Beaucoup de choses seraient différentes si George W. Bush n'avait pas décidé d'envahir l'Iraq.
À certains égards, la situation serait pire:
La population iraquienne souffrirait encore sous le joug totalitaire de Saddam Hussein. L'économie chancelante, les voitures piégées et les troubles ethniques que les Iraquiens subissent aujourd'hui sont des maux bien moindres que la pauvreté, l'injustice, la brutalité et la barbarie qui caractérisaient leur sort entre 1993 et 2003.
La sécurité régionale serait menacée. Saddam Hussein a envahi deux pays (l'Iran en 1980, le Koweït en 1990) et lancé des missiles contre deux autres (l'Arabie Saoudite et Israël); il y a de fortes chances qu'il eut commis d'autres agressions, peut-être cette fois pour entraver le transport de pétrole par le Golfe Persique. En outre, il parrainait le terrorisme suicidaire contre Israël et entretenait des relations étroites avec le régime voyou de Bashar El-Assad en Syrie.
La sécurité des États-Unis serait compromise aussi longtemps que l'Iraq serait dirigée par un mégalomaniaque en mesure de fabriquer et désireux d'utiliser des armes de destruction massive. Saddam Hussein fit la démonstration de cette disposition dès 1988 en déployant des gaz toxiques à plusieurs reprises, et ceci même contre sa propre population (tuant ainsi 5000 personnes dans un village en 1988). Ses liens avec Al-Qaida pourraient l'avoir conduit à coopérer avec ses dirigeants en vue de faire usage d'ADM aux États-Unis.
Mais, si la guerre n'avait pas eu lieu, la situation serait plus favorable à d'autres égards:
L'attitude des Européens envers l'Amérique se serait améliorée. Les résultats de sondages et d'autres indications montrent que la guerre d'Iraq déclencha une hostilité internationale sans précédent depuis 1945 contre les Américains.
L'agitation des musulmans a été exacerbée par la guerre. Un fort mouvement de radicalisation s'est fait jour non seulement dans les pays à majorité musulmane (la Turquie, la Jordanie et le Pakistan sont de bons exemples), mais aussi dans des pays occidentaux (tels que le Royaume-Uni).
La politique intérieure des États-Unis serait moins turbulente sans la guerre. La solidarité apparue au lendemain des attentats du 11 septembre s'était déjà estompée avant le début de la guerre d'Iraq en mars 2003, mais cette décision aggrava les tensions, symbolisées par les emportements qui accompagnèrent les élections présidentielles de 2004.
Pour généraliser, les avantages de la guerre sont essentiellement liés à des questions de sécurité, et ses inconvénients apparaissent principalement au niveau de l'image et des attitudes. Le monde est plus sûr avec un Saddam Hussein qui attend son jugement en prison, mais il est aussi plus divisé. L'administration Bush s'est imposée sur le plan militaire, mais elle a échoué sur le terrain politique.
Dans l'ensemble, la guerre s'est révélée plus positive que négative. L'impopularité et l'acrimonie sont un prix qu'il vaut la peine de payer pour que le gouvernement iraquien ne mette plus en danger les Iraquiens ou le reste du monde.