Quelles mesures les garde-frontières occidentaux devraient-ils prendre pour défendre leurs territoires des attaques d'islamistes?
Pour les ressortissants étrangers, la réponse est simple: ne pas laisser entrer les islamistes. Exclure, donc, non seulement les terroristes, mais aussi quiconque soutient les visées totalitaristes de l'Islam radical. De même que les pays civilisés refusaient d'accueillir les fascistes au début des années 1940 (ou les communistes une décennie plus tard), ils n'ont pas à accueillir les islamistes aujourd'hui.
Mais qu'en est-il de ses propres citoyens qui passent la frontière? Ils pourraient s'en aller combattre aux côtés des talibans ou revenir d'un séminaire sur les techniques terroristes. Ou peut-être ont-ils étudié auprès d'ennemis de l'Occident, qui leur ont appris les techniques de sabotage ou de sédition. De toute évidence, les autorités doivent prendre des mesures permettant d'en apprendre davantage sur leurs activités, surtout compte tenu de la dangereuse culture djihadiste déjà implantée dans de nombreux pays occidentaux, dont le Canada.
Cette question a été soulevée notamment à la suite d'une conférence islamiste de trois jours intitulée «Raviver l'esprit islamique» et qui se déroula à Toronto en décembre dernier. L'événement, qui rassemblait une foule d'orateurs islamistes de premier plan tels que Bilal Philips, Zaid Shakir, Siraj Wahhaj et Hamza Yusuf, alarma la nouvelle Agence américaine de protection des frontières, la U.S. Customs and Border Protection (CBP).
La porte-parole de la CBP Kristie Clemens expliqua que son agence avait appris que les événements tels que celui de Toronto «pourraient être mis à profit par des organisations terroristes pour promouvoir des activités terroristes, dont le transport de personnes et la collecte de fonds». Mme Clemens ajouta plus tard que la CBP disposait «d'informations crédibles et régulières selon lesquelles ces conférences avaient été et étaient utilisées par des organisations terroristes non seulement pour transporter des documents frauduleux, mais aussi pour dissimuler les voyages de terroristes». Les terroristes s'imaginent, dit-elle, que s'ils voyagent au sein d'un groupe important, «nous allons nous montrer moins restrictifs et tenter d'expédier rapidement les formalités».
Cette hypothèse indique pourquoi la CBP décida de retenir près de 40 Musulmans, en bonne partie des citoyens américains, qui rentraient aux États-Unis en voiture après avoir participé à la conférence de Toronto. Les voyageurs déclarèrent avoir passé de longues heures peu plaisantes à la frontière, près de Buffalo, dans l'État de New York. Une femme précisa qu'on lui demanda si l'armature rigide de son soutien-gorge était une arme. Une autre, enceinte de sept mois, relata que les agents soulevèrent sa blouse pour vérifier si elle était vraiment enceinte. Un troisième voyageur dit avoir demandé à un garde-frontière: «Si je refuse de vous donner mes empreintes digitales, qu'allez-vous faire?» et avoir reçu la réponse laconique suivante: «Vous êtes libre de refuser, mais vous resterez ici jusqu'à que vous changiez d'avis.»
Daniel W. Sutherland, responsable des droits et libertés civils au Département de la sécurité intérieure, organisation apparentée à la CBP, s'exprima à Buffalo ce mois-ci et évoqua l'épisode de décembre dernier. Il n'apporta ni justification ni condamnation de principe des procédés de la CBP. Il se contenta d'admettre que la CBP effectua une «revue rétrospective des faits» et une révision de quelques éléments. M. Sutherland plaça la question de la détention de citoyens dans un contexte plus large («Ce puzzle comporte un grand nombre de pièces») et consacra la majeure partie de son temps à mettre en exergue le besoin de meilleure collaboration entre son département et les groupes de Musulmans.
Il avait raison de rester discret et peu informatif. L'Amérique est en guerre contre l'Islam radical non seulement en Afghanistan, mais aussi à Buffalo, à Boston, à Boca Raton et à Baltimore. Le contrôle des passages aux frontières revêt donc une importance cruciale. En qualité d'agence des forces de l'ordre, la CBP doit, dans ce cas comme dans d'autres (notamment celui de Tariq Ramadan), éviter de divulguer les raisons exactes pour lesquelles elle décide d'exclure des étrangers ou de détenir des citoyens. Toute autre attitude compromettrait la sécurité nationale.
Ce qui explique probablement pourquoi, la semaine passée, le Conseil des relations américano-islamiques (Council on American-Islamic Relations, CAIR) et l'Union américaine des libertés civiles (American Civil Liberties Union) – deux organisations notoirement hostiles aux efforts américains d'autoprotection – ont poussé cinq des voyageurs retenus à porter plainte contre le gouvernement fédéral pour «avoir subi une détention, un interrogatoire, une prise d'empreintes digitales et une séance de photographies sans bases légales».
Deux des exigences des plaignants ont des implications durables: que le Tribunal déclare que la CBP a violé les droits des voyageurs et qu'il interdise à la CBP de «détenir, d'interroger, de prendre les empreintes digitales et de photographier des citoyens musulmans des États-Unis parce qu'ils reviennent dans le pays après avoir assisté à des conférences religieuses».
Si les plaignants devaient obtenir gain de cause dans cette affaire, la participation à des conférences religieuses deviendrait instantanément la méthode favorite des terroristes et autres islamistes pour passer les frontières américaines sans encombre. Pour éviter une conséquence aussi pernicieuse, il faut que cette action en justice soit clairement rejetée par les tribunaux.