Le 27 janvier, Donald Trump a signé un décret présidentiel instaurant des procédures radicalement neuves pour le traitement des étrangers faisant une demande d'entrée aux États-Unis. Prenant appui sur la notion de « contrôle extrême » qu'il avait définie plus tôt, le décret explique que
Pour protéger les Américains, les États-Unis doivent s'assurer que les personnes admises dans ce pays n'adoptent pas de comportement hostile envers le pays et ses principes fondateurs. Les États-Unis ne peuvent ni ne doivent admettre les personnes qui ne soutiennent pas sa Constitution ou qui placent des idéologies violentes au-dessus des lois américaines. Par ailleurs, les États-Unis ne peuvent pas admettre les personnes qui s'engagent dans des actions sectaires ou haineuses (en ce compris les crimes « d'honneur » et autres formes de violence contre les femmes ainsi que la persécution des personnes pratiquant une religion autre que la leur) ou les personnes qui opprimeraient les Américains en raison de leur race, de leur sexe ou de leur orientation sexuelle.
Donald Trump signant le décret présidentiel au Pentagone, le 27 janvier 2017. |
Cet extrait suscite différentes questions sur la façon dont le contrôle extrême se traduit dans les faits : comment distinguer les étrangers qui « n'adoptent pas un comportement hostile envers le pays et ses principes fondateurs » de ceux qui le font ? Comment les responsables gouvernementaux doivent s'y prendre pour identifier « les personnes qui placent des idéologies violentes au-dessus des lois américaines » ? Plus spécifiquement, étant donné que les nouvelles procédures sont presque exclusivement motivées par la crainte de voir entrer davantage d'islamistes dans le pays, comment identifier ces derniers ?
Je soutiendrai qu'il s'agit là de tâches réalisables et que le décret présidentiel fournit la base pour les concrétiser. Dans le même temps, elles sont coûteuses en temps et en argent et exigent des compétences de haut niveau. Il est possible de tenir les islamistes éloignés mais ce ne sera pas chose aisée.
Le défi
Par islamistes (par opposition à musulmans modérés), j'entends les 10 à 15 % des musulmans désireux d'appliquer la loi islamique (la charia) dans son intégralité. Les islamistes veulent mettre en œuvre un code datant du Moyen Âge et qui plaide (entre autres choses) pour la restriction des droits des femmes, l'assujettissement des non-musulmans, le djihad violent et l'établissement d'un califat pour le gouvernement du monde.
Pour de nombreux non-musulmans, l'essor de l'islamisme ces quarante dernières années, a rendu l'islam synonyme d'extrémisme, de trouble, d'agressivité et de violence. Or ce sont les islamistes, et non l'ensemble des musulmans, qui posent problème : ce sont eux, et non les musulmans dans leur ensemble, qui doivent de toute urgence être exclus des États-Unis et des autres pays occidentaux. Bien plus, ce sont les musulmans anti-islamistes qui constituent la clé qui mettra fin à l'insurrection islamiste puisqu'ils sont les seuls à offrir une alternative humaine et moderne à l'obscurantisme islamiste.
Cependant, l'identification des islamistes n'est pas chose aisée et il n'existe aucun test simple permettant de les débusquer. La tenue vestimentaire peut s'avérer trompeuse. Ainsi certaines femmes portant le hijab sont anti-islamistes alors que des musulmans pratiquants peuvent être des sionistes. L'activité exercée n'est pas non plus un indicateur : certains ingénieurs en technologies de pointe sont des islamistes violents. De la même manière, le fait de porter une barbe, de s'abstenir de boire de l'alcool, de prier cinq fois par jour ou de pratiquer la polygynie ne permet pas de conclure à un profil politique musulman. La situation se complique encore quand on sait que les islamistes pratiquent souvent la dissimulation en faisant mine d'être des modérés et que certains croyants changent d'opinion avec le temps.
Enfin les diverses nuances qui composent le tableau rendent la situation encore plus confuse. Comme l'observe Robert Satloff du Washington Institute, un livre publié en 2007 par les éditions Gallup (Who Speaks for Islam? What a Billion Muslims Really Think : Qui parle au nom de l'Islam ? Ce que pensent vraiment un milliard de musulmans) et basé sur un sondage mené auprès de plus de 50.000 musulmans répartis dans 10 pays, a montré que les attentats du 11-Septembre sont jugés « complètement justifiés » pour 7 % des musulmans, complètement ou « largement justifiés » pour 13,5 %, et complètement, largement ou « d'une certaine façon justifiés » pour 36,6 %. Lequel de ces groupes peut-on définir comme islamiste et lequel pas ?
Confrontés à ces défis intellectuels, les bureaucrates américains sont de toute évidence incompétents, comme je l'ai démontré dans un long article que j'ai publié sur mon blog sous le titre « The U.S. Government's Poor Record on Islamists » (Le bilan médiocre du gouvernement américain au sujet des islamistes). Les islamistes ont dupé la Maison Blanche, les départements de la Défense, de la Justice, des Affaires étrangères et des Finances, le Congrès, de nombreux services de police et une quantité de municipalités. Quelques exemples :
- En 2001, le Pentagone a invité à déjeuner Anwar al-Awlaki, cet islamiste américain que le Pentagone a ensuite exécuté au moyen d'un missile lancé par un drone.
En 2001, Anwar al-Awlaki a été invité à déjeuner par le Pentagone qui, en 2011, l'a finalement tué lors d'une frappe de drone. |
- En 2002, Bill Carter, porte-parole du FBI, décrivait l'American Muslim Council (AMC, Conseil musulman américain) comme « la plus grande organisation représentative des musulmans des États-Unis ». À peine deux ans plus tard, le FBI arrêtait le président fondateur de l'AMC, Abdurahman Alamoudi, pour infractions liées au terrorisme. Alamoudi a actuellement purgé la moitié de sa peine de 23 ans de prison.
- En 2003, George W. Bush a nommé le crypto-islamiste Khaled Abou El Fadl, incroyable mais vrai, à la Commission des États-Unis sur la liberté religieuse internationale.
- En 2015, la Maison Blanche a sollicité pour ses consultations du personnel issu du Council on American-Islamic Relations (CAIR, Conseil pour les relations islamo-américaines) et ce, en dépit de plusieurs faits comme le financement initial du CAIR par une organisation classée comme terroriste, les arrestations et expulsions fréquentes de ses employés pour terrorisme, une culture de la tromperie et l'objectif de l'un de ses dirigeants de faire de l'islam la seule religion autorisée en Amérique.
Les faux modérés m'ont trompé moi aussi et ce, malgré toute l'attention que je consacre à ce sujet. En 2000, j'ai fait l'éloge d'un livre écrit par Tariq Ramadan. Quatre ans plus tard, j'ai plaidé en faveur de son exclusion des États-Unis. En 2003, j'ai condamné un agent républicain nommé Kamal Nawash. Deux ans plus tard, je l'ai soutenu. Est-ce que c'est eux qui ont évolué ou est-ce ma perception de ces personnes qui a changé ? Plus de dix ans après, je me pose encore la question.
Normes de contrôle uniformes
Pour en revenir à l'immigration, cet état de confusion indique la nécessité d'en savoir beaucoup plus sur les candidats visiteurs ou immigrants. Heureusement, le décret « Protéger la nation de l'entrée de terroristes étrangers aux États-Unis » signé par Trump le 27 janvier 2017, n'exige rien d'autre que des « normes de contrôle uniformes » dont l'objectif est d'empêcher l'entrée aux États-Unis d'individus « de façon frauduleuse dans l'intention de nuire ou susceptibles de nuire après leur admission. » Le décret exige que les mesures de contrôles et procédures uniformes prévoient entre autres éléments (et c'est moi qui souligne) :
1. Des interrogatoires personnalisés ;
2. Une base de données reprenant les documents d'identité produits par les demandeurs de sorte que le double de ces documents ne serve pas à plusieurs demandeurs ;
3. Des formulaires de demande améliorés comprenant des questions destinées à identifier des réponses frauduleuses et des intentions malveillantes ;
4. Un mécanisme garantissant que le demandeur est bien celui qu'il prétend être ;
5. Un processus d'évaluation de la probabilité du demandeur de devenir une personne contribuant positivement à la société et l'aptitude du demandeur à contribuer aux intérêts nationaux ;
6. Un mécanisme pour vérifier si le demandeur a ou n'a pas l'intention de commettre des actes criminels ou terroristes après être entré aux États-Unis.
Les éléments 1, 3, 5 et 6 permettent et exigent la procédure décrite dans l'analyse qui suit et qui comprend deux composantes principales, la recherche approfondie et les interrogatoires intensifs.
Recherche
Quand une personne demande une habilitation de sécurité, la vérification de ses antécédents devrait inclure des recherches au sein de sa famille, ses amis, ses connaissances, ses emplois, ses affiliations et ses activités. Les agents doivent enquêter sur ces personnes par rapport aux propos, aux liens et aux actes qui posent question ainsi qu'aux anomalies et aux vides. Et s'ils trouvent quelque chose de douteux, ils doivent investiguer plus avant et rester vigilants par rapport au moindre problème. Est-ce que l'accès aux secrets du gouvernement est plus important que l'accès au pays ? La procédure d'immigration doit commencer par une enquête sur le candidat à l'immigration et, à l'instar des demandes d'habilitation de sécurité, les services de contrôle aux frontières doivent dépister les problèmes éventuels.
Pratiquement toute personne ayant des idées fortes les partage dans une certaine mesure sur les réseaux sociaux. |
Également à l'instar de l'habilitation de sécurité, cette procédure doit revêtir une dimension politique : la personne en question a-t-elle des conceptions en accord avec la Constitution ? Il n'y a pas si longtemps, seules les personnes publiques comme les intellectuels, les activistes et les personnalités religieuses exprimaient leur point de vue. Désormais, avec l'Internet et ses invitations lancées à chacun pour commenter constamment et publiquement par écrit ou par vidéo et particulièrement sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, etc.), pratiquement toute personne ayant des idées fortes les partage dans une certaine mesure sur les réseaux sociaux. De telles données procurent de précieux témoignages à l'état brut sur nombre de sujets sensibles tels que l'islam, les non-musulmans, les femmes et la violence comme moyen tactique. L'exploitation de telles données semble évidente. Toutefois, les services américains à l'immigration ne le font pas et s'imposent de la sorte une retenue plus ou moins comparable à celle que s'impose la police belge en choisissant de ne mener aucune descente entre 21 heures et 5 heures du matin.
Dans le cas de djihadistes virulents, francs et déclarés, cette enquête suffit généralement à fournir des éléments pour les expulser. Même certains islamistes non violents annoncent fièrement leur immodération. Toutefois de nombreux islamistes adoptent un ton plus doux et plus subtil, leur objectif étant d'apparaître comme des modérés pour pouvoir entrer dans le pays et y imposer ensuite la charia par des moyens légaux. Comme le laissent penser certains des exemples mentionnés ci-dessus, tels ceux d'Abou El Fadl ou du CAIR, les enquêtes s'avèrent souvent inadaptées à de tels cas parce que les islamistes prudents cachent leurs objectifs et recourent sans hésiter à la dissimulation. Ce qui nous amène aux interrogatoires d'arrivée.
L'inspecteur Jacques Clouseau a peut-être bel et bien travaillé pour la police belge. |
Interrogatoires d'arrivée
En considérant que les islamistes légalistes ont coutume de masquer leurs véritables opinions, il s'avère nécessaire de les interroger avant de les laisser entrer dans le pays. Naturellement nul n'étant obligé de faire une demande pour immigrer, l'interrogatoire doit être volontaire mais il doit aussi être très minutieux et comprendre les paramètres suivants :
Enregistrement. Avec l'autorisation explicite de la personne à interroger (« Vous comprenez et acceptez que l'interview soit enregistrée, est-ce exact ?), les échanges doivent être enregistrés au moyen d'une caméra visible de sorte que toutes les étapes de la procédure figurent sans ambiguïté au dossier. Cela permettra de disposer à propos de la personne interrogée de différents éléments susceptibles d'être étudiés par la suite comme les paroles, les intonations, les habitudes de langage, les expressions du visage ou encore le langage du corps. La forme importe tout autant que le fond : la personne interrogée est-elle souriante ou agitée ? A-t-elle le regard fuyant ou fixe ? Se met-elle à répéter, à transpirer, à trembler ? Montre-t-elle des signes de fatigue ? Ressent-elle le besoin d'aller souvent aux toilettes ? S'exprime-t-elle de manière non verbale ?
Polygraphe. Même si un détecteur de mensonge ne procure en réalité aucune information utile, le fait de brancher la personne interrogée sur ce type de machine pourrait la pousser à faire preuve d'une plus grande sincérité.
Serment. Le fait de savoir que le faux témoignage est punissable d'une peine d'emprisonnement, encourage fortement à dire la vérité.
Publicité. Si le candidat sait que les réponses qu'il a données pour se dérober aux questions (telles que celles portant sur sa vie privée) seront rendues publiques, cela réduit les risques de fraude. Par exemple, interrogé sur sa foi en la pleine application de la loi islamique, un islamiste sera moins susceptible de mentir en répondant négativement s'il sait que sa réponse pourra être vue par d'autres.
Multiplicité. Aucune question ne peut à elle seule donner lieu à une réponse établissant une disposition islamiste. Un interrogatoire efficace requiert une batterie de questions sur de nombreux sujets, allant de l'homosexualité au califat et les réponses doivent être vérifiées dans leur ensemble.
Spécificité. Des questions vagues du style « L'islam est-il une religion de paix ? », « Condamnez-vous le terrorisme ? » ou « Comment réagissez-vous face aux meurtres d'innocents ? » dépendent trop de la définition que donne chacun aux mots tels que paix, terrorisme et innocents pour permettre de définir le profil d'un individu. Il faut dès lors les éviter. Il faut par contre des questions ciblées et précises : « Les musulmans peuvent-ils sortir de l'islam, soit pour adhérer à une autre religion soit pour devenir athées ? », « Un musulman a-t-il le droit de renoncer à l'islam ? »
Formulations variées. Pour que les questions permettent de faire apparaître la vérité, il faut faire ressortir les divergences et les inconséquences en posant la même question avec des mots différents et des insistances variées. En voici un échantillon : « Une femme peut-elle montrer son visage en public ? » « Quelle punition préférez-vous pour les femmes qui dévoilent leur visage à des hommes qui ne sont pas de leur parenté ? » « Est-il de la responsabilité de l'homme de s'assurer que les femmes dont il a la garde ne quittent pas le domicile sans s'être voilé le visage ? » « Le gouvernement doit-il insister sur le fait que les femmes doivent se voiler le visage ? » « La société est-elle mieux réglée quand les femmes ont le visage voilé ? » Chaque question peut être posée de différentes manières et approfondie au moyen de suivis sur la ligne de raisonnement ou la profondeur des sentiments de la personne interrogée.
Répétition. Les questions doivent être posées à de multiples reprises durant plusieurs semaines, plusieurs mois voire plus. Ce point est crucial : comme il est plus difficile de se souvenir d'un mensonge que de la vérité, les risques de voir la personne interrogée modifier ses réponses augmentent à mesure qu'augmentent le volume de questions ainsi que le laps de temps entre les différents interrogatoires. Une fois que des incohérences apparaissent, l'examinateur peut se concentrer sur elles et en évaluer la nature, l'ampleur et la signification.
Les questions
Une fois la méthode mise en place, quelles sont les questions précises qui pourraient susciter des informations utiles ?
Les questions qui suivent, présentées comme une base de réflexion, émanent de votre serviteur mais aussi d'une série d'analystes qui se consacrent depuis des années à l'étude du sujet. En 2002, Naser Khader, alors député danois d'origine musulmane et syrienne, avait proposé une première batterie de questions. L'année suivante, votre serviteur a publié une liste englobant sept domaines. D'autres ont suivi, notamment le musulman libéral égyptien Tarek Heggy, les musulmans libéraux américains Tashbih Sayyed et Zuhdi Jasser, l'ex-musulman qui se fait appeler Sam Solomon, une organisation de la RAND Corporation ainsi que l'analyste Robert Spencer. Les questions posées par le land allemand de Bade-Wurtemberg et datant de septembre 2005 s'avèrent particulièrement intéressantes étant donné qu'il s'agit d'un document officiel (dans le cadre de la citoyenneté et non de l'immigration mais avec des objectifs similaires).
Zuhdi Jasser (à gauche) avec votre serviteur comme coéquipiers lors d'un débat organisé à New York en 2012. |
Doctrine islamique :
1. Les musulmans peuvent-ils réinterpréter le Coran à la lumière des changements produits par la modernité ?
2. Les musulmans peuvent-ils se détourner de l'islam, soit pour se convertir à une autre religion soit pour vivre sans religion ?
3. Les banques peuvent-elles prélever un intérêt raisonnable (disons 3% de plus que l'inflation) sur l'argent ?
4. La taqiya (dissimulation au nom de l'islam) est-elle légitime ?
Pluralisme islamique :
5. Les musulmans peuvent-ils choisir les règles de l'islam auxquelles ils souhaitent se conformer (ex. boire de l'alcool mais éviter de manger du porc) ?
6. Le takfir (le fait de déclarer qu'un musulman est infidèle) est-il acceptable ?
7. (À poser uniquement aux sunnites) Les soufis, les ibadites et les chiites sont-ils des musulmans ?
8. Les musulmans qui ne sont pas en accord avec votre façon de pratiquer l'islam sont-ils des infidèles (kuffar) ?
L'État et l'islam :
9. Que pensez-vous de la déconfessionnalisation de l'État c'est-à-dire de la séparation entre la Mosquée et l'État ?
10. Quand les coutumes islamiques sont en contradiction avec les lois laïques (ex. le visage voilé des femmes sur des documents d'identité), à quoi faut-il donner la priorité ?
11. L'État doit-il rendre la prière obligatoire ?
12. L'État doit-il interdire la consommation de nourriture pendant le Ramadan et pénaliser les transgresseurs ?
13. L'État doit-il punir les musulmans qui mangent du porc, boivent de l'alcool et jouent aux jeux de hasard ?
14. L'État doit-il punir l'adultère ?
15. Et l'homosexualité ?
16. Seriez-vous partisan d'une mutawwa' (police religieuse) comme cela existe en Arabie saoudite ?
17. L'État doit-il appliquer les sanctions pénales prévues par la charia ?
18. L'État doit-il faire preuve de clémence quand quelqu'un est tué pour l'honneur d'une famille ?
19. L'État doit-il interdire aux musulmans de quitter l'islam ?
Mariage et divorce :
20. Un mari a-t-il le droit de frapper sa femme si celle-ci lui désobéit ?
21. Est-ce une bonne idée que les hommes puissent garder leurs femmes et leurs filles enfermées à la maison ?
22. Les parents ont-ils le droit de décider qui leurs enfants vont épouser ?
23. Comment réagiriez-vous si une fille musulmane épousait un non-musulman ?
24. La polygynie est-elle acceptable ?
25. Un mari doit-il avoir la permission de sa première femme pour pouvoir en épouser une deuxième, une troisième ou une quatrième ?
26. La femme doit-elle disposer des mêmes droits que son mari pour entamer une procédure de divorce ?
27. En cas de divorce, l'épouse a-t-elle des droits quant à la garde des enfants ?
Droits de la femme :
28. Les femmes musulmanes doivent-elles être égales en droit aux hommes (par exemple en matière d'héritage ou de témoignage en justice) ?
29. La femme a-t-elle le droit de s'habiller comme elle veut, notamment en découvrant ses cheveux, ses bras et ses jambes pour autant que sa poitrine et ses organes sexuels soient couverts ?
30. Les femmes musulmanes peuvent-elles circuler librement ou voyager comme elles l'entendent ?
31. La femme musulmane a-t-elle le droit de travailler à l'extérieur de chez elle ou faut-il l'approbation du wali ?
32. La femme musulmane peut-elle épouser un non-musulman ?
33. Les hommes et les femmes doivent-ils être séparés dans les écoles, au travail et dans la société ?
34. Faut-il réserver certaines professions aux hommes ou aux femmes ? Si oui, lesquelles ?
35. Acceptez-vous que les femmes occupent des postes à hautes responsabilités ?
36. En cas d'urgence, vous laisseriez-vous ausculter ou opérer par un médecin de l'autre sexe ?
Activité sexuelle :
37. Un mari a-t-il le droit de forcer sa femme à avoir une relation sexuelle ?
38. L'excision des femmes fait-elle partie de la religion islamique ?
39. La lapidation est-elle un juste châtiment pour l'adultère ?
40. Les membres d'une famille ont-ils le droit de tuer une femme s'ils croient que celle-ci les a déshonorés ?
41. Que répondriez-vous à l'un de vos enfants s'il se déclarait homosexuel ?
Écoles :
42. Votre enfant doit-il apprendre l'histoire des non-musulmans ?
43. Faut-il enseigner aux étudiants que la charia est un code personnel ou qu'elle doit servir de base à la loi de l'État ?
44. Votre fille peut-elle participer à des activités sportives, notamment des cours de natation, proposées par l'école ?
45. Permettriez-vous à votre enfant de participer à des voyages scolaires y compris ceux où l'enfant découche ?
46. Que feriez-vous si votre fille émettait le souhait d'aller à l'université ?
Critique des musulmans :
47. L'islam s'est-il répandu uniquement par des moyens pacifiques ?
48. Reconnaissez-vous comme légitimes les recherches universitaires sur les origines de l'islam même si cela entraîne des doutes sur l'histoire officielle ?
49. Acceptez-vous le fait que des musulmans ont été responsables des attentats du 11-Septembre ?
50. L'État islamique ou l'EI ou Daech, est-il de nature islamique ?
Le fait pour un musulman de nier la nature islamique de Daech indique beaucoup de chose sur son état d'esprit. |
Combattre l'islamisme :
51. Acceptez-vous le relèvement du niveau de sécurité pour combattre l'islamisme même si cela implique que vous soyez soumis à des contrôles supplémentaires (par exemple, en matière de sécurité aérienne) ?
52. Lorsque des institutions accusées à juste titre de financer le djihad sont fermées, s'agit-il d'une décision partiale antimusulmane ?
53. Les musulmans vivant en Occident doivent-ils coopérer avec les services de police et la justice ?
54. Devraient-ils s'engager dans l'armée ?
55. La « guerre contre le terrorisme » est-elle une guerre contre l'islam ?
Les non-musulmans (en général) :
56. Les êtres humains méritent-ils tous des droits égaux indépendamment de leur sexe, de leurs origines ethniques, de leur orientation sexuelle ou de leurs croyances religieuses ?
57. Les non-musulmans doivent-ils bénéficier, en matière de droits civils, d'une égalité complète avec les musulmans ?
58. Acceptez-vous la validité des autres religions monothéistes ?
59. Ou des religions polythéistes (comme l'hindouisme) ?
Prière dans un temple hindou à Dubaï, fondé en 1958. |
60. Les musulmans sont-ils supérieurs aux non-musulmans ?
61. Les non-musulmans doivent-ils être assujettis à la loi islamique ?
62. Les musulmans ont-ils quelque chose à apprendre des non-musulmans ?
63. Les non-musulmans peuvent-ils aller au paradis ?
64. Recevez-vous des non-musulmans chez vous et allez-vous chez eux ?
Les non-musulmans (dans le Dar al-Islam) :
65. Les musulmans peuvent-ils forcer les « Gens du Livre » (c'est-à-dire les juifs et les chrétiens) à payer des impôts supplémentaires ?
66. Les autres monothéistes peuvent-ils construire et gérer leurs propres institutions religieuses dans des pays à majorité musulmane ?
67. Et les polythéistes ?
68. Le gouvernement saoudien doit-il maintenir l'interdiction séculaire faite aux non-musulmans d'accéder à La Mecque et à Médine ?
69. Ce même gouvernement doit-il permettre la construction d'églises pour les expatriés chrétiens ?
70. Doit-il arrêter d'exiger que tous ses sujets soient musulmans ?
Les non-musulmans (dans le Dar al-Harb) :
71. Les musulmans doivent-ils combattre les juifs et les chrétiens « jusqu'à leur soumission » (Coran 9 : 29) ?
72. L'esclavage des non-musulmans est-il acceptable ?
73. Est-il acceptable d'arrêter les individus qui maudissent le prophète de l'islam ou brûlent le Coran ?
74. Si l'État n'agit pas contre de tels actes, les musulmans sont-ils en droit d'agir ?
75. Peut-on mener une vie pleinement musulmane dans un pays dont le gouvernement est en majorité non-musulman ?
76. Un musulman doit-il accepter un gouvernement légitime en majorité non-musulman ainsi que ses lois ou doit-il faire en sorte que l'islam acquière la supériorité ?
77. Un gouvernement en majorité non-musulman peut-il compter sur une allégeance sans réserve de votre part ?
78. Les musulmans qui incendient les églises ou vandalisent les synagogues doivent-ils être punis ?
79. Soutenez-vous le djihad pour la diffusion de l'islam ?
Violence :
80. Approuvez-vous les châtiments corporels (mutilation, amputation, crucifixion) des criminels ?
81. La décapitation est-elle une forme de punition acceptable ?
82. Le djihad au sens de guerre pour étendre la domination musulmane, est-il acceptable dans le monde d'aujourd'hui ?
83. Quel est le sens du cri « Allahu Akbar » lancé par les musulmans qui commettent des attentats ?
84. Condamnez-vous les organisations violentes telles que Boko Haram, le Hamas, le Hezbollah, le Djihad islamique, l'État islamique, Al-Qaïda, les Shebab et les Talibans ?
Pays occidentaux :
85. Les institutions non-islamiques sont-elles immorales ou décadentes ou peuvent-elles être morales et vertueuses ?
86. Êtes-vous d'accord avec les études qui montrent que des pays non-musulmans comme la Nouvelle-Zélande ont une qualité de vie plus proche des idéaux de l'islam que ne l'est celle des pays à majorité musulmane ?
87. La liberté à la mode occidentale est-elle un idéal ou une forme de corruption morale ? Pourquoi ?
88. Acceptez-vous le fait que les pays occidentaux sont des pays à majorité chrétienne ou cherchez-vous à les transformer en pays à majorité musulmane ?
89. Acceptez-vous de vivre dans des pays occidentaux laïcs ou cherchez-vous à ce que ces pays soient gouvernés par la loi islamique ?
90. Que pensez-vous de la police religieuse patrouillant dans les quartiers à majorité musulmane de pays occidentaux en vue d'y faire appliquer les principes de la morale islamique ?
91. Aimeriez-vous voir la Constitution américaine (ou son équivalent dans d'autres pays) remplacée par le Coran ?
Cette interview :
92. Dans un interrogatoire pour immigrés comme celui-ci, si tromper l'enquêteur peut servir l'islam, le mensonge est-il justifié ?
93. Pourquoi devrais-je croire que vous avez répondu à ces questions honnêtement ?
Observations à propos des interrogatoires
En plus d'aider à décider qui peut entrer dans le pays, ces questions peuvent également aider dans d'autres contextes, par exemple lors d'interrogatoires de police pour des recrutements à des postes sensibles (la liste des islamistes parvenus à s'infiltrer dans les services de sécurité occidentaux est terriblement longue).
On notera l'absence de questions sur les sujets d'actualité les plus brûlants, absence due au fait que le point de vue des islamistes recouvre celui des non-musulmans. Sur ces sujets, un tas de non-islamistes s'accordent avec les islamistes. Bien que Leil Leibowitz voie au contraire Israël comme un « véritable test-vérité de l'islam modéré », les islamistes sont pratiquement les seuls à exiger l'élimination d'Israël et à accepter le Hamas et le Hezbollah comme des acteurs politiques légitimes – ou croient que l'administration Bush a perpétré les attentats du 11-Septembre ou les actes de haine contre les États-Unis. Pourquoi introduire ces sujets ambigus quand tant de questions spécifiques à l'islam (ex. « L'esclavage des non-musulmans est-il acceptable ? ») ont le mérite d'être bien plus claires ?
Pas besoin d'être un islamiste pour être antisioniste. |
La grille de questions élaborée ci-dessus est extensive, elle pose de nombreuses questions spécifiques sur une période substantielle en utilisant différentes formulations qui permettent de déceler la vérité et les incohérences. Le procédé n'est ni rapide, ni facile ni bon marché et il requiert des fonctionnaires entièrement consacrés à cette tâche et bien informés sur les personnes interrogées, les sociétés d'où elles sont originaires ainsi que la religion islamique. Ils sont un peu comme un enquêteur de police qui connaît à la fois le suspect et le délit. Cela n'a rien d'une sinécure mais il n'y a pas de solution simple.
Critiques
Cette procédure suscite deux sortes de critique : d'une part, elle serait moins fiable que la politique du zéro musulman de Trump et d'autre part, elle serait trop contraignante pour qu'elle puisse être adoptée par les gouvernements. Les deux arguments sont aisément réfutables.
Moins fiable. La politique du zéro musulman semble simple à mettre en place mais la question de savoir qui est musulman est déjà un problème en soi (les Ahmadis sont-ils musulmans ?). En outre avec une telle politique en place, qu'est-ce qui va empêcher les musulmans de faire mine de renoncer à leur religion ou de se convertir à une autre religion, notamment le christianisme ? Ces actions nécessiteraient la même recherche approfondie et le même interrogatoire intensif que ceux décrits plus haut. Puisqu'un converti peut se cacher derrière l'ignorance de sa prétendue nouvelle religion, la distinction entre un véritable converti au christianisme et un faux est même plus difficile que de différencier un islamiste d'un musulman modéré.
Trop contraignant. Il est vrai que la procédure est couteuse, lente et nécessite des agents aguerris. Mais cela a aussi l'avantage de ralentir un processus que d'aucuns, comme moi, considèrent comme hors de contrôle étant donné le nombre trop important d'immigrants entrant dans le pays trop rapidement. Alors qu'ils constituaient 5 % de la population américaine en 1965, les immigrants sont passés à 14 % en 2015 et devraient, selon les projections, atteindre 18 % en 2065. C'est un chiffre beaucoup trop élevé pour permettre l'assimilation des valeurs américaines, particulièrement quand nombre d'entre eux proviennent de pays non occidentaux. Le mécanisme présenté plus haut offre l'avantage de ralentir ce processus.
Quant à ceux qui affirment que ce type d'enquête et de screening pour l'obtention de visas est illégal, la législation antérieure en matière de naturalisation, par exemple, exigeait que le demandeur soit « attaché aux principes de la Constitution », un principe reconnu à plusieurs reprises comme légal.
Enfin, le musulman modéré d'aujourd'hui pourrait devenir demain un islamiste enragé ou sa fille pourrait, vingt ans plus tard, devenir une djihadiste. Si tout immigré peut devenir hostile, un tel changement est bien plus fréquent parmi les musulmans de naissance. Certes, il n'y a aucune façon de garantir que cela ne se produira pas. Néanmoins une enquête extensive et des interrogatoires approfondis permettraient de réduire les risques.
Conclusion
Pour protéger véritablement le pays des islamistes, il faut un engagement majeur de talents, de ressources et de temps. Correctement posées, ces questions offrent un mécanisme pour séparer, parmi les musulmans, les amis des ennemis. Elles ont également l'avantage de ralentir l'immigration. Même avant que Trump devienne président, s'il faut en croire le CAIR, l'agence des douanes et de la protection des frontières (CBP) a posé des questions sur le modèle de celles proposées ici (Que pensez-vous des États-Unis ? Quelle est votre opinion sur le djihad ? Voir l'appendice pour une liste complète). Avec le soutien de Trump, espérons que cette politique effective du zéro islamiste est en bonne voie pour devenir systématique.
Appendice
Le 18 janvier 2017, quelques heures seulement avant que Donald Trump devienne président des États-Unis, le bureau de Floride du Conseil aux relations islamo-américaines (CAIR) a déposé dix plaintes auprès de l'agence des douanes et de la protection des frontières (CBP) pour avoir interrogé des citoyens musulmans à propos de leurs opinions religieuses et politiques. Parmi les questions qui auraient été posées, il y a :
1. Êtes-vous un musulman pieux ?
2. Êtes-vous sunnite ou chiite ?
3. Quelle école de pensée suivez-vous ?
4. Quel savant musulman suivez-vous ?
5. Quel savant musulman contemporain écoutez-vous ?
6. Priez-vous cinq fois par jour ?
7. Pourquoi avez-vous un tapis de prière dans vos bagages ?
8. Pourquoi avez-vous un exemplaire du Coran dans vos bagages ?
9. Avez-vous visité l'Arabie saoudite ?
10. Visiteriez-vous l'Arabie saoudite ou Israël ?
11. Que connaissez-vous de la Jama'at al-Tabligh ?
12. Que pensez-vous des USA ?
13. Quelles sont vos opinions sur le djihad ?
14. Quelle mosquée fréquentez-vous ?
15. Est-ce qu'un individu de votre mosquée a des opinions extrêmes/radicales ?
16. Votre imam exprime-t-il des opinions extrémistes ?
17. Quelles sont les opinions d'autres imams ou d'autres membres de la communauté qui prononcent le sermon du vendredi dans votre mosquée ?
18. Ont-ils des opinions extrémistes ?
19. Avez-vous déjà participé à la prière du vendredi ? De quoi avez-vous parlé avec la communauté ?
20. Quelles sont vos opinions au sujet des différentes organisations terroristes ?
21. Sur les réseaux sociaux, quels sites utilisez-vous ?
22. Quel est votre nom d'utilisateur sur Facebook ?
23. Quel est votre nom d'utilisateur sur Twitter ?
24. Quel est votre nom d'utilisateur sur Instagram ?
25. Quels sont les noms et numéros de téléphone de vos parents, connaissances et amis ?
Le CAIR prétend également qu'un musulman canadien a été interrogé par la CPB qui lui a posé les questions suivantes avant de lui refuser l'entrée dans le pays :
1. Êtes-vous sunnite ou chiite ?
2. Pensez-vous que nous devons permettre à quelqu'un comme vous d'entrer dans notre pays ?
3. À quelle fréquence priez-vous ?
4. Pourquoi vous êtes-vous rasé la barbe ?
5. Quelle école de pensée suivez-vous ?
6. Que pensez-vous de la politique étrangère américaine à l'égard du monde musulman ?
7. Que pensez-vous du fait de tuer des non-musulmans ?
8. Que pensez-vous de [différents groupes terroristes] ?
Enfin, le CAIR indique que les personnes interrogées « ont été retenues de 2 à 8 heures par la CBP. »