Deux cas récents incitent à quelques réflexions :
- Le Département d'Etat a pris l'initiative inhabituelle de condamner les opinions d'un membre de la Chambre des représentants des Etats-Unis comme étant « insultants et choquants » ;
- Une filiale de la Société Disney a animé une causerie télévisée
Dans les deux cas le déclencheur a été le même : parler de l'islam !
Je suis en désaccord avec le député Tancredo qui parle de garder l'option ouverte de détruire la Mecque et avec Michel Graham que « l'islam est une organisation terroriste ». Mais je pense qu'il est vital que les autres aient la possibilité de procéder à une libre discussion sur le Coran, le jihad, l'islam radical, le terrorisme islamiste et des sujets qui s'y rapportent, sans craindre un blâme de l'administration américaine ou une perte de leurs moyens de subsistance. (La même chose s'applique à un autre cas. Je l'ai déjà discuté ; c'est la publication de « Prophète de malheur » de Craig Winn , le dogme terroriste de l'islam, selon les propres mots de Mahomet.)
Les Américains discutent sérieusement de la nature de l'ennemi et de comment le vaincre. Il s'agit d'un sujet déroutant. J'en veux pour preuve les différentes façons utilisées par George W. Bush pour décrire l'ennemi, depuis les termes « terroristes », jusqu'à celui de « personnages infâmes » en passant par « une frange de l'extrémisme islamique » ou « les « militants islamiques ».
Et surtout à une époque où les institutions sont si frileuses ou même trompeuses, rien ne peut être hors des limites de ce débat et il ne doit y avoir aucune sanction pour ceux qui expriment leurs points de vue (22 août 2005)
Mise à jour du 4 décembre 2006 : une variante de ce même débat a éclaté à propos des commentaires de Dennis Prager concernant Keith Ellison , représentant élu du Minnesota et le tout premier musulman élu au congrès. Dans une rubrique de journal du 28 novembre sur le livre sur lequel Ellison devrait prêter serment, Prager a fait valoir que si Ellison prête serment sur le Coran, il va faire plus de mal à l'unité de l'Amérique et au système de valeurs qui a formé ce pays, que les terroristes du 11 septembre. En effet, Prager soutient que franchir ce pas serait saper la civilisation américaine.
Des mots forts sur lesquels je me trouve être en désaccord. Je n'ai aucun problème si un élu prête serment sur l'écriture de son choix, biblique ou autre.
Mais, comme avec Tancredo, Graham, et Winn, que je sois d'accord avec Prager ou non n'est pas la question. C'est un penseur sérieux, profond, original qui mérite d'avoir toute latitude pour faire passer ses idées face à la complexité des défis posés par l'islam radical : identifier l'ennemi, formuler une politique saine, trouver la meilleure stratégie et les tactiques pour le combattre.
Ce n'est que par l'échange ouvert d'idées, y compris les idées fausses, que nous avancerons dans notre compréhension de l'ennemi pour savoir comment le vaincre.
Par conséquent, dans notre intérêt à tous, en plus du droit à la liberté d'expression garantie par la Constitution, Prager doit se voir garanti le droit politique de proposer ses idées sans craindre d'être diffamé ou puni. Ne pas le lui accorder serait restreindre le débat et nuire à l'effort de guerre.
Mise à jour du 21 janvier 2009 : une cour d'Appel néerlandaise a chargé le procureur de la République de poursuivre Geert Wilders, chef du parti pour la liberté (PVV) et membre du Parlement, pour son discours de haine dans lequel il compare l'islam au nazisme. S'il est reconnu coupable, il pourrait être condamné à seize mois de prison et à payer environ 10.000€ d'amende.
Geert Wilders et Daniel Pipes à la conférence de Jérusalem, à propos du jihad, décembre 2008. |
L'occident ne peut pas gagner sa guerre s'il n'identifie pas l'ennemi, et il sera entravé si nous ne pouvons pas parler librement. Est-ce que l'ennemi est le terrorisme, l'islam radical ou l'islam, peu importe.
Le « legal project », cette commission juridique du Forum du Moyen-Orient, s'est engagé à aider Wilders contre la tentative du gouvernement néerlandais de le faire mettre en prison. Nous allons l'aider à recueillir des fonds, nous allons déployer tout un réseau d'avocats et autres spécialistes du droit et nous allons apporter notre propre expertise à son cas.
Pour rappel, la commission juridique du projet, que j'ai fondée en 2007 et qui emploie comme personnel Brooke M.Goldstein et Aaron Mayer « vise à protéger les chercheurs et les analystes qui travaillent sur les thèmes du terrorisme, du financement du terrorisme, et de l'Islam radical, contre les actions en justice visant à empêcher l'exercice de leur liberté d'expression."
Mise à jour du 25 février 2009 : je répète ces points dans un article de Eric Fingerhut- à propos du projet légal ayant co-parrainé Wilders dans un évènement de collecte de fonds dans la région de Boston.
Daniel Pipes n'est pas d'accord avec la vision du politicien néerlandais Geert Wilders selon laquelle le Coran devrait être interdit. Mais il pense Wilders devrait être en mesure de présenter publiquement ce point de vue.
C'est la raison pour laquelle le projet juridique du Forum du Moyen-Orient est en train d'aider Wilders à recueillir des fonds pour assurer sa défense juridique et il a parrainé son apparition mercredi soir à la congrégation Ahavath Torah dans la banlieue de Boston.
« Je n'ai pas besoin d'être d'accord avec lui pour voir l'importance qu'il y a à ce qu'il développe ses arguments a dit Pipes, le directeur du MEF, au sujet de Wilders…Pipes dit de Wilders qu'il est un personnage important qui fait partie de la discussion pour affronter et lutter contre l'islam radical « Si notre voix collective est empêchée de parler ou « fermée » dit Pipes, alors la voie est ouverte à l'islam radical pour aller de l'avant . Pipes a déclaré qu'il estimait que les lois sur les discours de haine, qui ont été utilisées pour poursuivre les négationnistes en Europe, sont une mauvaise idée . « Je crois au Premier Amendement » a-t-il dit.
Mise à jour du 8 mars 2009 : Voici le discours de Wilders et mon désaccord exprimé dans une interview avec Jeff Jacoby du Boston Globe
Question : « Que voulez-vous dire aux spécialistes de l'islam comme Daniel Pipes qui allègue que l'islam radical est le problème et l'islam modéré est la solution : voici une citation « L'islam est l'objet d'un certain nombre d'interprétations…Le jihad terroriste contre l'occident est une lecture de l'islam mais ce n'est pas l'éternelle essence de l'islam » . Pourquoi faudrait-il accepter ce que dit Geert Wilders sur l'islam plutôt que ce que dit quelqu'un comme Pipes ?
Réponse : Je respecte Daniel Pipes mais je suis entièrement en désaccord avec lui. Il n'y a pas d'islam modéré. C'est comme le [ Premier ministre] de la Turquie, Mr Erdogan qui a lui-même déclaré récemment « Il n'y a qu'un seul goût de l'islam et c'est le goût du Coran . »
Question : Mais c'est un islamiste. Vous vous attendiez à ce qu'il dise cela. Mais au sujet des musulmans anti-islamistes, les musulmans qui rejettent les musulmans radicaux ?
Réponse : Ecoutez, le Coran est considéré par les musulmans, contrairement à toutes les autres religions, comme la Parole de Dieu qui ne peut jamais être critiquée. Si vous critiquez le Coran vous êtes un renégat, un apostat. Il y a des gens qui sont modérés et se disent musulmans. Mais l'islam modéré est totalement inexistant. Il n'y aura jamais un siècle des Lumières comme cela s'est passé avec le christianisme.
Question : Pourquoi pas ?
Réponse : Parce que contrairement à l'interprétation des autres livres sacrés, les musulmans croient que le Coran est la Parole de Dieu et ne peut jamais être changé.
Question : Tenez-vous que le Nouveau Testament aujourd'hui est le même Nouveau Testament d'il y a mille ans? Ce qui est différent est la façon dont ce livre est lu et compris. Il y a mille ans on aurait pu dire que le christianisme était une religion militante et violente. Aujourd'hui ce ne saurait être le cas.
Réponse : Oui il y a eu un changement dans le christianisme. Cela fut possible parce que les chrétiens ne croient pas que la Bible est littéralement la Parole de Dieu – et ce n'est pas le cas du Coran. Si vous êtes vraiment convaincu que le Coran est la Parole de Dieu, il n'y aura jamais de place pour le changement.
Question : Mais pourquoi n'y aurait-il pas un mouvement au sein de l'islam qui dirait : oui le Coran dit ceci..ceci..ceci et il a été interprété de façon violente mais nous lui donnons une interprétation différente.
Réponse : Oui mais alors ils ne sont plus musulmans.
Question : Comment décidez-vous qu'ils ne sont plus musulmans ?
Réponse : Je ne décide pas. C'est le Coran qui le dit..
Commentaire : L'argument de Wilder fait écho à ce que dit le pape Benoît XVI à savoir que l'interprétation du Coran est en dehors de l'histoire. Cet argument est franchement une erreur.
( Voir « le jihad à travers l'histoire pour l'évolution d'un concept clé – et voir « La question de la contrainte en religion ). L'islam est ce que ses adeptes en font. « Pour la gamme des compréhensions d'une seule phrase coranique , la dernière ligne "le Coran qui dit « que les interprétations plus libérales de l'islam sont non islamiques" n'a pas de validité du tout »
Malgré ces différences de perspectives, la commission juridique du « Projet légal » que j'ai fondée en 2007 a recueilli des fonds , un montant de six chiffres (en dollars U.S) pour soutenir les frais de justice de Wilders et ceci pour protéger son droit à parler de sa vision des choses.