Jonathan S. Tobin |
Pourquoi une tel manque d'inquiétude ? Parce que les « Palestiniens diront certainement non à tout accord de paix » rendant pratiquement certain que « le plan de paix de Trump restera lettre morte. » Sans le citer, Tobin évoque implicitement l'aphorisme d'Abba Eban selon lequel les Arabes « ne ratent jamais l'occasion de manquer une opportunité. »
Plus frappant encore, Tobin affirme que le plan prospectif de Trump « n'est pas une quête messianique de la paix du style d'Obama » mais « une diversion diplomatique qui permet à certains États sunnites comme l'Arabie saoudite, l'Égypte et la Jordanie de se ranger derrière les États-Unis pour poursuivre leur véritable priorité à savoir, la réduction à néant des bénéfices engrangés par l'Iran sous Obama. »
En d'autres termes, Tobin soutient que le « plan de paix » de Trump assume la politique palestinienne du rejet et n'est qu'un prétexte israélo-américain pour faciliter la coopération de l'Arabie saoudite et d'autres États arabes avec l'État d'Israël.
J'admire Tobin en tant qu'analyste et suis d'accord avec lui sur le fait que le but ultime de Trump est de créer une coalition israélo-arabe contre l'Iran. Mais je ne peux pas souscrire à son optimisme concernant la position d'Israël. Mon interprétation par rapport à ce qui attend le pays (comme esquissé ici et ici) s'avère beaucoup plus sombre. Je pense 1) que l'Autorité palestinienne dira oui dans le but d'obtenir la reconnaissance américaine de la Palestine et de Jérusalem et 2) que la recherche d'un « ultime accord » entre Israël et les Palestiniens poursuivie par Trump est tout à fait sincère et très ambitieuse.
En ce qui concerne le premier point, il est clair que l'Autorité palestinienne a manqué un nombre incalculable d'opportunités. Toutefois, la situation extrême qu'elle traverse actuellement (les priorités plus urgentes que sont l'Iran et la Syrie, le contrôle de Gaza par le Hamas, la maladie de Mahmoud Abbas peut-être en phase terminale, la solidité des relations israélo-américaines) ressemble à la crise vécue sous Yasser Arafat il y a 25 ans (effondrement de l'Union soviétique, défaite de Saddam Hussein). À l'instar d'Arafat qui a fait le pas apparemment décisif en acceptant l'existence d'Israël, Abbas ou son successeur dans leur moment de crise accepteront la demande qu'on pourrait leur faire de renoncer au droit des Palestiniens de retourner dans ce qui est à présent Israël.
Pourquoi pas ? Tout comme Arafat est revenu sur sa parole concernant la reconnaissance d'Israël (on se rappellera les discussions interminables à propos de la modification de la charte de l'OLP), de la même manière le nouveau leader fera instantanément marche arrière sur le droit au retour. En d'autres termes, l'Autorité palestinienne obtiendra de l'Amérique la reconnaissance de la Palestine avec Jérusalem pour capitale, en plus d'un contrôle sur de nouveaux territoires à Jérusalem, et tout cela sans aucune compensation. Pourquoi l'Autorité palestinienne déclinerait-elle donc une offre si alléchante ?
Comme Arafat (à gauche) a dupé Clinton, son successeur tentera de duper Trump. |
En ce qui concerne le second point, à savoir l'imposture complète que constituerait le plan, Trump a montré un intérêt majeur pour l'obtention d'un accord israélo-palestinien que ses prédécesseurs avaient éludé. Rien ne permet de penser qu'il s'engage dans une farce. Par ailleurs, d'où vient cette idée selon laquelle une parodie de solution à la question israélo-palestinienne serait utile aux Saoudiens, aux Jordaniens et aux Égyptiens ? Jusqu'à présent, les échecs innombrables ne leur ont profité en rien. Dès lors pourquoi cet accord-ci permettrait-il d'adoucir les antisionistes du Moyen-Orient ? À moins de réussir, ce plan est sans valeur.
Et ce plan n'a aucune chance de réussir étant donné que, comme tous les plans de paix, il présuppose que les Palestiniens ne seront prêts à vivre en paix avec Israël qu'à condition de recevoir un nombre suffisant d'avantages. Or, les 25 ans d'existence des Accords d'Oslo nous montrent le contraire. La grande majorité des Palestiniens, que j'estime à un nombre constant de 80 %, veut la disparition de l'État juif et est prête à payer le prix fort sur le plan personnel pour voir ce vœu se réaliser. Tant que ce fantasme palestinien ne sera pas éliminé pour de bon, tous les efforts diplomatiques seront vains. C'est pourquoi il est temps d'abandonner tous ces « plans de paix » pour travailler en lieu et place à la victoire d'Israël et à la défaite des Palestiniens de sorte que les deux parties puissent progresser, loin des hostilités surannées, tragiques et destructrices du siècle passé.