A l'éditeur:
Dans "The danger Within : Militant Islam in America» [Commentary, novembre 2001, disponible à l'adresse http://www.danielpipes.org/77/the-danger-within-militant-islam-in-america ] Daniel Pipes m'accuse moi et d'autres de travailler pour amener une révolution islamique aux États-Unis et donc de n'être pas mieux que des personnes comme Cheikh Omar Abdel Rahman, qui purge une peine à perpétuité pour aucun méfait de sa propre faute, mais à cause des préjugés du lobby juif contre l'Islam et les musulmans.
Mr. Pipes pense que lui et sa communauté juive sont les seuls [et uniques] propriétaires des États-Unis et que le reste du pays, ce sont les "goyim", sans aucun droit d'exister sur cette terre. Il oublie que chaque citoyen des États-Unis a des droits égaux, qu'il soit juif, chrétien, ou musulman.
Dès le début, Mr. Pipes pousse l'islam à être une religion «militante» qui, lorsqu'elle est établie quelque part dans ce monde, ne fait naître rien d'autre que la tyrannie, l'oppression, et un état fermé théocratique. Cette idée est une création de son imagination et reflète son ignorance de l'islam et de son histoire. Il crie haro sur le système islamique d'existence, sans même offrir une étude comparative entre capitalisme, démocratie libérale, et l'islam, indiquant la supériorité de l'un sur l'autre. C'est le moins que l'on devrait attendre d'un érudit.
Mr. Pipes oublie que Abraham, Moïse, Jésus et Mahomet sont tous des prophètes de l'Islam. L'Islam est le patrimoine commun des communautés juive, chrétienne et musulmane d'Amérique, et établir le royaume de Dieu sur terre est de la responsabilité conjointe de ces trois religions abrahamiques sans exception. L'Islam est le dîn (foi, mode de vie) des juifs et des chrétiens, qui, plus tard l'ont perdu à travers les innovations de l'homme. Maintenant les musulmans veulent rappeler à leurs frères et sœurs juifs et chrétiens leur dîn [mot arabe qui veut dire « religion » (NDLT)] d'origine. Tels sont les faits de l'histoire.
Le système islamique d'existence est la nécessité suprême de notre temps. Les problèmes humains se développent à pas de géant. Il n'y a de paix nulle part dans ce monde. Les besoins fondamentaux de l'homme: nourriture, eau potable, abri, éducation de base, médecine - se trouvent laissés au hasard, surtout parmi les opprimés. Les riches deviennent de plus en plus riches et les pauvres s'appauvrissent de jour en jour. Les droits de l'homme sont réservés aux privilégiés des sociétés libérales, ils sont refusés aux vastes sociétés d'Asie, d'Afrique, d'Europe et d'Amérique. Le communisme, le capitalisme, et les démocraties libérales du monde, malgré leurs rodomontades, n'ont pas réussi à résoudre un seul de ces problèmes humains. Plutôt, ils sont devenus l'instrument qui les augmente.
Ces systèmes artificiels ont rempli la terre avec cupidité, exploitation et des voies immorales qui sont inacceptables pour les normes abrahamiques. Pourquoi des chercheurs comme Daniel Pipes préfèrent prolonger le jeu de la soumission, de l'esclavage moderne de contrôle à distance qui fonctionne par le biais des institutions financières internationales, de l'OMC [Organisation mondiale du commerce], des sociétés multinationales, et des ONG [organisations non gouvernementales]? Le temps est venu de mettre fin à ce jeu, par personnes interposées, de la domination politico-socio-économique de quelques privilégiés sur des milliards de malheureux.
Dans le contexte actuel, l'Islam est la seule alternative qui reste; tous les systèmes laïques ont échoué pour l'humanité. Mais comment et quand cette alternative sera-t-elle disponible? Elle verra le jour à travers le long processus de paix que j'ai discuté en détail dans mes livres - des livres maintenant en train d'être mal interprétés par Mr. Pipes parce que cela arrange son djihad contre l'islam et les musulmans d'Amérique.
Mr. Pipes a donné une interprétation totalement erronée de l'épisode tragique du 11 septembre. Dans le but de tromper le peuple américain, et pour l'empêcher de pointer du doigt le lobby juif d'Amérique et l'Etat juif d'Israël, il accuse sans vergogne les musulmans et l'islam. Il a utilisé un langage accusateur sans aucune preuve.
Je voudrais enlever les doutes que Mr. Pipes a semés dans l'esprit des lecteurs et donner une idée de la façon dont la mise en place pacifique du royaume de Dieu pourrait continuer et progresser.
L'Islam invite les gens à accepter l'autorité de leur Créateur et leur Pourvoyeur, à se sentir responsables devant lui au jour du jugement, à suivre le modèle de vie montré par le prophète Mahomet. Il s'agit d'une question de volonté libre, pas de coercition et de contrainte. Si les individus choisissent librement de changer, qui peut les arrêter? Cela peut prendre des décennies, voire des siècles, pour construire une société bienveillante humaine basée sur la foi abrahamique. Pourquoi les gens devraient-ils se sentir comme M. Pipes opposés à cela?
Les valeurs fondamentales des États-Unis - les droits individuels de l'homme, la famille, de la démocratie, de la tolérance religieuse, de la justice sociale et économique, du marché libre - coïncident plus ou moins, avec ceux de l'Islam. Le peuple américain, par son libre choix, peut préférer un jour se transformer et obéir à la volonté de Dieu. Ce serait un tournant dans l'histoire de l'Amérique. Le monde entier, en particulier les non possédants, aimeraient l'Amérique, et l'Oncle Sam serait accueilli partout à bras ouverts.
C'est le processus par lequel les États-Unis peuvent redorer leur image ternie: l'image ternie d'une nation avec deux poids deux mesures, un niveau pour les riches et un pour les pauvres; une nation qui défend les droits de l'homme, mais soutient des régimes non démocratiques à travers le monde dans l'intérêt de l'opportunisme politique et économique, une nation qui condamne à juste titre et correctement le terrorisme, mais est de connivence avec le terrorisme d'Etat de ses proches alliés ; une nation qui aime la liberté, mais reste silencieuse quand les gens opprimés se battent pour échapper à leur asservissement.
La liste est assez longue et douloureuse à élaborer. La mise en place du royaume de Dieu sur la terre est la seule façon de corriger la situation. Dans son sillage, lorsque les États-Unis rendront justice à l'humanité souffrante, le terrorisme mourra de sa propre mort.
Shamim A. Siddiqi
Flushing, New York
A l'éditeur:
Compte tenu de la menace permanente et réelle pour notre sécurité physique que constituent les terroristes islamiques, je trouve étrange que Daniel Pipes ait consacré l'essentiel de son article à l'espoir tout à fait irréaliste de voir quelques leaders musulmans convertir la majorité de notre population à l'islam, et l'établir comme religion officielle de l'Etat, avec les codes de la charia régissant notre processus juridique.
Toutes les sectes évangéliques - des Églises chrétiennes aux scientologues et à la secte Moon – nourrissent des rêves d'universalité finale. Mais les musulmans représentent aujourd'hui à peine 1 à 2 pour cent de la population américaine, et sont largement confinés aux Noirs américains. Beaucoup d'entre eux appartiennent à la Nation de l'Islam, qui ne suit pas une version légitime de l'islam, prêchant à la place une doctrine qui est un méli-mélo de science d'ovni et de racisme. Je soupçonne que l'Amérique Mormon est de loin plus probable qu'une Amérique musulmane.
Ron Unz
Palo Alto, en Californie
A l'éditeur:
L'excellent article de Daniel Pipes devrait être lu par tous les dirigeants élus et les fonctionnaires chargés de l'application de la loi. Mais Mr. Pipes sous-estime le rôle de la violence dans les plans des extrémistes islamiques pour s'emparer du gouvernement américain.
Considérez les mots effrayants de Wadih Hage, l'un des terroristes islamiques qui ont fait exploser les ambassades américaines en Afrique en 1998, tuant 224 personnes et en blessant 4600 autres. Lors de sa condamnation à la réclusion à perpétuité par un tribunal fédéral à New York le 18 octobre, Hage, un citoyen naturalisé américain et ancien secrétaire personnel d'Oussama ben Laden, a fait remarquer (comme paraphrasé par le Washington Post): «Sur cette terre ... lui et ses compatriotes fondamentalistes musulmans étaient libres de planifier pour une nation encore plus parfaite, un Etat théocratique dirigé par la loi d'Allah, comme le régime des talibans en Afghanistan ».
Même après le 11 septembre, un voile de secret cache encore les finances et les activités non religieuses de mosquées islamistes à travers les États-Unis – mosquées qui récoltent des dizaines de milliers de dollars chaque semaine. Avec l'intention proclamée de renverser le gouvernement des États-Unis, les extrémistes n'usent pas de ces fonds, comme on suppose, pour promouvoir la compréhension religieuse.
Nous savons maintenant que nous sommes soumis à une campagne massive de tromperie dans laquelle de nombreux dirigeants musulmans s'expriment publiquement en anglais sur la tolérance et la paix, et en arabe entre eux sur la façon de tuer plus d'Américains et d'usurper notre gouvernement.
Leslie D. Simon
Woodrow Wilson International Center for Scholars
Washington, DC
A l'éditeur:
Y a-t-il des moyens violents et non violents de faire des Etats-Unis un pays islamique aussi franchement islamique que (l'indispensable) Daniel Pipes suggère? Est-ce que quoi que ce soit dans l'histoire américaine a fait autant pour l'Islam que les attentats-suicides du 11 septembre? Un grand nombre d'Américains, grâce aux efforts acharnés des défenseurs des libertés civiles et des universités, croient maintenant que c'est l'islam lui-même et non pas des milliers de personnes massacrées par des islamistes qui est la partie lésée.
La brutalité du fascisme islamique n'a pas encore effectué une conversion massive des Américains dans ses rangs, mais elle a certainement remporté la première manche.
Edward Alexander
Seattle, Washington
A l'éditeur:
Daniel Pipes fait des observations que le Royaume-Uni pourrait bien avoir à cœur. Sa description de l'objectif des islamistes est en parfait accord avec leur doctrine de base telle que décrite par le chercheur Bernard Lewis: l'Islam divise le monde en Dar-al-Islam (la maison de l'Islam), où les fidèles vivent, et le Dar-al -Harb (maison de la guerre), habitée par les infidèles. Ces «maisons» sont dans un état de guerre permanent interrompu seulement par des trêves temporaires tactiques, et ce conflit ne cessera pas jusqu'à ce que le monde entier soit introduit dans le Dar-al-Islam, où les membres d'autres confessions ne seront tolérés qu'en tant que citoyens de seconde classe.
En Grande-Bretagne les autorités constamment protestent que nous ne sommes pas en guerre avec l'Islam, mais avec le «terrorisme», qui existe apparemment dans une sorte de limbes, peuplées par des «extrémistes» qui n'ont rien à voir avec la religion. Les islamistes enragés comme Omar Bakri Mohammed, chef d'Al-Mouhajiroun (une organisation qui, entre autres activités, a recruté de jeunes musulmans britanniques pour se battre pour les talibans), sont donnés comme généreux et pas toujours présentés comme hostiles à la télévision britannique, et sont tolérés, même lorsque leurs activités et leurs déclarations constituent un cas évident de trahison. Pendant ce temps, des écrivains comme le romancier Fay Weldon, qui publient des commentaires critiques sur l'islam sont accusés d '«islamophobie». Et les groupes de pression musulmans font campagne pour se protéger contre de telles critiques dans le projet de loi proposé par le gouvernement pour « interdire la haine religieuse », en réalité pour criminaliser la critique de l'islam.
Herb Greer
Manchester, Angleterre
Daniel Pipes répond:
Que Shamim A. Siddiqi lise Commentary voici une excellente nouvelle. Mais il ne l'a pas, je le crains, lu de très près. Nulle part dans mon article je n'ai dit les choses qu'il m'attribue- je n'ai pas dit à propos de la communauté juive qu'elle était « la seule propriétaire» des Etats-Unis, je n'ai pas dit des non Juifs qu'ils étaient des «goyim», j'ai encore moins dit quoi que ce soit sur les non Juifs n'ayant « pas le droit d'exister sur cette terre ».Ces idées pittoresques donnent à penser que Mr. Siddiqi, quels que soient ses atouts en tant que stratège de l'ascension de l'Islam militant au pouvoir, il n'a pas grand-chose d'un analyste de la politique américaine.
Nulle part au cours de la diatribe prolongée de Mr. Siddiqi (sur mon ignorance de l'islam et de son histoire, l'échec du capitalisme, « l'esclavage moderne de contrôle à distance de l'Organisation mondiale du commerce», le prétendu héritage judéo-islamo-chrétien d'Amérique, et la «nécessité suprême» d'un système islamique de la vie) ce n'est en désaccord avec le point principal de mon article – qui veut voir des États-Unis rendus musulmans. Au contraire, il confirme cela consciencieusement à plusieurs reprises, comme quand il exprime l'espoir que le peuple américain un jour « se transformera et obéira à la volonté de Dieu. »
Pourtant, Mr. Siddiqi proteste avec véhémence contre ma présentation de son argumentation. Pourquoi? Selon lui, il voit l'islamisation de l'Amérique se produire à travers un « processus long, pacifique », alors que moi j'utilise un «langage accusateur sans aucune preuve » pour prétendre le contraire. Ce n'est pas du tout cela: mon article insiste précisément sur le point de vue de Mr. Siddiqi - à savoir que l'islam envisage de prendre le pouvoir pacifiquement. Alors, pourquoi cette indignation? Serait-ce que son schéma est destiné à être connu de certains seulement, et que je l'ai fait connaître à un public susceptible d'être moins enthousiaste à l'idée d'une république islamique de l'Amérique?
Ron Unz et moi voyons le danger à long terme différemment. Pour moi, la vague actuelle de violence islamiste contre les Etats-Unis, même si elle est dangereuse, est en définitive moins importante que l'effort non violent pour le transformer grâce à l'immigration, la reproduction naturelle, et la conversion. Cela me surprend que Mr. Unz puisse trouver que les islamistes n'auraient pas une plus grande force que les églises chrétiennes, les mormons, les scientologues, et les adeptes de "Moon." Si les chrétiens voulaient que les Etats-Unis soient un pays chrétien, c'en serait un, c'est une ambition qui manifestement n'existe pas. Comme pour les Mormons, les scientologues, et les membres de l'Eglise de l'Unification, il devrait suffire de signaler qu'il y a quelque 50 Etats qui s'identifient comme musulmans dans le monde, mais pas un seul qui dise être sous le contrôle des Mormons, des scientologues, ou de Église de l'Unification. Enfin, la plupart des musulmans dans ce pays ne sont pas noirs, et la plupart des Afro-Américains convertis à l'islam adhérent à l'islam normatif, non pas à la Nation de l'Islam.
Je remercie Leslie D. Simon pour ses aimables paroles. La menace représentée par des personnalités comme Wadih Hage est en effet une vraie menace, mais ces menaces sont et continueront d'être réprimées. Pour le dire autrement, les États-Unis sont aujourd'hui mieux préparés à faire face à des complots criminels qu'à des menaces culturelles.
Edward Alexander a raison de dire que le 11 septembre a sans doute eu deux effets très différents sur la perception occidentale de l'islam: alors que la grande majorité des Occidentaux sont consternés par la violence de l'islam militant, une infime minorité, mais significative a été récemment attirée par la religion de l'Islam . Certains imams aux États-Unis ont revendiqué du taux de conversion multiplié par 4. Selon les médias et l'Institut de recherche du Moyen-Orient, "Depuis le 11 septembre 2001, de nombreux articles et rapports ont été publiés dans la presse arabe revendiquant que le prosélytisme musulman (« Da'wa ») aux États-Unis a vu une recrudescence dans la « conversion »des Américains ». Oussama ben Laden lui-même, dans une bande enregistrée privée notoire de ses réflexions, rendue publique le 13 décembre, a noté cette tendance dans deux pays, l'un d'eux étant les États-Unis, avec une évidente satisfaction: «En Hollande, dans l'un des centres, le nombre de personnes qui ont accepté l'Islam durant les jours qui ont suivi les opérations était plus important que le nombre de personnes qui ont accepté l'Islam dans les onze dernières années. J'ai entendu sur une radio islamique, quelqu'un qui possède une école en Amérique, dire: «Nous n'avons pas le temps de satisfaire la demande de ceux qui sont demandeurs de livres islamiques pour en apprendre davantage sur l'Islam. » En Grande-Bretagne, selon le The Sunday Telegraph, les attentats du 11 septembre ont « gonflé le nombre » de convertis à l'islam. [1]
Certes, le vice-premier ministre des Pays-Bas a rejeté la prétention de Ben Laden, en disant qu '«il y a eu une augmentation significative de l'intérêt pour l'islam, mais cela ne signifie pas que nous [Néerlandais] nous voulons tous être musulman. Ben Laden tire des conclusions qui l'arrangent et il n'y a rien de vrai dans ses commentaires ». Nonobstant ce rejet, je suis enclin à être d'accord avec la version de Ben Laden: dans ce que j'observe, l'exposition à l'islam - même un islam présenté négativement – lui fera gagner de nouveaux convertis.
Herb Greer a raison de souligner que le programme de l'Islam militant est de loin beaucoup plus avancé dans le Royaume-Uni qu'ici. L'Angleterre est un pays où les porte-parole islamistes menacent d'assassiner non seulement les romanciers (Salman Rushdie), mais même le Premier ministre (Tony Blair), et où ce ne fut pas seulement un excentrique John Walker, qui s'en alla se battre pour les talibans, mais des dizaines, si ce n'est pas des centaines, de jeunes gens qui sont allés en Afghanistan de manière organisée pour combattre leurs compatriotes. On y trouve une figure islamique de premier plan annonçant ouvertement : «Nous allons remodeler ce pays à l'image de l'Islam» et «Nous allons remplacer la Bible par le Coran." [2] En effet, les Américains curieux de ce qu' un islam militant avancé peut bien signifier pour un pays occidental pourrait se tourner vers le nord-ouest de l'Europe pour être éclairé sur ce point. En ce qui concerne l'excellente remarque de Mr. Greer sur la réticence des autorités britanniques (et américaines) pour mentionner qui sont les «terroristes» et les «extrémistes», ce fut précisément le point de départ pour mon article dans le Commentary du mois dernier, "Qui est l'ennemi ?"
[1] 30 décembre 2001.
[2] Omar Bakri Mohamed dans The Observer, 4 novembre 2001.