lutte contre Israël et à défier l'Amérique.
Mais beaucoup de choses ont changé ces derniers temps. Ayant compris que commencer une guerre est quelque part une folie, les dirigeants irakiens semblent moins susceptibles que par le passé de manifester des ambitions d'agression. En effet, les politiques et les intérêts irakiens sont maintenant à peu près analogues à ceux de l'Occident. L'Irak aujourd'hui défend ces Etats arabes du Moyen-Orient - comme la Jordanie et l'Egypte - qui sont fortement menacés par le message de l'Islam fondamentaliste radical de l'Iran, mieux disposés envers les Etats-Unis et plus ouverts aux négociations avec Israël.
L'Iran, lui aussi, a changé, et pour bien pire. 70 ans d'histoire de bonnes relations de l'Iran avec l'Amérique sont partis en fumée, car la République islamique rejette tout ce qui est américain. L'ayatollah Ruhollah Khomeiny voit la culture américaine comme le principal obstacle à la construction d'une société islamique selon le modèle de sa vision fondamentaliste. Il déteste les Etats-Unis et fait tout son possible pour nuire à leurs intérêts. En conséquence, l'Iran met en danger les livraisons de pétrole du golfe Persique, il met en péril les états pro américains dans tout le Moyen-Orient et il menace de bouleverser l'équilibre israélo-arabe. De toute évidence, les intérêts américains se trouvent maintenant plus avec l'Irak et ses alliés, y compris le Koweït.
Deuxièmement:aider à combattre un agresseur. En 1980, quand l'Irak menaçait l'Iran, nos intérêts se trouvaient être au moins en partie avec l'Iran. Mais l'Irak a été en position de défense depuis l'été 1982, et Washington est maintenant fermement de son côté. Cela ne veut pas dire que la victoire irakienne servirait les intérêts des Etats-Unis. Nullement en fait, car un succès irakien ouvrirait la voie à l'Union soviétique pour avancer en Iran. Mais l'Irak est loin d'être proche de la victoire.
Quant à l'avenir, si l'Iraq prenait encore une fois l'offensive, un changement improbable mais pas impossible, les Etats-Unis devraient de nouveau opérer un revirement et envisager de donner une aide à l'Iran.
Troisièmement: Promouvoir l'équilibre régional. À long terme, le Golfe Persique ne va se stabiliser que si l'Irak et l'Iran, les deux pouvoirs locaux, ont une force à peu près égale. Les Etats-Unis devrait faire ce qu'ils peuvent pour s'assurer que l'Irak survit en contrant l'Iran. Idéalement, cela signifie un retour au statu quo ante. Au minimum, cela signifie la survie d'un gouvernement indépendant à Bagdad.
Quatrièmement: Promouvoir la paix. Les Américains ne devraient jamais souhaiter que la guerre se poursuive indéfiniment, sans considérer le caractère détestable des régimes en cause, peu importe combien sont alléchants les avantages à court terme de la guerre. Dans le golfe Persique, les Etats-Unis peuvent favoriser un règlement en indiquant à l'Iran qu'il ne peut pas gagner - et donc, qu'il devrait négocier la fin des hostilités.
Il y a un précédent dans le soutien à donner à l'Irak - la coopération avec l'Union soviétique dans la deuxième guerre mondiale. Franklin D. Roosevelt a vu Hitler comme encore pire que Staline; de plus, les Allemands semblaient susceptibles de battre les Russes. Travailler avec les communistes à Moscou a été désagréable, mais nécessaire et, rétrospectivement, tout à fait justifié. En se basant sur cet exemple, les Etats-Unis devraient prendre des mesures pour renforcer les défenses de l'Irak.