PAUL LOCKYER: Un des critiques les plus virulents de l'Amérique des derniers accords de paix au Proche Orient est pessimiste quant à la capacité de l'Autorité palestinienne pour contrôler la violence à la suite de la trêve proclamée.
Le Dr Daniel Pipes est le directeur du groupe de réflexion (think tank) du Forum du Moyen-Orient (Middle East Forum) et fut nommé par le président George W. Bush à l'Institut de Paix des Etats-Unis, en 2003.
Dr Pipes affirme que l'Autorité palestinienne sous Mahmoud Abbas cherche à gagner du temps en acceptant le cessez-le feu, car elle n'a pas renoncé à l'idée de détruire Israël.
Daniel Pipes parle à Hamish Fitzsimmons.
DANIEL PIPES: Les nouveaux dirigeants du côté palestinien disent que la violence n'a pas fonctionné, que le terrorisme a été contre-productif, que nous allons vers l'arrière plutôt que vers l'avant à la suite de celui-ci, il est donc temps de l'arrêter.
En d'autres termes il s'agit d'une décision tactique, et c'est une bonne décision tactique, mais il s'agit simplement d'une décision tactique, elle ne dit pas d'accepter Israël et que nous allons vivre en harmonie avec Israël. Elle dit que la violence en ce moment est contre-productive.
HAMISH FITZSIMMONS: Mais étant donné la rapidité avec laquelle cet accord a été conclu après que M. Abbas contrôle l'Autorité palestinienne, pensez-vous que cela signale que c'est sérieux au sujet de la paix?
DANIEL PIPES: C'est sérieux. Il a parlé pendant deux ans et demi sur la nécessité de mettre fin à la violence, et il n'est donc pas surprenant qu'il ait fait de celle-ci sa première priorité. S'il peut effectivement mettre un frein à la violence est une question, et quelles sont ses fins est une autre question.
Je crois que son objectif est d'obtenir plus d'avantages des Israéliens afin d'être plus fort pour les combattre plus tard. Je veux dire, c'est purement tactique.
HAMISH FITZSIMMONS: Est-ce que votre sentiment de pessimisme est partagé par beaucoup aux Etats-Unis, et en particulier dans l'administration Bush?
DANIEL PIPES: Non, il y a un sentiment général d'allégresse que l'impasse n'est plus, Arafat est hors jeu , il y a de réels progrès.
En d'autres termes, l'approche générale est que les Palestiniens ont accepté d'Israël, et maintenant c'est juste une question de créer des circonstances correctes, d'adopter l'humeur juste, d'obtenir les accords sur place, et tout suivra.
Et ma conclusion de la ronde de la diplomatie d'Oslo entre 1993 et 2000, c'est que c'est un problème plus profond. En d'autres termes, l'opinion générale est que Oslo n'a pas fonctionné. Tout le monde est d'accord que ça n'a pas fonctionné. Mais les raisons sont plutôt superficielles - la personnalité d'Arafat, ne pas prêter suffisamment d'attention à l'opinion publique, le renforcement de la présence des Israéliens sur la Cisjordanie.
Mais je ne vois pas ces [éléments] comme si importants. Je vois que ce qui est vraiment important, c'est la réticence du côté palestinien de renoncer au rêve ancien de la destruction d'Israël.
PAUL LOCKYER: le commentateur du Moyen-Orient Daniel Pipes parlant à Hamish Fitzsimmons.