Affichant une unanimité remarquable, tous les dix-huit chapitres du livre « les médias américains et le Moyen-Orient» soutiennent que le « le public [américain] a une vue grossièrement déformée du Tiers-Monde», en général, du Moyen-Orient en particulier, et des Arabes et des Iraniens par-dessus tout. Tous les auteurs, l'un après l'autre, fustigent la presse pour ses exagérations, ses inexactitudes et ses mensonges. Les rédacteurs en chef, les éditorialistes, les journalistes, les cinéastes, les dessinateurs sont l'objet d'un véritable lynchage verbal. C'est comme si à chaque auteur avait été donné le script idéologique à l'avance, puis on lui avait demandé de l'étoffer avec plus de détails.
Mais attendez. Est-ce que la presse américaine est vraiment si mauvaise que ça? Un auteur, Mahboob Hashem (professeur adjoint de communications à Fort Hays State University, au Kansas) a dépouillé tous [les numéros] de Time et de Newsweek pendant une période de quatre ans, de 1990 à 1993 et a trouvé la couverture –comme on pouvait s'y attendre–épouvantable («stéréotypant les Arabes et les présentant comme des arriérés, des terroristes, des jockeys de chameaux, et autres»). Mais ensuite Hachem résume utilement sept thèmes principaux qu'il trouve traités dans les hebdomadaires. Ceux-ci méritent d'être notés, car ils font apparaître la plupart des Américains comme des gens raisonnables: «La région du Moyen-Orient en déclin; le mouvement intégriste croissant; le manque de démocratie; l'unité arabe n'est qu'une façade; les Arabes vivent dans le passé; l'esclavage existe dans certaines parties du monde arabe ; et le climat politique est en mutation »(c'est-à-dire affaiblissement des rejectionnistes [ceux qui refusent la solution des deux Etats pour le conflit israélo-palestinien (NDLT)], processus de paix bien engagé). C'est peut-être, juste peut-être, que les médias ont au fond raison dans ce qu'ils racontent et que ces professeurs de communication, d'études sur les médias, et de relations publiques ont tort. Peut-être aussi les professeurs de communication se sont abstenus d'aller au Moyen-Orient. (Un fatras d'erreurs renforce cette idée, l'erreur que je préfère étant «le roi Saddam Hussein»).