Abu-Rabi 'trouve que les origines de l'islam fondamentaliste se trouvent aussi bien dans le colonialisme européen que dans l'Islam. Ce dernier est «une composante aussi forte- parfois négative, parfois positive- dans les sociétés modernes arabes que l'impact du Coran sur l'esprit des Arabes.» Pour prouver son point de vue, l'auteur consacre la moitié de son livre à l'analyse de ce qu'il appelle «la grandiose exégèse» de Sayyid Qutb, [maître à penser des Frères musulmans, pendu en 1966, sur l'ordre de Nasser (NDLT)], ce penseur égyptien ayant toujours l'injure à la bouche, qui a contribué à établir un si grand nombre de traits principaux du fondamentalisme moderne, y compris la haine des musulmans modérés et son antisémitisme.
Dire que Abu-Rabi' est favorable à Qutb (et à plusieurs autres auteurs fondamentalistes) serait un euphémisme. En fait, il s'en fait l'apôtre [ardent propagateur de sa cause (NDLT)] pour un public anglophone. Par exemple, il explique les concepts de Qutb sur l'impérialisme intellectuel, enchaîne cela à sa propre élaboration de ce sujet, puis retourne à Qutb. Auteur et sujet confondus en un tout presque sans faille.
Le lecteur à qui rien n'échappe ne sera pas surpris que Abu-Rabi' cherche à expurger le caractère haineux de l'intégrisme: dans les remerciements du livre, il remercie Ramadan Abdallah (de l'Université de Floride du sud à Tampa) pour la lecture de son manuscrit. [Or] en octobre 1995, alors que ce livre était sous presse, Ramadan Abdallah refit surface à Damas comme le Ramadan Abdallah Shalah, le chef du Djihad islamique, le plus meurtrier anti-Israël qui ait jamais existé. Comme le gros titre du New York Times à propos de cette histoire le dit, "le professeur parlait de compréhension, mais il s'avère maintenant qu'il avait des liens avec des terroristes" . Non, la surprise n'est pas que Abu-Rabi' trouve des excuses à des tueurs, mais que les Presses Universitaires de l'Etat de New York se sentent obligées d'imprimer de telles ordures de propagande.