Le FBI a récemment publié une mise en garde selon laquelle Al-Qaïda pourrait préparer une série d'attaques pendant les vacances, contre les centres commerciaux des États-Unis à Los Angeles et Chicago. Dans quelle mesure devons-nous prendre au sérieux ces avertissements en tenant compte de la fête qui approche? Et devons-nous essayer d'évaluer la stratégie terroriste dans le contexte de certaines fêtes et à certaines dates? Les djihadistes ont-ils une prédilection pour faire subir des violences à certaines dates plutôt qu'à d'autres? Est-il sage pour nous de nous focaliser sur certaines dates, de préférence à d'autres pour nous préparer contre des attaques terroristes?
Pour discuter de ces questions nous avons aujourd'hui les personnes suivantes:
Daniel Pipes, (www.DanielPipes.org) directeur du Forum du Moyen-Orient et auteur du livre Miniatures.
Bruce Teft, le directeur du Centre ARC pour l'évaluation des menaces. Il a quitté la CIA en tant que responsable de dossiers, en 1995, après 21 ans, dont 17 passés dans des postes à l'étranger Il a été membre fondateur du Centre contre le terrorisme en 1985 et a été impliqué dans les questions de terrorisme depuis lors. Après sa retraite, il a poursuivi des études islamiques techniques sur le terrorisme et formé plus de 16.000 intervenants de première ligne, policiers, militaires et responsables du renseignement en matière de sensibilisation et de prévention du terrorisme. Pendant une période de deux ans suivant le 11 septembre, il a été le conseiller pour la lutte contre le terrorisme et le renseignement pour le département de la police de New York.
et
Robert Spencer, un érudit en histoire, théologie et droit islamiques et le directeur de Jihad Watch. Il est l'auteur de sept livres, huit monographies, et de centaines d'articles sur le jihad et le terrorisme islamique, y compris les meilleures ventes du New York Times que sont Le Guide politiquement incorrect de l'Islam (et les Croisades) et La vérité à propos de Mahomet. Son dernier livre est Religion de paix?
FrontPage: Daniel Pipes, Bruce Teft et Robert Spencer, bienvenue au Symposium.de FrontPage
Bruce Teft, permettez-moi de commencer par vous. Trouvez-vous important l'avertissement du FBI s'inscrivant dans le cadre d'attaques djihadistes et de dates pour ces attaques?
Tefft: Je crois qu'il est assez clair que le FBI n'a pas de "sources" au sein des organisations terroristes proprement dites- il appuie essentiellement ces avertissements (et ils sortent tous les ans c'est réglé comme du papier à musique) sur le "bavardage" sur les sites djihadistes. Bien sûr, les terroristes ne vont pas, sur les sites web, parler de vraies attaques. Cependant, ils savent que nous surveillons et réagissons à ces sites et que cela nous coûte énormément de temps et d'argent dans la préparation des mesures défensives. Je soupçonne que la plupart de ces sites de « bavardage » (chat) sont tenus par des adolescents musulmans et c'est leur manière de participer dans la guerre de l'Islam contre l'Occident.
Je ne crois pas qu'il y ait un lien entre les attaques terroristes et certaines dates, avec peut-être de rares exceptions telles que lien entre l'explosion d'Oklahoma et le Waco, la catastrophe du Texas. Toutes les autres connexions apparentes ne sont sans doute rien de plus qu'une coïncidence.
Pour les opérations clandestines, qu'elles soient militaires, de renseignement ou terroristes, il est très difficile de fixer des dates précises. Elles ont généralement lieu dès qu'elles sont prêtes, certainement pas avant et rarement par la suite (en raison d'une crainte légitime qu'elles soient découvertes). Il a été rapporté que Ben Laden a attendu pour placer le 11septembre d'abord en juin, puis en août et il devenait anxieux juste avant la réelle attaque du 11 septembre.
Spencer: Bruce Tefft a bien sûr raison: il n'y a pas de corrélation directe entre les attaques terroristes du djihad et certaines dates. Pourtant, il y a des résonances étranges. Beaucoup ont remarqué que la levée du siège de Vienne le 11 septembre 1683 (bien que certains parlent du 12 septembre) a conduit Oussama ben Laden, dans une culture qui est célèbre pour sa longue mémoire historique, à choisir cette date pour les attentats de 2001 en tant que moyen de marquer que maintenant les moudjahidines ont repris là où ils s'étaient arrêtés à l'époque. Cependant, même si cette connexion est absolument vraie, personne n'aurait pu prévoir à l'avance: ce n'est pas si bien connu comme fait historique, de même que la date n'est pas célébrée ou commémorée par n'importe qui. Essentiellement, cela indique qu'il rend l'exercice inutile de tenter d'évaluer la stratégie terroriste en regardant les dates importantes dans l'histoire.
Cela dit, il est vrai que les djihadistes visent ce qui est hautement symbolique, et cela pourrait éventuellement prendre la forme d'une frappe à une date remarquable comme cela peut facilement prendre la forme d'attaques sur un point de repère militaire (le Pentagone) ou lié à l'économie (le World Trade Center). Remarquables à cet égard peuvent être considérés ces avertissements car nous voyons des religieux musulmans chaque année demander de ne pas participer aux festivités des infidèles, de ne pas envoyer des cartes de voeux, de ne cautionner en aucune manière ce que les extrémistes musulmans considèrent comme la célébration de l'infidélité et le rejet de Dieu. Ces attitudes, souvent soulignées parmi les communautés salafistes, inculquant le mépris et la haine des non musulmans en particulier à l'occasion de leurs vacances, pourraient devenir la justification d'une attaque durant les vacances. En somme, donc, tandis que la possibilité ne peut pas être exclue qu'une attaque à grande échelle pourrait être envisagée pour Noël ou le Jour de l'An, il n'existe toujours pas d'indication solide que les djihadistes ont une prédilection pour faire subir des violences à certaines dates de préférence à d'autres, et les responsables de l'application de la loi ont l'obligation de rester vigilants tous les jours de l'année.
Pipes: Je voudrais commencer par souscrire à l'observation que les impératifs fonctionnels apparaissent presque toujours l'emporter sur la recherche de dates symboliques, et en me joignant à Bruce Tefft pour me demander si tout ce "bavardage » n'est pas fabriqué dans le but de tromper les agences de renseignement en disant qu'il y a quelque chose qui cloche
Il importe donc de noter qu'en l'an 2007, il y a beaucoup d'histoire derrière nous jusqu'à ce jour précis, donc peu importe le jour que l'on choisit pour un acte de terrorisme, il y aura sûrement quelque chose de pertinent qui aura eu lieu ce même jour dans quelque année de ces derniers siècles.
Enfin, je voudrais dire mon accord avec le point de vue de Robert Spencer à propos de l'hostilité islamiste envers les fêtes occidentales. J'ai écrit sur le rejet de la Saint-Valentin, mais c'est un cas particulier, car l'accent est mis là sur le côté érotique, quelque chose qui dérange les gens pieux de plusieurs religions. Plus pertinente est l'hostilité générale musulmane à l'égard de la plupart des autres jours fériés, à la fois religieux (Noël au-dessus de tout, mais aussi Pâques et Yom Kippour), quasi-religieux (Nouvel An), et complètement laïques (aux États-Unis, 4 Juillet et Thanksgiving ).
Les arguments contre ces jours fériés se classent dans plusieurs catégories: (1) Ils ont des origines païennes. (2) Les musulmans ne doivent pas imiter les mécréants. (3) L'Islam est complet et n'a pas besoin de manifestations extérieures.
Pour résumer ces différents points: alors que les islamistes pourraient bien profiter de la symbolique de ces jours fériés, cette motivation n'aura probablement pas beaucoup d'importance.
Tefft: Les deux, Robert Spencer et Daniel Pipes, sont beaucoup plus savants et instruits dans l'Islam que je ne suis. En fait, je considère les deux comme mes mentors. M'appuyant sur leurs discours et leurs écrits, j'ai seulement essayé d'appliquer ces enseignements à la question opérationnelle de la lutte contre l'Islam.
Je n'ai absolument rien à redire à leurs observations sur l'hostilité des Musulmans envers les jours fériés occidentaux, ou sur le désir du musulman d'attaquer le mécréant pour célébrer une date importante, mais presque chaque date dans le calendrier pourrait être liée à un événement important pour les musulmans, car ils ont fait la guerre contre les non musulmans depuis 1400 ans.
Sur le plan opérationnel cependant, il est difficile d'adhérer à des dates spécifiques et du point de vue analytique, il est presque impossible de déterminer quelle date pourrait être préférée à une autre date pour une attaque.
J'évite le terme «islamiste» car je crois qu'il est trompeur impliquant, de même que le terme "islamo-fasciste" qu'il y a une certaine division majeure théologique ou idéologique de l'islam sur les objectifs de base. De ma compréhension de l'islam, il semble que ceux que nous appelons les «radicaux» ou «islamistes» ou «islamofascistes» agissent essentiellement en conformité stricte avec le Coran, l'exemple de Mahomet, et les hadiths. Les musulmans qui nous attaquent sont les militants, les guerriers muhajidines - la branche armée de l'Islam, tout comme les factions diverses de l'IRA étaient la branche armée des nationalistes irlandais, alors que le Sinn Fein était l'aile politique / modérée.
Les militants et les autres musulmans qui les soutiennent, ou ne les rejettent pas comme des apostats, visent le même objectif: la conquête du monde par l'Islam. Leur seule différence pourrait être tactique. Les musulmans "modérés" peuvent croire, comme beaucoup de communistes l'ont fait pendant la guerre froide, que l'infiltration et la subversion sont plus efficaces que les attaques armées directes, frontales dans la conquête de leur ennemi. Mais même les musulmans "modérés" ne peuvent pas nier les préceptes coraniques visant à convertir, asservir ou tuer tous les non musulmans, et à rendre islamique le monde.
FP: Eh bien les musulmans modérés pourraient ne pas être en mesure de nier que c'est ce que dicte le Coran, mais ils peuvent le rejeter. Et en le rejetant cela les rend non musulmans aux yeux de l'Islam, mais eux peuvent se considérer comme musulmans, s'ils le souhaitent et nous ne pouvons pas les empêcher. En d'autres termes, le problème est l'Islam, et non pas les nombreux musulmans qui veulent démocratiser. Ils font face à un défi de taille, mais parce qu'ils sont confrontés à un défi de taille cela ne les rend pas semblables aux extrémistes musulmans.
Robert Spencer, que pensez-vous des commentaires de Daniel Pipes et de Bruce Tefft? Et pensez-vous qu'en général, nous devrions être plus vigilants en cette saison de vacances? Et en général, est-ce que l'Occident se prépare de la manière adéquate?
Spencer: l'explication de Daniel Pipes pour savoir pourquoi les musulmans rejettent les jours fériés des non musulmans m'a fait penser à un article publié récemment sur le site Internet de la mosquée Khalid Bin Al-Walid à Toronto, qui demande: «Comment pouvons-nous nous résoudre à féliciter ou souhaiter du bien pour leur désobéissance à Allah. Ainsi des expressions telles que: Bon Thanksgiving, bon anniversaire, bonne année , etc, sont à éliminer ». Ce motif de leur opposition tient dans l'affirmation selon laquelle ce sont intrinsèquement des manifestations de désobéissance à Allah, probablement en raison de leur origine non islamique.
Sur un autre sujet, je suis d'accord avec Bruce Tefft que les musulmans «modérés» ne peuvent pas nier que le Coran ordonne de convertir, d'asservir ou de tuer tous les non musulmans, et de rendre islamique le monde entier, avec toutefois quelques petites réserves: les choix proposés aux non musulmans par Mahomet et la loi islamique ne sont pas ceux de la conversion, de l'esclavage ou la mort, mais de la conversion, de la soumission ou de la mort (cf. Sahih Muslim 4294). L'assujettissement n'est pas, à proprement parler l'esclavage bien que la distinction entre les deux en divers moments de l'histoire islamique soit extrêmement difficile. Les non musulmans ont dû accepter un humiliant statut de seconde classe et leur vie et leurs biens étaient toujours à la merci de leurs suzerains musulmans, mais ils n'étaient pas des esclaves purs et simples.
En ce qui concerne la déclaration de Mr Tefft au sujet des musulmans modérés, je pense qu'il y a un test pratique pour savoir si un modéré auto-proclamé est sincèrement intéressé par la réforme islamique, ou si c'est un menteur: admet-il que la tradition islamique contient des enseignements impliquant la violence et la soumission des non-croyants? Ou nie-t-il que cela existe? Un vrai réformateur ne nie pas l'existence de ces enseignements, mais il les affronte et tente de définir des moyens pour émousser leur force d'incitation à la violence. Donc, je suis d'accord que les musulmans modérés ne peuvent pas nier ces préceptes coraniques, mais je pense qu'il peut être possible de formuler une compréhension non littérale (et, en fait, anti-littérale) de l'islam qui rejette explicitement ses éléments traditionnels de domination.
Cependant il ne faut pas se leurrer, en pensant que c'est un mouvement de masse qui est prêt à déferler sur le monde islamique. Il y a peu de musulmans en Occident qui sont véritablement décidés à réconcilier l'islam avec les notions universellement acceptées des droits de l'homme, la distinction sacré / profane, et plus encore. Ils méritent notre appui. Mais ils ne sont pas au stade d'avoir le nombre ou l'influence suffisants pour être appelés un mouvement, et encore moins de prendre l'initiative intellectuelle d'affronter les djihadistes.
Ce que je pense, en ce qui concerne la question de savoir si nous devrions être plus vigilants sur la période des jours fériés? Oui, nous devons l'être parce que la possibilité d'une attaque est toujours là, mais nous devons maintenir une vigilance générale à tout moment. Et en général, l'Occident ne se prépare pas d'une manière adéquate. En effet pas du tout. Mais l'échec n'est pas tant dans les efforts visant à arrêter les attaques terroristes du djihad, car beaucoup de ces attaques ont été déjouées, mais l'échec c'est pour relever le défi idéologique que présentent les djihadistes, et en faisant appel à des groupes musulmans américains pour faire quelque chose d'efficace pour relever ce défi idéologique consistant à stopper la résistance aux efforts anti-terroristes. Il y a tellement de façons non violentes dans le programme de domination islamique , et ces façons ne sont même pas sur l'écran radar des représentants du gouvernement chargés de l'application des lois.
FP: Dr.Pipes, vos réflexions sur la discussion? Et bien voulez-vous ajouter un mot, si c'est possible , à propos du point de vue de Robert Spencer sur les nombreux moyens non-violents où le programme islamiste est en progression.
Pipes: Robert Spencer sur deux points - qu'il y a «beaucoup de moyens non-violents par lesquels la domination islamique avance» et que ceux-ci «pour les représentants du gouvernement pour l'application des lois ne figurent même pas sur l'écran radar du gouvernement» je suis entièrement d'accord.
(1) J'ai appelé ce phénomène «l'islamisme légal», j'ai fait valoir qu'il n'est pas moins dangereux que l'islamisme violent, et j'ai fondé "Islamist Watch" pour le combattre.
(2) Les représentants du gouvernement en général et en particulier ceux chargés de l'application des lois sont démunis face à ce problème; en effet, ils ont tendance à aggraver les choses en soutenant efficacement les islamistes légaux. Ceci, soit dit en passant, a été la politique américaine depuis le discours de juin 1992 d'Edward Djerejian de Meriden House.
Pour l'avenir, je vois un nouveau débat sur les islamistes légaux. Autrement dit, les Occidentaux sont d'accord pour dire que les musulmans modérés sont vraiment nos alliés et les islamistes violents sont nos ennemis. La dispute porte sur le terrain d'entente avec les islamistes légaux.
En ce qui concerne le sujet qui a initié cette discussion, «le djihad des jours fériés», je pense que nous trois nous sommes d'accord sur le fait que la période des fêtes de décembre n'est pas plus dangereuse que d'autres moments de l'année.
Tefft: Je suis en désaccord avec vous Jamie sur le fait que les musulmans modérés peuvent rejeter une partie du Coran et rester musulmans. Je n' ai jamais vu "beaucoup de musulmans" qui le fassent. Comme Robert l'a signalé, ce n'est guère un mouvement de masse prêt à déferler sur le monde islamique ... quelques centaines de musulmans rejetant le Coran sur 1,5 milliards, ce n'est même pas statistiquement digne d'être noté.
En ce qui concerne les musulmans qui ne soutiennent pas ouvertement la stratégie d'Al-Qaïda d'assaut frontal contre les non musulmans, je pense que le point de vue du Dr Pipes est essentiel. Les musulmans, qui savent qu'ils sont obligés de rendre islamique le monde, sont beaucoup plus dangereux quand ils font semblant d'être favorables à la démocratie , attachés aux droits de l'homme, ou au caractère non-islamique de l'État. Le CAIR et toutes les autres organisations musulmanes aux Etats-Unis liées au terrorisme wahhabite, de l'ISNA à la SÉFM pour les associations étudiantes musulmanes, sont passés maîtres dans ce genre d'infiltration et tromperie. C'est tout à fait la même tactique que celle à laquelle ont eu recours les communistes à la suite de la Seconde Guerre mondiale quand ils ont réalisé qu'ils ne pouvaient pas battre l'Occident ouvertement sur un champ de bataille. L'islam est en guerre avec nous. Les musulmans l'ont déclaré, de Mahomet, jusqu'à Ben Laden et le Premier ministre de la Turquie. Pourquoi persistons-nous à nier le danger? L'islam est en guerre avec nous, nous ne sommes pas (encore) en guerre avec l'Islam. Et nous sommes en grave danger à cause de cela.
FP: Il y a une différence entre l'islam et les musulmans. Et il y a des musulmans qui ne sont pas conscients - ou tout simplement pas intéressés par beaucoup de leurs propres enseignements. Il y a des musulmans qui ne suivront pas ces nombreux enseignements. Sont-ils considérés comme de bons musulmans au sein de l'islam? Non. Est-ce à dire qu'ils n'existent pas? Non.
L'islam est une menace et un problème pour nous aujourd'hui. Khalim Massoud et Hasan Mahmud ne le sont pas. Ils représentent une partie de notre espérance et il serait très imprudent de les loger à la même enseigne que les extrémistes islamistes.
Cela dit, M. Tefft, je ne suis pas en désaccord avec les points principaux touchant à l'islam lui-même.
Spencer: Bruce Tefft a raison de penser que les musulmans modérés ne peuvent pas «rejeter n'importe quelle partie du Coran et rester musulmans» - du point de vue de la théologie et du droit islamique traditionnels. Cela ne veut pas dire qu'une nouvelle compréhension de l'Islam ne puisse être mise au point et finalement devenir un grand mouvement, mais cela reste un vœu pieux, et ce n'est pas en vue à l'horizon. Le mouvement djihadiste est précisément une réaffirmation de la théologie traditionnelle et du littéralisme coranique parmi les populations musulmanes où certains aspects de ce littéralisme ont été mis de côté dans la pratique depuis un certain temps.
La plupart des analystes supposent que les musulmans qui rejettent la pratique de ce littéralisme vont se lever et se ranger du côté de l'Occident, en cas de contestation. Cela n'a toutefois pas encore été prouvé. Et cela semble peu probable, étant donné que les djihadistes peuvent se présenter comme les représentants du «pur» et «vrai» islam afin de gagner des recrues et justifier leurs actions. A la lumière de cela, les réformateurs véritables devraient rejeter le littéralisme coranique et les dispositions islamiques traditionnels explicitement, et braver l'accusation des suprématistes islamiques que, ce faisant, ils ont cessé d'être musulmans.
Ceux qui le font, mais ce n'est qu'un petit nombre, méritent notre soutien, mais il faut se méfier de placer trop d'espoirs dans leurs possibilités de déclencher un mouvement de réforme à grande échelle dans le monde islamique. Pourtant, les décideurs politiques qui sont conscients de l'ampleur réelle du problème doivent exploiter le fait que, comme le dit Jamie, il y a des musulmans "qui ne sont pas conscients - ou tout simplement pas intéressés par – leurs propres enseignements. Il y a des musulmans qui ne suivront pas ces enseignements. "
Je crois qu'il y a plusieurs façons dont cela peut être fait et qui n'ont pas encore commencé à être explorées, parce que la politique officielle a été paralysée par des idées fausses sur l'islam et les musulmans qui ont été investies du statut de dogme indiscutable.
Pipes: l'islam est à bien des égards similaire au judaïsme, car ils sont tous deux basés sur une loi sacrée, la charia et la halakha. Par conséquent, il est instructif d'examiner la rencontre du judaïsme avec la modernité. Pour raccourcir une histoire longue et complexe, qui se déroule sur plusieurs siècles, l'emprise de la loi sacrée a été assouplie et les Juifs restent juifs aujourd'hui tout en mangeant du porc et en n'observant pas le sabbat. En effet, des écoles (par exemple, réformiste, conservatrice, reconstructionniste) sont apparues qui ont codifié les attitudes envers la loi. Bien que ces développements restent de l'ordre du futur pour l'islam, je ne vois aucune raison de les exclure. Comme j'aime à le dire, l'Islam est ce que les musulmans en font. Ou, comme le dit Hassan Hanafi, professeur de philosophie à l'Université du Caire, qui considère le Coran " un supermarché, où l'on prend ce qu'on veut et laisse ce qu'on ne veut pas."
Tefft: Je remarque que nous entrons maintenant dans certaines sphères très ésotériques et philosophiques – et je suis aussi qualifié que mes amis ici. Alors que je m'interroge sur le commentaire de Jamie à savoir qu'il y a une différence entre l'islam et les musulmans, je ne suis certainement pas en désaccord avec l'idée que tous ceux que l'on pourrait appeler les musulmans, ou même les musulmans modérés, ne peuvent pas être de «bons musulmans», selon Mahomet, Allah ou le Coran. Dans ce cas, ces musulmans «mauvais» (ou «modérés») sont, de notre point de vue, pas un problème, pas une menace et, en fait, probablement d'assez braves gens.
Cela dit, d'un point de vue du renseignement militaire, ou même d'un point de vue opérationnel et sécuritaire, nous devons abandonner le politiquement correct et regarder la réalité. Comme avec les nazis ou les communistes d'une époque révolue, l'idée de base (fondamentale) est que l'islam est une religion meurtrière, conquérante, voire génocidaire, la religion de l'exclusion et du mal (l'idéologie). Je ne pense pas que nous puissions renier les individus qui prétendent être musulmans et disent qu'ils ne supportent pas vraiment le Coran (accepter le Coran est une obligation pour être musulman) ou l'idéologie de l'islam, ou sont ignorants de ce qu'ils prétendent être. Ce serait présomptueux de notre part. Comme un homme simple, je veux prendre les gens au mot et si une personne prétend être musulmane, comme quelqu'un prétendant être un nazi, alors il faut réclamer qu'ils rejettent le système de croyance que l'idéologie professe.
L'Islam n'est pas une ethnie, une race ou une affaire de couleur de peau. L'adhésion à l'islam n'est pas accidentelle ou involontaire. Vous ne devez choisir de croire en l'islam et choisir cette idéologie que si vous êtes un musulman. Si ce n'est pas encore clair, la religion de l'Islam s'oppose à 180 degrés au mode de vie américain et à la Constitution américaine. Notre séparation de l'Église et de l'État, opérée par la loi, est un déni d'Allah et du Coran. C'est la raison fondamentale pour laquelle l'islam a choisi de singulariser les États-Unis comme le Grand Satan, au-dessus de toutes les autres nations. Nous faisons un pied de nez à l'ensemble des enseignements de Mahomet. Les vrais musulmans ne sont pas et ne peuvent pas être nos amis et alliés. Et, à moins d'une boule de cristal ou de pratiquer la télépathie, nous n'avons vraiment aucun moyen de discerner les "vrais musulmans" de ceux qui prétendent ne pas être musulmans (Que ferait-on à propos de quelqu'un qui ne croirait pas vraiment dans le national-socialisme, mais prétendrait être un nazi?). Si quelqu'un affirme qu'il est un musulman, je vais le prendre au mot lorsqu'il dit qu'il est mon ennemi juré.
FP: Ok, eh bien, ce débat est en train de tourner en rond.
Inutile de dire que cette position que "Si quelqu'un dit qu'il est musulman, je vais le prendre au mot lorsqu'il dit qu'il est mon ennemi juré» eh bien, comme je l'ai déjà dit, je rejette cette position.
Et cela ne vient pas de quelqu'un qui est naïf sur l'islam ou naïf à propos de ce que les croyants de cette religion tiennent pour vrai et important. Oui, bien sûr, une personne qui déclare qu'elle est musulmane et qui entend cela comme signifiant l'adoption des thèmes violents et totalitaires de l'islam, oui, cette personne est bien évidemment l'ennemi idéologique de toute personne qui croit en la démocratie, la liberté, liberté individuelle, etc. Mais encore une fois, il y a des musulmans qui se considèrent comme de bons musulmans, mais ils ne sont pas bien informés, ou ils ont l'intention de s'attaquer aux principes violents et autoritaires de leur religion. Et si ce sont des musulmans comme Thomas Haidon, ils pourraient même ne pas être intéressés et avoir l'intention de travailler sur un islam qui invalide les principes de leur religion. Et c'est pourquoi j'ai beaucoup d'amis qui sont musulmans, et ces musulmans se considèrent comme musulmans et ils n'ont absolument aucun intérêt pour le djihad ou l'islam politique. Et oui, les djihadistes pourraient tuer ces musulmans s'ils en avaient l'occasion- mais cela n'enlève rien à la réalité qu'ils n'ont pas cessé d'être musulmans.
Mais en tout cas, j'ai déjà rendu ma position claire sur ce point tout au long du colloque. Il y a une différence entre les musulmans et l'islam. Et des millions de musulmans à travers le monde ont été et sont les premières victimes de l'islam politique. Et une partie de nos motivations dans ce que nous faisons ici à FrontPage est fondée sur tendre la main et aider les musulmans qui sont victimes de l'islamo-fascisme et / ou qui sont tout aussi objectifs que nous le sommes sur la nécessité de vaincre l'islamo -fascisme. .
Une attaque contre les personnes d'une religion, plutôt que l'accent mis sur les problèmes au sein de cette religion, est destructrice et ne nous mènera nulle part.
Mais, comme j'ai dit, cet argument est en train de tourner en rond. Robert Spencer, dernier commentaire s'il vous plaît.
Spencer: Monsieur Tefft c'est vrai que «l'islam n'est pas lié à une race, à une ethnie ou à la couleur de peau». En même temps, au Moyen-Orient en particulier, ainsi que dans d'autres régions du monde islamique, le «dîn»-la religion – n'est pas totalement séparé de l'ethnique. C'est considéré comme l'élément immuable de l'identité. Il y a quelques années un musulman palestinien Eyad Sarraj a exprimé cela quand il a dit: «Je dois dire que si je pouvais choisir une religion, je choisirais le christianisme et son idéal de l'acceptation universelle, l'amour et le pardon» Il ne lui est jamais venu à l'esprit qu'il pourrait effectivement choisir une religion ; ce qui va de soi et est tenu comme évident en Amérique, est presque inouï dans certaines parties du Dar al-Islam.
Par conséquent, je pense qu'il pourrait être fructueux pour les analystes d'étudier comment amener les musulmans à un rejet explicite de concepts que beaucoup rejettent déjà implicitement -. Suprématie islamique, soumission des infidèles, et autres. Cela pourrait contribuer à la construction du supermarché dont M. Pipes a parlé, mais il sera certainement confronté à des obstacles titanesques venant de ceux qui se considèrent comme les gardiens de l'authenticité et de la pureté islamiques. Cependant en dépit de ces obstacles, je ne pense pas qu'il serait sage de céder le champ entièrement aux jihadistes dans leurs efforts pour gagner les musulmans culturels[les musulmans sociologiques(NDLT)]; . Nos appels à ces musulmans culturels ont jusqu'à présent été fondés sur leur ignorance de l'islam et sur l'humanisme, mais il n'y a aucune raison que ce doive toujours être le cas.
Pipes: Nous semblons avoir laissé tomber depuis longtemps le sujet "le djihad durant les jours fériés". Quelques réponses aux commentaires de mes collègues invités de l'émission:
* Pour le commentaire de M. Tefft que «la religion de l'Islam s'oppose à 180 degrés au mode de vie américain et à la Constitution américaine» je remarque qu'il a isolé une forme virulente de l'islam, ce que j'appelle islamisme, et a décidé que c'était l'ensemble de la religion, passé et futur. Ceci est aussi fallacieux que prendre une certaine forme de christianisme – par exemple celle du quinzième siècle en Espagne - et en l'étendant à tous les temps et tous les lieux. Toutes les choses changent, notamment les grandes religions.
* la Malaisie peut offrir la confluence la plus complète de l'ethnicité et de la religion, si les Malais sont tous supposés être musulmans et que malheur à l'un s'il se convertit à une autre religion.
* Les musulmans ont beaucoup de travail à faire pour moderniser leur religion, mais il est contre-productif de les priver de cette possibilité et d'insister pour qu'ils restent embourbés dans les horreurs de l'islamisme. Ne serait-il pas préférable de leur donner un coup de main pour les aider à en sortir?
FrontPage: Daniel Pipes, Bruce Teft et Robert Spencer, merci de vous être joints au Symposium de Frontpage. Bien que nous nous soyons en fait écarté du "djihad des jours fériés" sujet sur lequel nous nous sommes concentrés au début, messieurs, néanmoins vous avez fait preuve d'une grande sagesse pour traiter ce sujet - et même après dans le débat qui a eu lieu sur les questions liées aux thèmes cruciaux et perspectives de l'islam. Merci.