Quand en décembre Donald Trump a appelé à « un arrêt total et complet de l'entrée des musulmans aux États-Unis », j'ai répondu qu'il suffisait de remplacer un mot par un autre – « musulmans » par « islamistes » – pour faire de cette déclaration scandaleuse et inconcevable une idée politique réalisable et viable.
La déclaration de Donald Trump, postée sur son site internet, à propos de l'immigration musulmane : « New York, 7 décembre 2015 – Donald Trump appelle à l'arrêt total et complet de l'entrée des musulmans aux États-Unis jusqu'à ce que les élus de notre pays comprennent ce qui se passe. » |
Des lecteurs se sont alors demandé à juste titre comment faire la distinction, parmi les musulmans, entre les islamistes et ceux qui ne le sont pas. Cette tâche, quoique coûteuse en temps et en moyens et exigeante en termes de compétence, est tout à fait faisable.
Par islamistes (en opposition à modérés) j'entends cette portion d'environ 10 à 15 % des musulmans qui cherchent à appliquer la loi islamique (charia) dans son intégralité. Les barbares des temps modernes sont les islamistes et non les musulmans dans leur ensemble. C'est bien eux, et non l'ensemble des musulmans, qu'il faut bannir de toute urgence des États-Unis et des autres pays occidentaux.
Avant de permettre à des étrangers d'entrer aux États-Unis, il est nécessaire d'effectuer à la fois des recherches approfondies et des entretiens détaillés. Cette procédure doit commencer par une enquête sur les candidats à l'immigration – leur famille, leurs amis, leur carrière professionnelle, les groupes dont ils sont membres et leurs autres activités. Les services de l'immigration doivent y dépister les anomalies, les lacunes, les activités sujettes à caution et les relations douteuses. Une fois détectés, ces problèmes doivent faire l'objet d'une enquête plus poussée.
Les opinions qu'on peut tracer ne sont plus simplement celles de personnages publics comme les intellectuels, les activistes et les imams, mais bien de tout un chacun grâce au développement des réseaux sociaux (Facebook, Twitter, etc.), sans compter les invitations lancées publiquement sur internet et appelant à réagir par des vidéos ou des commentaires publics eux aussi.
Dans le cas de djihadistes déclarés et ouvertement violents, ces investigations suffisent généralement à fournir des preuves pour les tenir à l'écart. Certains islamistes non violents vont même jusqu'à annoncer fièrement leur absence de modération. Cependant la plupart des islamistes adoptent un ton plus doux et plus subtil. Dans ces cas-là, les investigations se révèlent souvent inadéquates du fait qu'ils cachent soigneusement leurs objectifs et se dissimulent sans peine. En partant du principe que les islamistes masquent systématiquement leurs véritables idées, il est nécessaire d'organiser un entretien (volontaire) très rigoureux. Pour être plus précis, il faut :
Un enregistrement. Avec la permission de la personne interrogée, l'entretien sera filmé par une caméra visible de sorte qu'on sache qu'il est enregistré et pour que les mots, l'intonation, les habitudes de langage, les expressions du visage et les mouvements du corps de la personne interrogée fassent l'objet d'une étude plus détaillée. Les formes ont de l'importance : est-ce que l'interviewé sourit, trépigne, cligne des yeux, recherche le contact visuel, se répète, transpire, a souvent besoin d'aller aux toilettes ou encore s'exprime de façon non-verbale ?
Un polygraphe. Connecter l'interviewé à un détecteur de mensonges pourrait contribuer à la manifestation de la vérité même si la machine ne fournit pas d'information vraiment utile.
Un polygraphe ne fait de mal à personne. |
De la précision. Des enquêtes imprécises sur des questions du type « L'islam est-il une religion de paix ? », « Condamnez-vous le terrorisme ? », « Comment réagissez-vous face au meurtre d'innocents ? » dépendent trop de l'une ou l'autre définition de termes tels que paix, terrorisme et innocents pour pouvoir déterminer les convictions d'une personne. Il faut par conséquent les éviter et privilégier les questions exactes et précises : « Les musulmans peuvent-ils sortir de l'islam soit pour se convertir à une autre religion soit pour devenir athées ? »
De la multiplicité. Aucune question ne peut à elle seule laisser apparaître des prédispositions à l'islamisme. Un entretien efficace nécessite une batterie de questions portant sur de nombreux sujets allant de l'homosexualité au califat. Les réponses doivent être prises en compte dans leur intégralité.
De la variété. Pour que les questions servent à trouver la vérité, il faut dépister les divergences et les incohérences en posant la même question sous différentes formulations et accentuations.
De la répétition. Les questions devraient être posées à de multiples reprises sur une durée de plusieurs semaines, de plusieurs mois, voire plus. Ce point est crucial : les mensonges étant plus difficiles à soutenir que la vérité, les chances qu'une personne interrogée change de version augmentent en raison du volume des questions ainsi que du laps de temps qui s'écoule entre chacune des séances. Une fois qu'apparaissent les incohérences, l'interrogateur peut se focaliser sur elles et en explorer la nature, l'extension et le contenu.
Ce type d'interrogatoire est très détaillé et exige un grand nombre de questions précises. Celles-ci doivent s'étaler dans le temps et être posées sous différentes formulations afin de faire ressortir la vérité et les incohérences. Cette procédure, qui n'est ni rapide, ni facile, ni bon marché, nécessite l'intervention d'agents compétents et au fait des personnes interrogées, des sociétés d'où celles-ci sont originaires ainsi que de la religion islamique. Ils sont un peu comme les enquêteurs de police qui connaissent à la fois l'accusé et le crime. Toute question peut être posée de différentes façons et faire l'objet d'un suivi sur le raisonnement des répondants ou sur leurs sentiments. Ce n'est pas une mince affaire. Et les choses ne peuvent pas se faire à moitié.
En bref, pour protéger véritablement le pays des islamistes il faut une implication majeure de talents, de ressources et de temps. Mais si elles sont utilisées à bon escient, ces questions constituent un outil permettant de faire le départ entre ceux qui, parmi les musulmans, sont des amis ou des ennemis.