Mon article d'hier, «Convertis au terrorisme», abordait la question des convertis à l'Islam qui s'engagent dans le terrorisme. L'espace restreint à disposition limitait la quantité d'informations que je pouvais y inclure – je le complète donc ici, et ce de trois manières: (1) en fournissant les noms des convertis suspectés, arrêtés ou inculpés de terrorisme mais qui n'ont pour l'instant pas passé à l'acte ou pas été condamné; (2) en examinant le cas des djihadistes non terroristes; et (3) en résumant un rapport français sur les convertis à l'Islam.
(1) La liste d'hier comprenait les convertis qui ont déjà commis des actes de terrorisme ou ont été condamnés pour ce motif. Mais il reste de nombreux autres convertis qui n'ont pas encore atteint l'une de ces deux étapes, notamment:
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Australie: David Hicks, accusé d'avoir rejoint Lashkar-i Tayyiba. Shane Kent, ex-rocker roux à la peau claire qui subit un entraînement dans un camp de terroristes afghan et fut l'un des dix-sept suspects de terrorisme placés en garde à vue en novembre 2005. Joseph Terrence Thomas, accusé d'avoir suivi des entraînements avec Al-Qaida et d'avoir financé l'organisation.
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France: Willie Virgile Brigitte, accusé d'association avec Al-Qaida et d'avoir aidé les talibans à assassiner le leader afghan Ahmed Shah Massoud. Jérôme Courtailler (frère de David), arrêté avec deux autres convertis français, Johann Bonté et Jean-Marc Grandvisir, pour avoir prévu de faire sauter l'ambassade américaine à Paris. Lionel Dumont, accusé d'avoir perpétré plusieurs attentats terroristes, dont un lié à un sommet du G7, en 1996.
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Allemagne: Michael Christian Ganczarski, détenu en France sur des soupçons de liens avec Al-Qaida et d'implication dans un attentat aux explosifs perpétré en Tunisie en 2002.
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Suisse: Albert Friedrich Armand Huber, désigné comme suspect de terrorisme par le gouvernement américain.
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États-Unis: Adam Gadahn, recherché en liaison avec de «possibles menaces terroristes» contre les États-Unis. Trois des quatre membres du Jam'iyyat Ul-Islam Is-Saheeh accusés d'avoir préparé une célébration terroriste dans la région de Los Angeles sont des convertis. Jose Padilla, accusé d'avoir projeté la «fabrication d'une bombe sale improvisée» ou d'un engin de dispersion radiologique. Trois membres d'un groupe présumé, Rafiq Sabir, Tarik Shah et Mahmud Faruq Brent, sont accusés d'avoir fait serment de loyauté à Al-Qaida. La liste des co-conspirateurs non condamnés des attentats de 1993 contre le World Trade Center comprend deux islamistes convertis américains de renom, Siraj Wahhaj et Bilal Phillips, et, semble-t-il, plusieurs autres de moindre importance (Jack Hamrick, John Kinard, Frank Ramos, Kelvin Smith, Richard Smith).
Il faut aussi mentionner Charles J. Bishop (nom de famille d'origine: Bishara), un adolescent qui dirigea son petit avion de tourisme sur un gratte-ciel de Tampa après avoir rédigé une lettre annonçant son suicide et professant son admiration pour Oussama Ben Laden et les pirates de l'air du 11 septembre. Il n'est toutefois pas établi que Bishop se soit converti à l'Islam.
(2) De nombreux convertis s'engagent dans le djihad en Afghanistan, en Bosnie, en Tchétchénie et au Cachemire où ils se comportent plutôt comme des soldats que comme des terroristes (ceux d'Iraq ou des territoires palestiniens, en revanche, ne sont que des terroristes). Selon Bob Blitzer, qui dirigeait la première cellule du FBI sur le terrorisme islamique en 1994, «entre 1000 et 2000 djihadistes ont quitté l'Amérique pendant les seules années 1990». Certains d'entre eux étaient des convertis.
Parmi les Américains de cette liste possédant une certaine notoriété, on peut citer John Walker Lindh, condamné à vingt ans pour avoir fourni des services aux talibans et avoir transporté des armes pour eux; Earnest James Ujaama, deux ans pour avoir projeté de fournir des biens et des services aux talibans; plusieurs membres du «Portland Seven» (Jeffrey Leon Battle, Patrice Lumumba Ford, October Lewis), jusqu'à dix-huit ans pour avoir tenté d'aider les talibans; et Aukai Collins, auteur de My Jihad (mon djihad), un livre de mémoires. Autres soldats djihadistes: Hiram Torres, mort en Afghanistan; Cleven Raphael Holt, parti combattre en Bosnie; et un mystérieux jeune noir converti d'Atlanta connu sous le nom de Jibreel al-Amreekee, mort en combattant l'armée indienne au Cachemire. Des convertis d'autres nationalités rejoignirent également le djihad – par exemple Thomas Fischer, d'Allemagne, qui mourut au combat en Tchétchénie.
(3) Peu après les attentats à la bombe de Londres, en juillet 2005, Le Monde consacra un article – «Les conversions à l'islam radical inquiètent la police française» – à une étude des Renseignements généraux (RG) sur les convertis. Les chercheurs ne trouvèrent aucun profil type parmi les 1610 convertis français considérés. Cela dit, un tiers d'entre eux avaient un casier judiciaire et 10% s'étaient convertis en prison. Les 83% de ces convertis sont des hommes, âgés en moyenne de 32 ans. L'étude des RG observe que près de 13% se sont «convertis pour des raisons socioéconomiques», souvent pour améliorer leurs relations commerciales avec la communauté musulmane; néanmoins, plus de la moitié d'entre eux sont sans emploi. Le Tabligh et le salafisme ont à leur actif respectivement 28 et 23% des conversions des Français à l'Islam; 44% des convertis sont islamistes et 3% sont suspectés d'appartenir à ou de graviter «autour de la mouvance islamiste combattante».
Je dois répéter ma conclusion d'hier: la conversion à l'Islam augmente considérablement la probabilité qu'une personne soit impliquée dans le terrorisme.