Le lieutenant Hiroo Onoda, épée en main, sortant de la jungle de l'île de Lubang, le 11 mars 1974, pratiquement 29 ans après la reddition du Japon. |
Les Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza sont des Onoda poussés à l'extrême. Ils ont officiellement reconnu leur défaite face à Israël il y a 24 ans, quand Yasser Arafat a reconnu, sur la pelouse de la Maison Blanche, « le droit de l'État d'Israël d'exister en paix et en sécurité. » Le problème, c'est qu'Arafat lui-même n'a pas été sincère dans cet acte de reddition que la plupart des Palestiniens ont par ailleurs rejeté.
Par conséquent, la guerre continue avec des Palestiniens imitant la soldatesque japonaise brutale et vieillissante. Tout comme cette dernière, ils continuent à se battre pour une cause perdue, tuent sans raison et ignorent les appels répétés à se rendre. Tout comme Onoda croyait dur comme fer en un empereur divin, les Palestiniens s'entêtent à vivre dans un monde imaginaire où l'on croit, par exemple, que Jésus était un Palestinien, que Jérusalem a toujours été exclusivement islamique et qu'Israël est le nouvel État croisé sur le point de s'effondrer (C'est dans le même esprit que le dictateur iranien Ali Khamenei a fourni très à propos la date du 9 septembre 2040 comme moment où Israël devrait disparaître, et que ses sbires ont construit une horloge faisant le décompte jusqu'au jour fatidique). Certains imaginent déjà un monde sans Israël : ainsi, pratiquement toutes les cartes géographiques arabes de la « Palestine » représentent celle-ci en lieu et place d'Israël.
L'horloge iranienne faisant le décompte des jours restants avant la destruction d'Israël. |
Si les Palestiniens ignorent à ce point la réalité et persistent dans ce délire, c'est en raison de trois facteurs : la doctrine islamique, l'aide internationale et la méfiance des services de sécurité israéliens (auparavant la gauche israélienne constituait l'un des facteurs majeurs mais elle ne compte plus pour beaucoup aujourd'hui).
Premièrement, conformément à la doctrine islamique, tout pays devient, une fois tombé sous contrôle musulman (Dar al-Islam), un bien patrimonial (waqf) qui doit inévitablement retourner dans le giron de l'Islam. Bernard Lewis observe qu'au cours de l'histoire, les musulmans ont réagi à la perte de territoires en Europe en prétendant que ces derniers étaient « des terres d'islam, indument prises à l'Islam et appelées à être récupérées. » Cette conviction de justice inéluctable a un pouvoir tenace comme le montrent des agressions telles que celle de la Turquie à Chypre et celle de la Syrie au Liban.
C'est Jérusalem qui a particulièrement aiguisé les sensibilités islamiques. D'abord exploitée en 1931 lors de la première conférence panislamique organisée par le mufti de Jérusalem, Amin Al-Husseini, elle a depuis lors servi de cri de ralliement à de nombreuses reprises, notamment avec Yasser Arafat, l'ayatollah Khomeiny et Recep Tayyip Erdoğan. Les échauffourées qui ont éclaté en juillet dernier au Mont du Temple à propos des détecteurs de métaux a révélé le pouvoir atavique exercé par la cité, poussant des autorités aussi diverses que le théoricien des Frères musulmans Youssouf Al-Qaradawi, le roi de Jordanie, la Ligue arabe et l'Organisation de la Coopération islamique à soutenir avec fracas et sans se poser de questions la position palestinienne, comme si la situation était restée celle des années 1950 avec sa rhétorique hurlante et inconsidérée.
Deuxièmement, divers gouvernements, des gens de gauche, des bien-pensants et d'autres internationalistes encouragent les Palestiniens à poursuivre le mirage d'une victoire nourri à la fois d'un antisionisme obsessionnel et de la prétention qu'une « Palestine » existe bel et bien. Depuis 1996, des athlètes représentent l'État-fantôme de Palestine aux Jeux olympiques. Alors qu'Israël entretient des missions diplomatiques dans seulement 78 pays l'Autorité palestinienne en possède 95. Ces dernières années, à l'exception notable de 2013, les résolutions critiques qui sont votées à l'UNESCO à l'égard d'un pays spécifique visent toutes Israël. Ce soutien international encourage le délire palestinien.
La splendide ambassade de « l'État de Palestine » à Islamabad, au Pakistan. |
Troisièmement, malgré un récent sondage indiquant qu'une large majorité d'Israéliens se montre favorable à ce qu'on pousse les Palestiniens à reconnaître que le conflit est terminé et qu'Israël a gagné, aucun gouvernement israélien depuis 1993 n'a pris des mesures allant dans ce sens. Cette discordance persistante s'explique par le fait que les services de sécurité israéliens, qui ont généralement le dernier mot sur les mesures à prendre, résistent face à toute démarche qui pourrait provoquer la violence des Palestiniens. En somme, ils pourraient dire : « Maintenant que la situation est à peu près aussi bonne qu'on pourrait le souhaiter, ne venez pas s'il vous plaît avec l'idée farfelue de durcir notre action. »
Cette réticence explique pourquoi Jérusalem tolère des logements illégaux en masse, libère des meurtriers, fournit de l'eau et de l'électricité aux Palestiniens à des conditions avantageuses et presse les donateurs internationaux non seulement de subventionner l'Autorité palestinienne mais aussi de financer les mégaprojets d'équipements israéliens (comme l'île artificielle au large de Gaza). Contrairement à la logique, l'usure des types de sécurité israéliens annihile toute mesure qui pourrait priver les Palestiniens de fonds, les punir plus sévèrement ou rogner leurs prérogatives existantes (comme le contrôle du Mont du Temple).
Le projet d'île artificielle au large de Gaza, proposé par le ministre Israélien du renseignement, Israël Katz. |
En conséquence on peut dire que le délire palestinien est le produit d'un mélange toxique composé de doctrine islamique, d'aide internationale et de prudence d'Israël.