Quand ils parlent d'« extrême-droite » et de « néo-nazis », les grands médias européens sont atteints d'un véritable délire de la déformation. J'en sais quelque chose pour en avoir fait l'expérience tout récemment. Je vais, si vous me le permettez, raconter mon histoire.
Plan simplifié du voyage prévu par Rebel Media. |
Nous avons pas mal de points de vue en commun, ce qui nous amène à travailler ensemble assez souvent. Récemment il m'a invité à participer à une croisière sur le Danube qu'organisera le Rebel Media en juin 2019, invitation que j'ai acceptée. Cette croisière consiste en une série d'escales d'un jour à peu près à égale distance les unes des autres en commençant par deux villes en Allemagne (Ratisbonne et Passau), puis quatre en Autriche (Linz, Melk, Dürnstein, Vienne), une en Slovaquie (Bratislava) et une en Hongrie (Budapest).
Bien entendu, le voyage comporte également une composante politique. Parmi les hôtes de marque présents on compte la journaliste britannique Katie Hopkins et l'activiste Tommy Robinson. Comme l'explique la brochure, « nous rencontrerons également des dirigeants politiques locaux issus de groupes politiques démocratiques œuvrant à la préservation de la civilisation et des valeurs occidentales », à savoir le parti Alternative für Deutschland, le gouvernement autrichien de Sebastian Kurz et celui de Viktor Orbán en Hongrie.
Annonce publicitaire du voyage organisé par Rebel Media. |
Qui pourrait s'opposer à cet événement innocent mêlant détente et savoir ?
C'est pourtant le cas de l'Establishment. L'assaut a été donné le 7 septembre quand le journal de Linz Oberösterreichische Nachrichten s'est empressé d'informer ses lecteurs qu'une « croisière sur le Danube organisée par des extrémistes de droite va accoster à Linz en juin 2019 ». Le quotidien a également rassemblé des déclarations du gouverneur, du maire et d'autres personnalités politiques indiquant unanimement que nous n'étions pas les bienvenus, l'un d'eux ayant même demandé qu'on mette fin au voyage.
Mais ça ne s'est pas arrêté là. Tels les moutons de Panurge, les grands médias autrichiens suivis des allemands ont repris l'histoire en la brodant dans des termes quasi-identiques. Voici quelques-uns des titres parus dans la presse en Allemagne au sujet de la visite à Linz (qui est aussi la ville où Simon Wiesenthal a commencé à récolter les preuves des atrocités nazies) :
- Die Welt : « Des Extrémistes de droite se préparent à faire une croisière avec une escale dans la ville natale de Hitler. »
- Berliner Kurier : « Des Extrémistes de droite préparent une croisière avec une escale dans la ville natale de Hitler. »
- MSN (Allemagne) : « Des Extrémistes de droite en train de préparer une croisière avec une escale dans la ville natale de Hitler. »
Titre de Die Welt du 10 septembre 2018. |
Ainsi donc une organisation canadienne étudiant les problèmes liés à l'immigration et à l'islamisation dans quatre pays a été transformée par les médias autrichiens et allemands en une bande de néonazis venus rendre clandestinement hommage à Adolf Hitler.
Une fois n'est pas coutume, je me dois ici de traiter ce sujet en des termes plus personnels.
De nombreux membres de ma famille ont été assassinés par des nazis et mes parents sont des survivants de l'Holocauste. Quant à moi, je suis né quatre ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale et le fait que le crime le plus abominable au monde ait été commis contre ma propre famille a laissé en moi au fil du temps une empreinte indélébile.
Réalisant très tôt que quand les choses tournent mal sur le plan politique, l'ombre d'une catastrophe n'est jamais loin, je me suis très jeune attelé à l'étude de la philosophie politique. J'en suis venu à la conclusion que le courant conservateur américain constitue la voie la plus sûre vers la liberté, la prospérité et la sécurité. Lorsque j'étais étudiant à l'université (1967-1971), j'ai étudié avec Harvey Mansfield et Robert Nozick, j'ai lu la National Review et la Constitution de la liberté de Friedrich Hayek et j'ai découvert les nouveaux totalitaires de gauche.
Durant ma carrière je me suis consacré à la sobriété et à la modération politique. C'est un thème sur lequel j'écris et auquel je contribue financièrement. J'ai servi dans cinq administrations présidentielles américaines et j'ai fondé le Middle East Forum dans cette optique. Je continue à étudier et à enseigner sur le sujet.
Et voilà maintenant que des descendants de nazis, issus précisément des deux pays où a commencé l'Holocauste, osent insinuer que je suis un néonazi rendant hommage à Hitler. Rien ne peut surpasser une telle impudence, si ce n'est mon dégoût.
Sur un plan plus pratique, cette déformation renforce ma méfiance vis-à-vis des médias européens : après une telle chose, comment leur faire confiance ?
Prenons l'exemple de Chemnitz, une ville de l'ancienne Allemagne de l'Est où deux migrants originaires du Moyen-Orient ont récemment tué un Allemand de la région, un fait qui a suscité des protestations de colère pendant des jours. Les médias et les politiciens ont immédiatement repéré de prétendus néonazis dans les rues de la ville (Times of London : « Déferlement incontrôlé de néonazis à Chemnitz ») et ont sournoisement transformé les migrants du Moyen-Orient en victimes. Pour connaître les faits, il est nécessaire de recourir à d'autres sources comme le Rebel Media et le Gatestone Institute et, sans surprise, on se rend compte que la version des grands médias est terriblement inexacte.
La foule protestant contre le meurtre survenu à Chemnitz, en Allemagne, défile sous l'énorme buste de Karl Marx. |
L'élite européenne que j'appelle les 6 P (police, politiciens, presse, prêtres, professeurs et procureurs) déforme sans vergogne les faits en faisant de tous ceux qui défendent leur héritage des criminels. Et je sais qu'actuellement, moi aussi, j'en fais partie.