Comme tant d'autres conservateurs, j'en étais venu à penser que le Tea Party [mouvement politique contestataire qui s'oppose à l'Etat fédéral et à ses impôts (NDLT)], les résultats des élections en 2010, Solyndra[le scandale de Solyndra fait référence à Obama et aux emplois verts(NDLT)], 8 pour cent de chômage, Benghazi [Obama averti de l'attaque islamiste (NDLT)], et une opposition active (un conseiller de Romney a dit: le jour des élections «on ne peut tout simplement pas empêcher un Républicain d'aller voter») aurait assuré la défaite de la tentative de Barack Obama pour un second mandat. Sa victoire fut donc particulièrement amère. Est-ce que je fus le seul à très mal dormir et à éviter de lire les journaux pendant un certain temps?
Aussi de nombreuses analyses ont été avancées pour voir ce qui n'avait pas marché: Romney avait été trop conservateur ou pas assez conservateur, il avait trop compté sur sa biographie, il avait évité les questions qui lui auraient gagné des voix , il avait échoué à entrer en contact avec les masses populaires. On a aussi tiré des tas de conclusions: les conservateurs doivent se moderniser (Bonjour aux partenariats homosexuels !), ils doivent tendre la main aux non-Blancs (Bienvenue aux immigrés illégaux !), ils doivent désigner des vrais conservateurs.
Moi-même, je souscris à l'argument «la politique est en aval de la culture». Tandis que les conservateurs l'emportent parfois dans les débats politiques, ils ont constamment perdu dans le domaine de la salle de classe, sur la liste des best-sellers, à la télévision, au cinéma et dans le monde des arts. Ces bastions libéraux, qui fournissent de la matière pour sustenter les partis politiques démocratiques, ne se développent pas spontanément, mais résultent de décennies de travail acharné dont on peut établir la traçabilité en se reportant aux idées de Antonio Gramsci [Antonio Gramsci (1891-1937) communiste italien, célèbre pour sa théorie de «l'intellectuel organique»(NDLT)]
Ed Gillespie, ancien président du Comité national républicain. |
Heureusement, les conservateurs américains ont un contre-establishment déjà en place: le quotidien Wall Street Journal et la chaîne de télévision Fox News peuvent être mieux connus, mais la Fondation Bradley, l'Université de Pepperdine [à Malibu, en Californie (NDLT)], le Liberty Film Festival (Festival du film de la Liberté), et le magazine Commentary ne sont pas moins importants. Oui, les institutions conservatrices rarement profitent de l'histoire, des ressources et du prestige de leurs homologues libéraux - mais elles existent, elles sont de plus en plus nombreuses, et elles possèdent un message convaincant et optimiste.
Ce sera un long et difficile chemin à parcourir, mais il n'y a pas de raccourci et la réussite est possible.